Synthèse pluriannuelle - Culture intermédiaire entre deux blés : les bénéfices à en attendre
Même en interculture courte, une culture intermédiaire peut stimuler le rendement du blé qui suit, comme le montre l’analyse de 23 essais conduits entre 1975 et 2016.
Les premiers essais sur les couverts entre deux blés ont débuté au milieu des années 1970, puis ont repris depuis 2000. Dans les années 1990, c’est l’interculture entre pois de printemps et blé qui a été étudiée. Au total, 23 essais (dont 4 de longue durée) ont mesuré l’impact de cultures intermédiaires avant un blé.
Les couverts étaient globalement peu développés, surtout après un blé : 1,1 tonne de matière sèche (MS) par hectare pour 36 kg d’azote absorbé par hectare en moyenne, contre 2,2 t MS/ha et 52 kg N/ha après un pois.
Les espèces étudiées étaient principalement des crucifères (moutardes blanches ou brunes, radis fourrager), parfois des graminées (avoine, seigle et dactyle) ou des légumineuses, seules ou associées. La fertilisation du blé était la même avec ou sans couvert, et souvent raisonnée, plus rarement sous-dosée ou absente. Le travail du sol était très variable : labour, travail superficiel ou semis direct, selon les essais. Ces derniers ont comparé le rendement du blé après ou en l’absence d’un couvert, toutes choses étant égales par ailleurs.
C’est l’espèce de couvert qui a le plus d’impact
Les 101 comparaisons effectuées pour des couverts entre pois et blé montrent que le rendement moyen du blé derrière le couvert, toutes situations confondues, est de 102,9 % du rendement moyen des témoins sans couvert. L’effet sur la teneur en protéines est quasiment nul (100,4 % de la teneur « témoin »).
Les sols de craie ont mieux répondu, avec un gain de rendement plus élevé (104,6 %) que les autres types de sol (102,6 %).
Les effets sont assez proches entre semis direct du blé (100,8 %) et semis après labour (102 %).
En revanche, c’est l’espèce du couvert qui a le plus d’impact sur le rendement du blé. Les graminées ne sont pas systématiquement dépressives sur le blé, avec un rendement moyen de 101,1 % des témoins (figure 1). Les crucifères sont un peu plus favorables (102,9 %) et les légumineuses, seules ou associées à des non légumineuses, le sont encore un peu plus (105,9 %). Cet effet positif des légumineuses avant blé est à rapprocher des effets obtenus avec des couverts dits permanents.
Figure 1 : Répartition des rendements obtenus en blé tendre après des couverts, en pourcentage de ceux obtenus sans couvert, selon l’espèce choisie pendant l’interculture pois de printemps – blé tendre d’hiver
Des résultats très aléatoires contre le piétin échaudage entre deux blés
Dans le cas d’une interculture entre deux blés, 86 comparaisons ont été effectuées entre 1975 et 2016, principalement pour des couverts de crucifères. On observe un gain de rendement moyen de 102,7 % par rapport aux témoins. Les essais ne permettent pas de distinguer les crucifères entre elles.
En tendance, les plus forts gains de rendement sont observés quand l’indice de piétin échaudage est le plus faible, avec toutefois une forte variabilité des résultats (liée à la variabilité naturelle des attaques de la maladie et aux sites d’expérimentation). A Aulnay-aux-planches (51), des gains de rendement d’environ 5 % ont été observés les années où le piétin échaudage avait le plus pénalisé le blé après un blé, par rapport à un blé de betteraves (figure 2). Cependant, des travaux assez récents conduits par ARVALIS dans l’ouest de la France ont montré que d’autres pratiques que les couverts avaient bien plus d’effet sur le piétin échaudage (en particulier le décalage de la date de semis du blé et le traitement de semences Latitude).
Figure 2 : Rendements du blé selon le précédent et la présence ou non de couvert d’interculture, en pourcentage du rendement du blé assolé (blé après betterave)
Essai d’Aulnay-aux-Planches (51) en sol de craie. Le couvert était de la moutarde blanche.
Des perspectives de gains de marge si les charges sont maîtrisées
On peut retenir que les couverts apportent un bénéfice sur le blé qui suit. Les gains de rendement observés (2,5 à 3 % derrière des crucifères, et 5,9 % derrière des légumineuses seules ou associées) laissent des perspectives de gain de marge si les charges sont maîtrisées. L’interculture courte avant une céréale d’hiver n’est pas toujours un obstacle si le couvert est semé très vite après la moisson de précédents récoltés tôt (pois d’hiver ou de printemps, orge d’hiver, colza d’hiver…), car ces semis précoces bénéficieront des chaleurs estivales.
Six essais récents ont mesuré l’impact de diverses pratiques sur le rendement d’un blé sur blé et l’attaque de piétin échaudage. Des pratiques très diverses ont été évaluées : date de semis, traitement de semences, fertilisation, couverture des sols, gestion des pailles… (figure 3). Les gains comme les pertes atteignent 7 à 8 q/ha en moyenne.
Le couvert de moutarde brune, mis en œuvre dans trois essais, a apporté un gain moyen de 0,5 q/ha. C’est très faible au regard d’autres leviers tel que le retard de la date de semis et le traitement de semences Latitude, qui peuvent en outre se cumuler. Parmi les pratiques favorisant les attaques de piétin échaudage, on peut citer le chaulage et, dans une moindre mesure, la présence de repousses de blé pendant l’interculture et la restitution de pailles. Il existe donc des leviers pour limiter cette maladie là où elle donne lieu à des attaques sévères, comme dans l’ouest de la France.
Figure 3 : Hiérarchie de l’impact de différents facteurs sur le développement du piétin-échaudage
Synthèse de 6 essais ARVALIS dans le réseau Ouest (44, 85, 56), récoltés en 2015, 2016 et 2017.
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