Interculture : réguler les limaces par le travail du sol
La combinaison des moyens agronomiques et de la lutte chimique sur plusieurs campagnes constitue la meilleure option pour limiter les risques et réduir sensiblement les populations de limaces.
Pour limiter les dégâts liés aux attaques de limaces, il faut perturber leur milieu de vie et entraver leurs déplacements par la répétition de passages d’outils de travail du sol au cours de certaines périodes clés. Quatre facteurs apparaissent prédominants : les conditions climatiques, la disponibilité en refuges, la présence de nourriture et, dans une mesure qui reste à évaluer, la présence d’ennemis naturels.
Intervenir lors de l’interculture
C’est pendant l’interculture, période privilégiée pour limiter la reproduction et le développement des populations, que tout doit être mis en oeuvre pour combattre les limaces. Leur faible longévité est compensée par un taux de reproduction élevé. Les oeufs sont pondus dans les dix premiers centimètres de sol, invisibles dans les cultures. Pour se développer, les limaces ont besoin d’un milieu de vie stable : nourriture disponible et accessible compte tenu de leur faible capacité à se déplacer. Si elles en ont le choix, elles s’attaquent aux cultures les plus appétentes (colza, tournesol, céréales, maïs, pomme de terre et cultures fourragères). Pour empêcher les limaces de causer davantage de dégâts, il faut perturber leur milieu de vie (retirer la nourriture, assécher et émietter le biotope pour le rendre défavorable), entraver leur déplacement, limiter leur activité et la reproduction et les éliminer par le travail du sol.
Efficacité du déchaumage
Le déchaumage est un bon moyen de lutte : une structure du sol affinée, des repousses détruites, une humidité de surface réduite, des blessures infligées aux limaces, une proportion non négligeable d’oeufs mis en surface et sensibles à la sécheresse.
En cas de déchaumage unique, il doit intervenir le plus tôt possible, dès la moisson. Le plus efficace reste la multiplication des déchaumages. L’expérimentation conduite en 2001 par le lycée agricole de Bar-le-Duc (55), en collaboration avec ARVALIS - Institut du végétal, illustre bien l’impact du déchaumage sur la population de limaces avec un écart de près de 60 limaces/m² entre les modalités avec ou sans travail du sol (figure 1).
Figure 1 : Impact du travail du sol sur les limaces grises.
Structure du sol : un impact direct sur l’activité des limaces
Le labour a des effets variables selon sa date et la structure du sol obtenue. Il peut perturber temporairement les limaces et différer les attaques. Par enfouissement, le labour freine le nombre de limaces en surface, ce qui retarde leur action. La remontée des limaces est très variable selon la structure du sol et le climat, elle peut s’étaler de 10 à 45 jours.
Ainsi, le labour peut défavoriser les limaces en sol limoneux (labour émietté réalisé juste avant le semis). Mais il peut aussi les favoriser en sol argileux ou argilo-calcaire en leur offrant des refuges accessibles (en cas de labour motteux réalisé d’avance). Il convient donc de bien prendre en compte l’effet de la technique d’implantation sur la structure du sol obtenue.
Le roulage retarde aussi les attaques. Entre le semis et la levée, lorsqu’il est possible, le roulage a une bonne action temporaire particulièrement sur les sols motteux et creux car il joue sur la porosité et la structure du sol par tassement. Les limaces sont incapables de creuser le sol et ne se déplacent que grâce aux interstices. Leur déplacement est donc rendu plus difficile et cela limite temporairement les attaques après le semis.
Des cultures et des modes de production plus sensibles
Des essais menés au laboratoire et au champ par ARVALIS - Institut du végétal ont mis en évidence des différences de consommation des plantes par les limaces et ont permis de classer les espèces végétales selon leur appétence. Colza et seigle sont les plus appréciés des limaces. Moutarde, radis et vesce se trouvent en bas de classement. Mais il s’agit d’une tendance : un couvert appétent ne va pas forcement faire augmenter les populations de limaces.
Des modifications de conditions de milieu peuvent avoir des conséquences sur des attaques de limaces. Plusieurs cas révèlent que des résidus végétaux en surface, couplés à une réduction du travail du sol (semis direct sous couvert), ont entrainé une augmentation des attaques de limaces au printemps suivant. En maintenant humidité et ressource alimentaire, la couverture végétale favorise les populations de limaces et empêche la destruction mécanique des oeufs et des jeunes limaces. En situation à risque (population importante de limaces, culture très sensible…), le couvert doit être détruit suffisamment tôt et travaillé superficiellement au printemps.
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