Syppre Béarn : deux nouveaux systèmes au banc d’essai
Deux nouveaux systèmes de culture ont vu le jour sur la plateforme Syppre Béarn en 2020 : une monoculture de maïs semée à 40 cm d’écartement et une rotation maïs – blé – couvert de légumineuses. Retour sur les premiers résultats observés.
La plateforme Syppre Béarn, située à Sendets (64), entame en 2023 sa huitième campagne d’expérimentation. Depuis le début du projet en 2015, les performances techniques, environnementales et économiques de six systèmes de culture innovants sont comparées à une monoculture de maïs, via neuf indicateurs (tableau 1). Depuis 2020, deux nouveaux systèmes ont rejoint l’expérimentation par suite de l’arrêt des systèmes jugés non pertinents.
Il s’agit d’abord d’une monoculture de maïs semée à 40 cm d’écartement. L’objectif est ici d’évaluer, entre autres, l’effet d’un écartement réduit sur les adventices et le rendement du maïs.
Le deuxième système innovant est une rotation maïs – blé – couvert de trèfle incarnat + vesce commune restitué au sol. L’idée de cette rotation est de favoriser la fixation d’azote par le couvert de légumineuses afin de diminuer la fertilisation azotée minérale sur le maïs.
Tableau 1 : Critères de performance à l’étude sur les plateformes Syppre et objectifs recherchés dans les systèmes innovants
Des premiers résultats encourageants pour la monoculture de maïs semée à 40 cm
Le couvert implanté avant maïs est un mélange de féverole, de vesce et de phacélie. Il produit environ 1,6 t MS/ha. Le maïs qui suit est implanté en TCS ou en labour (en fonction de l’infestation en graminées observée l’année précédente).
La réduction de l’écartement de semis en maïs nécessite un équipement adapté. Afin de pouvoir passer un tracteur sans écraser trop de pieds, il est nécessaire de s’équiper de pneus étroits. L’enfouissement d’azote et le binage sont également impossibles avec les équipements adaptés à un écartement classique. Autre point, et non des moindres, le chantier de récolte peut être allongé s’il est réalisé avec des cueilleurs à 80 cm.
Avec un écartement de 40 cm, l’application de microgranulés insecticide se fait sur un linéaire à l’hectare qui est doublé, ce qui diminue de moitié la dose d’insecticide au pied des maïs. En conséquence, des attaques de taupins plus importantes ont été notées sur des maïs semés à 40 cm vs 80 cm.
Des attaques de taupins ont été observées sur le maïs à 40 cm d’écartement.
L’effet de la réduction de l’écartement de semis sur l’infestation en mauvaises herbes est toujours sujet à débat. Sur la plateforme Syppre Béarn, un effet positif sur les mauvaises herbes n’a pas pu être observé, sûrement contrebalancé par l’effet parapluie du maïs. En effet, la meilleure couverture de l’inter-rang peut empêcher les herbicides d’atteindre leur cible.
En termes de rendement, le gain le plus important par rapport au témoin a été observé en 2022 (année de sécheresse). En 2021, le rendement de la modalité à 40 cm d’écartement a été pénalisé par une forte concurrence avec des graminées non contrôlées par l’herbicide de rattrapage (effet parapluie du maïs).
Tableau 2 : Rendement et humidité du maïs pour des semis à 40 cm ou 80 cm d’écartement sur la plateforme Syppre Béarn
Quant aux résultats économiques, ils sont assez proches de la monoculture classique. Le produit brut et la marge nette sont un peu améliorés grâce au gain de rendement moyen sur les trois années d’essais (figure 1).
Figure 1 : Evaluation multicritères, avec l’outil Systerre, de deux systèmes de culture présents sur la plateforme Syppre Béarn (moyenne 2020-2022)
La ligne rouge représente l’objectif fixé pour chaque indicateur (tableau 1). Tous les points qui se trouvent à l’intérieur de l’aire rouge sont en-dessous de l’objectif, et vice versa.
Des résultats plus contrastés pour la rotation maïs – blé – couvert de légumineuses
De son côté, la rotation maïs – bé tendre – couvert de légumineuses a deux objectifs. D’une part, l’introduction d’une culture d’hiver permet de casser le cycle des adventices d’été par rapport à la monoculture. D’autre part, il s’agit de profiter de l’interculture longue pour cultiver un couvert de trèfle + vesce afin de réduire la fertilisation azotée sur le maïs suivant.
En moyenne sur trois années, le mélange de trèfle et de vesce implanté après le blé tendre a produit 3,2 t MS/ha. La croissance du couvert a souvent été stoppée en hiver par des gelées survenues après floraison de la vesce. En prenant en compte la minéralisation des résidus de culture du couvert, ainsi que l’azote supplémentaire disponible dans les reliquats, la dose d’azote apportée sur le maïs suivant a été réduite par rapport au témoin de 20 unités en 2021 et de 70 unités en 2022. Le tout sans perte de rendement.
En ce qui concerne la gestion des adventices, aucune amélioration n’a été observée à l’heure actuelle dans ce système par rapport au témoin.
Malgré les baisses de charges en intrants azotés, l’introduction du blé tendre d’hiver, culture moins rentable que le maïs dans le Béarn, grève le résultat économique (figure 2). En revanche, les émissions de gaz à effet de serre sont diminuées du fait de la moindre consommation d’azote.
Figure 2 : Evaluation multicritères, avec l’outil Systerre, de deux systèmes de culture présents sur la plateforme Syppre Béarn (moyenne 2020-2022)
La ligne rouge représente l’objectif fixé pour chaque indicateur (tableau 1). Tous les points qui se trouvent à l’intérieur de l’aire rouge sont en-dessous de l’objectif, et vice versa.
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