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Poitou-Charentes

Taches brunes sur orges d’hiver : distinguer réaction physiologique ou helminthosporiose

Comme souvent dans la région, les orges d’hiver sont déjà touchées par des symptômes précoces de rouille naine. Certaines variétés présentent des petites taches nécrosées très foncées, typiques des réactions d’hypersensibilité, signe de défense vis-à-vis d’un pathogène. Ces nécroses servent ainsi à l’isoler et donc à empêcher son développement. Mais attention, il est nécessaire de ne pas confondre ces taches brunes avec de l’helminthosporiose.

Attaque de rouille naine sur feuille d’orges d’hiver en Poitou-Charentes en 2025

La rouille naine, une maladie facile à reconnaître sur orges

La rouille naine se caractérise par la présence de pustules de couleur jaune orangé réparties de manière aléatoire sur les feuilles. Les premières pustules sont isolées et entourées d’un halo jaune chlorotique. Les pustules sont majoritairement localisées sur la face supérieure des feuilles. En cas d’attaque précoce, les feuilles de la base sont les premières touchées. La répartition des symptômes est homogène dans la parcelle.

Des petites nécroses foncées comme des taches brunes !

Certaines variétés d’orges d’hiver peuvent mettre en place des mécanismes de résistance à la rouille naine, qui se traduisent par une réaction d’hypersensibilité (ce phénomène existe également pour la rouille brune ou l’oïdium). Cette réaction provoque :

  • Une apparition de petites nécroses très foncées qui traversent la feuille mais peu étendues sur le limbe, « taches brunes » ou « taches brunes sans halo chlorotique ».
  • Souvent un mélange de pustules de rouille naine et de ces petites nécroses d'hypersensibilité sur les feuilles : au sein de ces nécroses sont retrouvées des spores de rouille naine isolées, sans pustule.
  • Ensuite, les symptômes peuvent évoluer avec un halo jaune puis nécrotique toujours autour d’une pustule qui s’ouvre difficilement.

Il s’agit d’une réaction de défense des orges qui nécrosent leurs tissus pour isoler la rouille naine et empêcher ainsi la propagation du champignon en provoquant la mort locale des cellules infectées (voir photos).

Ne pas confondre avec l’helminthosporiose !

Ces réactions d’hypersensibilité de l’orge ne doivent pas être confondues avec de l’helminthosporiose. En effet, un polymorphisme, avec des symptômes intermédiaires, est fréquent pour l’helminthosporiose de l’orge et peut provoquer des confusions notamment avec le faciès de taches noires ovoïdes ou ponctiformes souvent qualifiées d’« helminthosporiose taches brunes ». En cas d’hésitation, passer les feuilles « suspectes » en « chambre humide » (un grand mot pour dire qu’une simple bouteille d’eau vide avec quelques gouttes restantes fait l’affaire !) pour faire sporuler le symptôme s’il est dû à un pathogène et/ou pour voir l’évolution de ces taches brunes.

Après 48 h, à la loupe de poche ou binoculaire, => si pas de mycélium caractéristique de l’helminthosporiose (pilosité abondante en Y = conidiophores ou petits poils grisâtres, mycélium duveteux gris), ni de sporulation de rouille = les symptômes sont dus à une réaction d’hypersensibilité de l’orge.

Illustration de l’hypersensibilité des orges à la rouille naine (= réaction d’autodéfense) C. Drillaud, ARVALIS.

Petites nécroses très foncées qui traversent la feuille
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Qui peuvent évoluer avec halo chlorotique…
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… Si forte évolution sénescence et présence aussi de pustules de rouille naine
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Pour aller plus loin
>> Compléter l’observation avec le Baromètre Maladies blé tendre
>> Retrouver toutes les préconisations de lutte contre les maladies des orges dans le guide régional Choisir & décider – Interventions de printemps 2025

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