Retours d’enquête - Pratiques de lutte contre les dégâts de sangliers : pas de solution miracle !
Plus de 800 agriculteurs ont répondu à l’enquête initiée par ARVALIS, l’AGPM et la FNPSMS. L’objectif était de recenser les pratiques mises en œuvre pour limiter les dégâts de sangliers.
Les réponses viennent de toute la France, avec une représentation plus forte du Sud-Ouest, de la Bourgogne et de l’Alsace (figure 1).
Figure 1 : Répartition territoriale des agriculteurs ayant répondu à l’enquête
Le maïs particulièrement sinistré
D’après les personnes ayant répondu à l’enquête (représentant au total 70 000 ha), près de 30 % des surfaces cultivées (toutes cultures confondues) sont concernées par des dégâts de sangliers en 2019, dont 4 % ont été complètement détruites.
Le maïs est la principale culture concernée par les dégâts de sangliers, quelle que soit la production (grain, fourrage, semence, maïs doux ou pop corn). De nombreuses réponses font également état de dégâts sur blé tendre, colza et orge d’hiver (figure 2). Les autres cultures ne sont pas indemnes, mais les dégâts semblent moins significatifs.
En parcelle de maïs, les dégâts sont occasionnés au cours de deux périodes distinctes dans des proportions comparables : entre le semis et la levée (voire au cours de la levée), puis entre la floraison et le stade maturité fourrage ou grain. En cas d’attaque perpétrée au stade précoce de la culture, les personnes enquêtées ne voient pas de relation entre l’attaque de sangliers et la précocité du semis de la parcelle attaquée par rapport aux parcelles environnantes.
Figure 2 : Les cultures les plus concernées par des dégâts de sangliers en 2019
Des moyens de lutte très variés
Deux-tiers des personnes ayant répondu à l’enquête mettent en place une ou plusieurs méthodes de protection pour la culture de maïs.
Près d’un agriculteur sur six applique un produit sur les semences, dont majoritairement avec un produit de la gamme PNF ou avec du piment. Parmi les utilisateurs d’un produit PNF, près d’un agriculteur sur deux juge l’efficacité à un niveau moyen à bon, et bon nombre signale des problèmes de sélectivité. L’utilisation de piment semble un peu plus satisfaisante avec près de trois-quarts des agriculteurs jugeant cette solution comme moyenne à bonne.
Moins de 10 % des réponses font état d’une application d’un produit en bordure de la parcelle ou sur des passages de sangliers. Le seul produit qui était encore homologué en 2019 pour protéger les cultures contre les dégâts de sangliers, Stop Sangliers Plus, est très peu utilisé par les personnes ayant répondu à l’enquête (ce produit ne sera bientôt plus autorisé).
Les agriculteurs répandent plus fréquemment des cheveux ou du parfum. Les utilisateurs de ces techniques sont cependant relativement peu représentés dans l’enquête et leurs avis sont très partagés.
La clôture électrique, le levier le plus utilisé
En fait, la grande majorité des agriculteurs ayant répondu à l’enquête met en place une barrière physique pour protéger la culture. Il s’agit le plus souvent d’une clôture électrique. La régulation des populations est également mise en œuvre dans près d’un cas sur deux. Enfin, les agriculteurs mettent également en place l’effarouchement ou l’agrainage, et ceci souvent en complément d’autres actions de lutte.
Des efficacités toutes relatives
Quelle que soit la méthode de lutte choisie, le niveau d’efficacité est assez proche : les attaques de sangliers diminuent dans seulement un cas sur trois, et ces techniques font autant d’utilisateurs satisfaits que d’insatisfaits (figure 3).
Si les avis divergent pour une même méthode de protection, les retours d’expérience sont néanmoins instructifs. Par exemple, les personnes satisfaites par les clôtures mentionnent le fait de devoir y consacrer beaucoup de moyens et de temps pour assurer leur bon fonctionnement. A noter que l’efficacité des clôtures semble décroître dans le temps ou dans le cas d’une augmentation des parcelles protégées par ce moyen à proximité.
Pour les produits appliqués sur semences, beaucoup d’utilisateurs mettent en garde sur les problèmes constatés lors du semis (problème de fluence) ou au cours de la levée (problème de sélectivité). D’autres sujets de controverse sont évoqués, comme l’éventuelle influence du travail du sol de la parcelle (semis direct, agriculture de conservation, etc.) ou de la sensibilité des variétés de maïs. Mais il s’agit plus de questions ouvertes que d’avis conclusifs.
Finalement, la question des moyens de lutte contre les dégâts de sangliers fait réagir de nombreux agriculteurs, ce qui confirme l’ampleur du problème. Face à la recrudescence des dommages, les agriculteurs mettent souvent en œuvre plusieurs leviers dont l’efficacité fait débat. Aucune solution, ou combinaison de solutions, ne s’avère unanimement satisfaisante.
Figure 3 : Méthodes de lutte contre les sangliers mises en œuvre par les agriculteurs enquêtés et leurs niveaux de satisfaction
Vers la mise en place d’expérimentations dédiées
Cette enquête a permis de recueillir des techniques de lutte et une description des conditions de leur mise en œuvre. Un large travail d’expérimentation reste à faire pour évaluer la pertinence des propositions qui semblent les plus réalistes. Une chose semble certaine, les situations favorables aux attaques, et donc aux expérimentations, semblent malheureusement nombreuses…
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