Taches physiologiques sur céréales : pas d’inquiétude à avoir !
Des taches sont actuellement observées sur les feuilles des céréales. Pas de quoi s’alarmer, puisqu’elles sont d’origine physiologique, et non fongique, sans conséquences pour les rendements. En cause ? les fortes amplitudes thermiques et l’absence de pluies depuis trois semaines environ, amenant du stress aux cultures. Voici quelques clés pour faire le bon diagnostic.
Comment savoir s’il s’agit de symptômes physiologiques ou de maladies ?
Etape 1 : prendre un échantillon et regarder les étages foliaires touchés. Les maladies expriment un gradient du bas vers le haut. C’est l’inverse pour les taches physiologiques.
En effet, lors de stress climatiques, ce sont les feuilles les plus exposées qui sont davantage touchées (F2 ou F1) : il s'agit donc automatiquement de celles du haut. Il peut aussi arriver que la dernière feuille soit indemne, et que la feuille du dessous soit touchée : dans ce cas, cela signifie que la dernière feuille n’était pas sortie au moment du stress climatique.
Concernant les maladies, seules les feuilles présentes au moment des contaminations peuvent être touchées. Ainsi, les dernières pluies contaminatrices remontent à début avril et n’ont pas pu contaminer les feuilles récemment sorties.
Figure 1 : Répartition des symptômes selon la cause
Etape 2 : si des doutes subsistent, il est opportun de réaliser le test de la chambre humide (figure 2). Dans une bouteille d’eau vide, placer des feuilles sur lesquelles sont observées des taches. Disposer ensuite cette bouteille à température ambiante (proche de 20-25°C) : cela permet d’accélérer l’incubation (chaleur + humidité) en cas de maladie et de pouvoir observer les organes de fructification le cas échéant.
Figure 2 : Principe de la chambre humide
Etape 3 : observer les feuilles après 24 h de chambre humide (voir encadré).
Cas 1 : septoriose à la loupe après chambre humide de 24 h -> les points noirs correspondent aux pycnides desquels sortent des cirrhes blanches : cela permet de valider le diagnostic septoriose.
Cas 2 : après chambre humide 24 h, absence de pycnides et de cirrhes, on visualise uniquement des fructifications sous la forme de poils noirs : il s'agit de champignons secondaires.
Après diagnostic : les symptômes observés cette année sur les feuilles des céréales (étages supérieurs) correspondent à des réactions physiologiques aux stress climatiques et ne sont pas des maladies.
Les enseignements de la campagne 2020-2021 : pas d’impact sur le rendement
L’essai variétés de 2020/2021 à Saint-Pierre (51) présentait une forte variabilité dans l’expression des taches physiologiques : à titre d’exemple, les variétés Chevignon et KWS Extase étaient davantage touchées par ces symptômes physiologiques et se sont situées parmi les meilleurs rendements de l’essai.
La figure 3 présente les résultats de rendement croisés avec la note « taches physiologiques » établie en avril 2021 : aucune corrélation ne ressort, la présence des taches physiologiques n’impacte pas le rendement final.
Figure 3 : Relation entre les notes de taches physiologiques et le rendement – essai variétés ARVALIS 2020/2021 dans la Marne
Observations sur l’essai 2022 : plus ou moins de taches physiologiques selon les variétés
Comme chaque année, les variétés ont des réactions plus ou moins fortes au niveau des taches physiologiques, qui peuvent d’ailleurs prendre des formes différentes : de légères décolorations au jaunissement des feuilles, en passant par une abondance de taches de type helminthosporiose.
Une notation a été réalisée le 27 avril sur l’essai variétés de Cuperly (51) (figures 4 et 5).
Figure 4 : Notation des taches physiologiques au 27 avril 2022 sur l’essai variétés (51)
Figure 5 : Symptômes de taches physiologique liées au climat
(source : ARVALIS)
Les taches physiologiques, la septoriose et l’helminthosporiose du blé peuvent facilement être confondues.
La septoriose (principalement Zymoseptoria tritici) provoque des symptômes très variés : nécroses foliaires de différentes formes (ovales, rectangulaires…), de différentes couleurs (brunes, marron, blanches…) visibles sur les deux faces de la feuille. Les pycnides (points noirs) au sein des taches sont discrets au début, et de plus en plus visibles avec le vieillissement de la maladie → exemple du cas n°1 après passage en chambre humide.
Observation de symptômes de septoriose du blé (Zympseptoria tritici) sur feuilles (gauche) et à la loupe après passage en chambre humide (droite) (Source : ARVALIS)
L’helminthosporiose sur blé est une maladie très rare, inféodée à la parcelle (contamination par le biais des pailles), plus fréquente en blé sur blé, présentant des taches plutôt ovoïdes, entourées d’un halo chlorotique. Elles s'étendent avec des formes irrégulières, parfois losangiques. Le centre de la tache présente un point foncé, correspondant au point d'infection. Après passage en chambre humide, des « poils isolés » foncés (conidiospores) sont observés. Cette maladie étant rare, en cas de présence généralisée au sein d’un territoire, cela apporte un argument supplémentaire pour orienter le diagnostic vers la cause physiologique.
Observation de symptômes d'helminthosporiose du blé sur les feuilles (gauche) et à la loupe après passage en chambre humide (droite) Source : ARVALIS
Les taches « physio-climatiques » sont des réactions de la plante au climat et peuvent prendre différents aspects (jaunissement, nécrose…), très proches des symptômes liés aux maladies. Après passage en chambre humide, aucun organe de fructification n’apparaît.
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