Blé dur : quelle est la tolérance des variétés aux mosaïques ?
Les mosaïques sur céréales sont des maladies virales transmises aux plantes par Polymyxa graminis, un micro-organisme du sol capable de coloniser leurs systèmes racinaires. Leur nuisibilité peut être très élevée.
Les mosaïques : qu’est-ce que c’est ?
La colonisation par Polymyxa graminis est particulièrement importante lors d’automnes et d’hivers doux car le parasite peut réaliser de nombreux cycles de contamination et diffuser de grandes quantités de virus. Les symptômes sont aggravés lorsqu’une période de froid (gel) survient et favorise le transfert des virus des racines vers les feuilles.
Parmi les virus transmis par Polymyxa graminis, ceux rencontrés le plus fréquemment en France sont
- Le virus de la mosaïque des céréales (SBCMV ou VMC), principalement présent dans les limons battants et hydromorphes. Les dégâts peuvent être importants sur blé dur (comme sur blé tendre et modérés sur triticale et nuls sur seigle). Aucune des variétés de blé dur couramment cultivées et bien adaptées aux productions régionales n’est résistante.
- Le virus de la mosaïque des stries en fuseau du blé (WSSMV ou VSFB) : le blé dur est très sensible à ce virus qui se développe dans tous les types de sol. Le retour fréquent du blé dur semble le principal facteur explicatif de l’apparition de cette maladie. On le retrouve parfois associé au SBCMV, notamment dans les sols de limons ou argilo-calcaires.
Parcelle de blé dur en Beauce, touchée par le virus de la mosaïque des stries en fuseau du blé
Répartition régionale et incidence
Les mosaïques sont des virus très préjudiciables pour la culture du blé dur. Or, une parcelle contaminée l’est pour de nombreuses années, rendant très risqué d’y implanter du blé dur. La mosaïque des stries en fuseau (WSSMV) est présente dans les quatre bassins de production du blé dur français. Les plus touchés ont d’ailleurs vu leurs surfaces historiques baisser, parfois drastiquement.
Par ailleurs, le froid favorise l’expression de la maladie, ce qui se traduit par des dégâts plus régulièrement importants dans le bassin de production du Centre – Île-de-France, et même dans celui de l’Ouest-Océan.
L’une des seules solutions pour réduire les risques de contamination consiste à retarder les semis. De fait, les semis tardifs sont moins touchés par les mosaïques. Les semis de printemps ne sont quant à eux pas affectés.
Quelle(s) variété(s) choisir ?
A ce jour, aucune variété cultivée en France, productive et adaptée aux différents contextes régionaux, n’est résistante aux mosaïques. Il existe cependant un classement de sensibilité des variétés au VSFB.
Attention, les faibles sensibilités des variétés ne constituent pas une véritable résistance à la mosaïque des stries en fuseaux : on parle de tolérance partielle. Dans des situations à forte pression ou en présence de mosaïques des céréales, ces variétés pourront présenter des symptômes relativement importants.
Figure 1 : Classement des variétés vis-à-vis des symptômes de mosaïques – en écart à la moyenne (%) – synthèse 2000-2024
Prospectives génétiques
Les mécanismes de tolérance ne sont aujourd’hui pas connus, mais semblent différents de ceux du blé tendre.
Soldur, seule variété inscrite résistante au WSSMV, virus le plus répandu dans les zones de production du blé dur, est utilisée comme source de résistance dans des schémas de sélection. En effet, sa qualité et son niveau de rendement ne permettent pas de la cultiver en France.
Pour répondre à la problématique des mosaïques, plusieurs projets de recherche terminés, en cours ou à venir, portent sur cette thématique : aussi bien pour identifier des lignées de blé dur porteuses d’un gène de résistance ou de tolérance, qui soit d’intérêt pour la sélection variétale, que pour mieux appréhender la biologie des micro-organismes vecteurs de ces mosaïques.
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