Graminées des céréales : le désherbage d’automne, une étape incontournable
Face à la dérive d’efficacité des applications de sortie d’hiver, le désherbage d’automne répond aux difficultés de maîtrise des graminées en céréales à paille.
La situation devient délicate dans les céréales à paille. Le contrôle des graminées s’avère de plus en plus souvent très difficile voire impossible pour plusieurs raisons : montée des résistances, simplification du travail du sol, etc.
Les résultats d’essais montrent sans ambiguïté que les résistances aux inhibiteurs de l’ALS se généralisent. D’année en année, les résultats en sortie d’hiver s’amoindrissent sur le vulpin et sur le ray-grass (figure 1). Une stratégie de désherbage basée sur la seule sortie d’hiver devient aléatoire, voire franchement risquée. Le mauvais contrôle des graminées engendre le re-salissement des parcelles via un stock semencier en constante augmentation. Il faut s'appuyer en tout premier lieu sur les leviers agronomiques tels que le labour, les faux-semis et la rotation, puis adapter les pratiques chimiques. Une synthèse d’essais récoltés montre bien l’impact de la date de désherbage (ou de non désherbage) sur le rendement en blé (figure 2).
Figure 1 : Evolution des efficacités des applications d’inhibiteurs de l’ALS en sortie d’hiver sur ray-grass depuis 2002 (49 essais)
Attention, les produits ont pu évoluer depuis 2002. 2002 à 2010 : Archipel à 0,25 kg + huile 1 l. 2012 et 2013 : Formulation OD de l’Archipel 1 l + huile 1 l + Actimum 1 l. 2014 : Archipel à 0,25 kg + huile 1 l + Actimum 1 l.
Figure 2 : Rendements (en % de la valeur max de l’essai) des parcelles de blé, en fonction de la date de désherbage, avec des applications solos.
Chaque point correspond à une date de désherbage et un rendement associé (60 essais).
Privilégier le désherbage précoce
Il est donc urgent de réinvestir sur des passages d’automne, autant pour maintenir les parcelles propres que pour limiter les pertes de rendement liées à la concurrence des graminées. Ces pertes sont d’environ 10 % pour une application de sortie d’hiver par rapport à une application d’automne efficace. Sur un potentiel de 70 q/ha, cela représente tout de même 7 q/ha perdus, ou invisibles au final, du fait de la concurrence précoce des adventices. Il convient donc d’insister à nouveau sur le désherbage précoce avec une application d’automne. Au regard des trois campagnes d’essais 2011, 2012 et 2013, l’excellence technique contre les graminées ne s’atteint qu’avec des programmes (automne PUIS sortie d’hiver) ou bien des applications d’automne, en un ou deux passages (figure 3).
Les modalités les plus efficaces sont les plus onéreuses. L’investissement « pivot » se situe aux environs de 80 €/ha et les applications de sortie d’hiver seules ne suffisent plus à garantir l’objectif de 100 % d’efficacité.
Figure 3 : Relation entre le coût du désherbage et son efficacité, en fonction de la période d’intervention
Dans les essais ARVALIS Institut du végétal de 2011 à 2013 (30 essais sur le ray-grass et le vulpin). Chaque point correspond à la moyenne des efficacités d’une même modalité étudiée dans différents essais sur une campagne.
Rechercher l’efficacité maximum
Autre constat, le coût du désherbage devient important avec des niveaux de 90 à 100 €/ha, pour une efficacité maximale. Ce renchérissement est rendu indispensable par les difficultés de contrôle des populations de graminées. Si certains se demandent s’il est nécessaire de viser à tout prix 100 % d’efficacité, la réponse est « oui, sans conteste ». Car le gain de rendement, par rapport à une situation non désherbée ou mal désherbée, est d’autant plus important que l’efficacité finale est importante (figure 4). La comparaison de l’efficacité finale obtenue par le désherbage avec l’écart de rendement au témoin non désherbé montre qu’un point d’efficacité supplémentaire correspond à un gain de 0,25 q/ha. Bien entendu, les variations sont importantes en fonction des essais (type de milieu) et de l’infestation en graminées.
Par ailleurs, concernant la gestion des résistances, il est essentiel de viser 100 % d’efficacité afin d’éviter la sélection de populations à problème, en particulier les populations résistantes métaboliques (détoxication), beaucoup plus problématiques que celles présentant des résistances liées à la cible.
Figure 4 : Ecart de rendement au témoin en fonction de l’efficacité du désherbage
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