Blé tendre - Résistance variétale : un levier majeur de lutte contre les maladies
La connaissance des notes de résistances aux maladies et leur actualisation, justifiée par des effets de contournement et d’érosion, permet d’ajuster la protection de la culture à partir de la prévision des risques en cours de campagne.
Les maladies foliaires du blé tendre peuvent engendrer des pertes de rendement importantes. Certaines d’entre elles sont productrices de toxines (Fusarium graminearum) et dégradent la qualité sanitaire de la récolte.
Dans un contexte de réduction de l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, la résistance génétique aux bio-agresseurs est un levier majeur de lutte contre les maladies fongiques.
Les variétés, adaptées à une zone donnée, cumulant l’ensemble des résistances sont plutôt rares, voire inexistantes.
La hiérarchisation et la quantification des risques phytosanitaires liés à la parcelle sont donc un préalable au choix des variétés à implanter. Il s’agit de déterminer celles qui satisfont des notes seuil de résistance pour les maladies à plus gros risque (piétin verse, oïdium, rouille jaune), ou en vue d’alléger la protection prévisionnelle (septoriose, rouille brune). Les autres caractéristiques font alors l’objet de compromis.
Les risques de maladies pour une parcelle donnée peuvent être appréciés
à l’aide de grilles de risques ou de modèles.
Dans le cas du piétin verse, l’estimation du risque est largement déterminée par le potentiel infectieux, le milieu physique et la date de semis de la parcelle.
Les variétés les plus résistantes au piétin verse (note ≥ 5) possèdent aujourd’hui quasiment toutes le gène de résistance Pch1. À ce jour, aucun signe de contournement de ce gène n’a été rapporté en France.
Des variétés résistantes pour limiter les traitements
En cours de campagne, la connaissance des notes de résistance contribue au pilotage de la protection. Pour une variété sensible ou moyennement sensible (note ≤ 4), l’ajustement de la décision de traitement se fera par l’observation, associée à des grilles de risques nationales ou régionales, en prenant en compte les caractéristiques et la conduite de culture de la parcelle, le climat et le niveau de sensibilité des variétés. Ainsi, une variété avec une note de résistance ≥ 7, évite généralement l’application d’un anti-oïdium spécifique dans le programme fongicide.
La rouille jaune ne concerne généralement que les régions du nord de la Loire, et plus particulièrement les zones littorales Ouest et Nord, bien que les épidémies de 2012, puis de 2014 aient concerné des zones géographiques plus vastes. Cette intensification des dégâts foliaires coïncide avec l’émergence dans toute l’Europe d’une nouvelle race de rouille jaune, appelée « Warrior ». Elle cumule un nombre élevé de virulences.
Dans ce contexte, il est recommandé d’être prudent dans les années à venir en évitant les variétés sensibles (notes ≤ 4) quelle que soit la région de culture. Les variétés les plus résistantes (notes 8 et 9) ne présentent généralement pas de symptôme, tout au plus quelques stries. Elles ne justifient pas de traitement contre la maladie.
Réduire la nuisibilité globale des maladies
Le risque de nuisibilité globale, lié aux principales maladies foliaires (septoriose et rouille brune), hors risques spécifiques (rouille jaune, piétin verse ou fusariose sur épis), peut être apprécié en fonction de la région et de la sensibilité variétale.
L’analyse des pertes de rendement mesurées sur les essais variétés de 2008 à 2014, hors effet rouille jaune, révèle un effet variété très significatif, s’échelonnant de 10 q/ha pour les plus résistantes à plus de 25 q/ha pour les plus sensibles (figure 1).
Figure 1 : Echelle de nuisibilité moyenne des maladies mesurée par variété sur les essais Nord
France de 2008 à 2014, hors effet rouille jaune
La prise en compte des nuisibilités des maladies, à ajuster à la région et à la parcelle, permet de calculer une dépense fongicide optimale a priori. Le choix d’une variété peu sensible, à 15 q/ha de nuisibilité, économise près de 30 euros de charges de fongicides par rapport à une variété sensible, à 25 q/ha de nuisibilité moyenne.
En cours de campagne, le bulletin de santé du végétal (BSV), les modèles agro-climatiques de prévision, comme « TOP » pour le piétin verse ou « Septo-LIS® » pour la septoriose, associés à l’observation des parcelles, sont des outils essentiels pour adapter le programme de traitement fongicide, en tenant compte des sensibilités variétales.
Les essais variétés de post-inscription, conduits de 1997 à 2012 dans une grande diversité de contextes pédoclimatiques en fertilisation raisonnée, montrent que les variétés représentent 14 à 20 % des effets sur le taux de protéines (8 à 15 % sur les rendements) alors que 60 % sont liés aux lieux et aux années (70 % pour les rendements).
Les différences observées entre les variétés s’expliquent d’une part, par les écarts de potentiel de rendement, avec un effet de dilution des protéines, et d’autre part, par les capacités différentes à absorber de l’azote après la floraison et à remobiliser, vers les grains, l’azote absorbé dans les tiges, les feuilles et les racines.
Les variétés présentant une meilleure aptitude à concentrer des protéines (à rendement égal) sont valorisées par des bonus lors de leur inscription au catalogue français.
Surveiller l’évolution des résistances
Des efforts importants de sélection sont réalisés depuis plus d’une vingtaine d’années en vue de la mise en marché de variétés de plus en plus résistantes. Cependant, la forte pression de sélection, provenant de la culture à grande échelle de variétés résistantes, induit l’émergence régulière de nouvelles souches plus virulentes, comme dans le cas des rouilles. Les niveaux de résistances des variétés doivent donc être surveillés et être régulièrement mis à jour.
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