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Céréales à paille : évaluer la qualité germinative des semences de ferme

Pour obtenir un peuplement par hectare optimal, les semences certifiées répondent à des normes de qualité suffisantes. Il convient par contre d’être vigilant en cas d’utilisation de semences de ferme et d'évaluer leur faculté germinative.

Semence de ferme : évaluer la qualité germinative

Connaître la faculté germinative d’un lot de semences est indispensable pour établir avec précision la densité de grains à semer par m². 

Les semences certifiées répondent à un cahier des charges précis : leur seuil minimal de faculté germinative est fixé à 85 % pour les céréales à paille (80 % pour le triticale). En pratique, la faculté germinative des semences certifiées est très souvent supérieure à 90, voire 95 %. Nos préconisations de densité de semis se basent d'ailleurs sur ce dernier taux. En cas de seuil abaissé, l’étiquette bleue collée sur les sacs le mentionne. Les semences certifiées sont donc garantes de qualité. 

Pourquoi évaluer la faculté germinative des semences de ferme ?

Concernant les semences de ferme, mesurer leur faculté germinative est indispensable car elle peut être dégradée par plusieurs paramètres :

  • L’altération de l’embryon lors de la récolte : le battage peut engendrer la casse des grains, en particulier pour des grains fragiles comme le blé dur, mais aussi plus généralement lorsqu’ils sont récoltés trop secs ou avec un mauvais réglage de la moissonneuse-batteuse. Par ailleurs, un début de germination sur pied à la récolte ou lors du stockage va aboutir à une augmentation de la proportion de graines mortes ou de plantules anormales.
  • La présence de fusarioses : ses pathogènes sont à l'origine de la « fonte des semis ».
  • L’âge des graines : la faculté germinative décroît progressivement dans le temps, phénomène accentué par de mauvaises conditions de conservation (cas de semences de report). Par ailleurs, en cas de semences de report traitées, l’apport d’eau lors du traitement de semences augmente légèrement l’humidité des graines ; en cas d’excès, il peut conduire à un vieillissement prématuré.
  • Les conditions de conservation : l’humidité du lot et la température de stockage sont déterminantes. Un lot sec (teneur en eau de 12-13 %), conservé par exemple à 20°C, aura toutes ses chances de se conserver au moins un an. A l’inverse, un lot humide (> 15 % d’humidité) aura de fortes probabilités de perdre son potentiel de germination en quelques mois.
  • L’histoire de la plante porte-graine : les conditions de croissance de la plante (stress, nutrition) se répercutent sur la capacité ultérieure de la graine à germer correctement, sans que l’ensemble des mécanismes ne soit bien connu.
Utiliser des lots indemnes d’adventices et d’ergot

Certaines graines adventices se retrouvent dans les lots récoltés, en particulier le ray-grass. Il est donc important de s’assurer de ne pas resemer ces adventices. Le triage en une ou deux étapes est indispensable pour les lots les plus sales !

Il en est de même avec les sclérotes d’ergot. Si aucun tri efficace n’est possible, ne pas utiliser ce lot en semences. Le tri par table densimétrique, long et coûteux, est indispensable et reste de loin le plus efficace (plus de 95 % de réussite). En comparaison, un nettoyeur-séparateur classique ne permet qu’une réduction de l’ordre de 40 %.

A lire aussi : « Comment gérer l'ergot en grandes cultures ? »

Comment évaluer la faculté germinative d'un lot ?

La mesure de la faculté germinative est à réaliser à l’issue des opérations de tri et de traitement. Voici le protocole à suivre :

  • Semer les graines dans du sable ou sur du papier buvard humides. Pour info, les professionnels dans les stations de semences effectuent ce test sur des échantillons de 200 à 400 graines.

  • Mettre au froid (4-5°C) pendant 72 h, pour lever toute dormance résiduelle puis mettre à température ambiante (20°C) pendant une semaine.
  • Veiller à ce que les semences soient humidifiées tout au long de la période de test. Mais à l’inverse, attention à ce que les grains ne nagent pas.
  • Compter les plantules normales levées (émission de la première feuille) pour 100 graines (et non la totalité des grains germés).

Le pourcentage de plantes germées normales au bout d’une semaine correspond au taux de faculté germinative (FG). Attention, ce taux, obtenu en conditions optimales, donne le nombre maximum de grains germés. C'est un paramètre indicatif. Il ne donne pas directement le taux de levée à la parcelle car celle-ci pourra être fortement impactée par des conditions difficiles (temps sec ou froid, excès d’eau…).

Ce test peut également être confié à un laboratoire spécialisé qui effectuera les mesures dans des conditions strictement contrôlées.

Cette mesure peut dans l’idéale, être réalisée deux fois :

  • La première, un peu avant de passer le lot au triage afin de s’assurer de la qualité initiale du lot.
  • Une seconde, avant le semis, surtout si le temps de conservation après triage ou traitement est long.

Que faire en cas de semences à faible faculté germinative ?

Si la faculté germinative est inférieure à 80 %, le lot n’est pas utilisable pour faire des semences et il faut prévoir obligatoirement des semences certifiées.

Si après les opérations de tri et de traitement, les semences présentent une faculté germinative correcte mais inférieure à 95 %, il sera nécessaire d’ajuster la densité de semis de la façon suivante :

Par exemple : pour un lot de semences avec une faculté germinative de 80 % et une densité de semis préconisée de 220 grains/m², la dose de semis ajustée est égale à 220/(80/95), soit environ 260 grains/m².

Choisir un traitement de semences approprié

La semence de céréale peut abriter tout un cortège de pathogènes, comme la carie commune du blé, le charbon nu de l’orge ou des fusarioses responsables de la fonte des semis. Ces maladies ne peuvent être contrôlées que par le traitement de semences (aucun moyen de lutte en végétation). Les protections fongicides sur la semence sont relativement efficaces sur des lots initialement peu à moyennement contaminés.

En agriculture biologique ou dans les situations conventionnelles sans application de traitement de semences fongicide, un test carie est fortement recommandé.

Tableau 1 : Efficacité de la protection fongicide des semences selon la maladie
Tableau 5 : Efficacité de la protection fongicide des semences selon la maladie

A lire aussi : « Les traitements de semences, indispensables pour la protection contre la carie commune »

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