Récolte des céréales : bien régler la moissonneuse-batteuse pour préserver la qualité des grains
Lors de la moisson, l’objectif est de préserver le grain et de limiter le taux d’impuretés pour le stockage. Pour cela, il est important de faire les bons réglages sur la moissonneuse-batteuse.
En blé, les impuretés sont regroupées en quatre fractions :
- Grains brisés : fraction déterminante pour les différents débouchés car elle conditionne la qualité de l’amande, l’intégrité du grain et donc sa faculté germinative ;
- Impuretés constituées par des grains : grains échaudés, autres céréales, grains attaqués par déprédateurs, grains colorés et mouchetés et les grains chauffés par séchage ;
- Grains germés : fraction sur laquelle la moissonneuse-batteuse a le moins d’emprise, pouvant être gérée uniquement au niveau du caisson de nettoyage ;
- Impuretés diverses : graines étrangères, grains avariés, impuretés proprement dites (pierres, terre, pailles, balles…), balles, ergots, grains cariés et les impuretés d’origines animales.
- Certaines de ces impuretés sont générées au moment du battage et d’autres résultent des conditions de développement de la culture (itinéraire technique, conditions climatiques…). Il est cependant possible pour chaque fraction d’impuretés d’adapter les réglages de la moissonneuse-batteuse afin de ne sélectionner principalement que le grain sain selon l’exigence du contrat de vente.
Six paramètres à régler
Afin de faciliter le travail du chauffeur, il est possible de ne focaliser notre attention que sur six paramètres de la machine :
- au niveau des organes de battage : la vitesse de rotation du batteur ou rotor, l’écartement batteur/contre-batteur ou rotor/contre-rotor,
- au niveau des organes de nettoyage : la puissance des vents, l’ouverture de la grille supérieure (ou grille à otons), l’ouverture de la grille inférieure (ou grille à grains),
- la vitesse d’avancement de la machine.
Tableau 1 : Impact des réglages de la moissonneuse-batteuse sur les différentes catégories d’impuretés
+++ : Très forte corrélation entre l’organe et la catégorie d’impuretés.
++ : Forte corrélation entre l’organe et la catégorie d’impuretés.
+ : Faible corrélation entre l’organe et la catégorie d’impuretés.
- : Pas de corrélation connue entre l’organe et la catégorie d’impuretés.
Quelle moissonneuse-batteuse ?
Ces réglages sont également à moduler en fonction des conditions climatiques et de cultures ainsi que du type de machine. Ainsi, d’après des comparatifs de moissonneuses-batteuses réalisés par l’ITCF en 1995 et 1998, les machines équipées du système de battage axial se classent en tête de classement pour le critère « grains brisés » avec un taux inférieur à 1 %, 0.4 à 0.8 % quel que soit le débit de chantier (150 q/h à 270 q/h). Dans ce comparatif, les moissonneuses-batteuses de type « conventionnel » avaient affiché des taux de grains brisés de 1.6 à 3.4 %, ce qui reste inférieur à la norme de commercialisation.
Ces comparatifs sont tout de même à nuancer, puisqu’ils ont tous deux été réalisés dans des conditions de récolte spécifiques.
Les moissonneuses-batteuses conventionnelles sont recherchées pour leur aptitude à ne pas abîmer la paille. Cependant, le battage, s’effectuant au niveau du batteur et du contre-batteur à hauteur de 90 %, a tendance à fragiliser davantage le grain, surtout dans le cas d’une vitesse de rotation du batteur excessive et/ou d’un écartement batteur/contre-batteur trop faible. Dans le cas d’une quantité importante de paille, le grain résiduel va avoir du mal à être récupéré au niveau des secoueurs, limitant le niveau de charge de la machine et donc son débit de chantier.
D’où la présence sur le marché des modèles hybrides qui combinent à la fois un battage avec batteur/contre-batteur et une séparation forcée réalisée par des rotors longitudinaux à la place des secoueurs augmentant la surface de séparation. Pour ce type de machine, il convient de faire attention aux réglages adoptés pour les organes de battage mais aussi à la vitesse de rotation des rotors.
Bien que les trois types de machines aient des organes et des caractéristiques différentes, elles sont toutes capables de produire un grain de qualité. Au sein des machines, seuls les organes de battage et de séparation les différencient. Il en ressort néanmoins qu’il est important d’adapter les organes de battage, de séparation et de nettoyage à la culture et aux conditions de récolte.
Un essai FNAMS réaffirme l'intérêt d'adapter les réglages aux conditions de récolte
Fabrice HOEZ, technicien machinisme à la FNAMS présente les résultats d’une étude qu’il a menée concernant l’impact des réglages de la moissonneuse-batteuse sur la qualité des grains récoltés.
Ces essais ont été conduits lors d’une récolte de blé dur, espèce particulièrement sensible à la casse. Les conditions étaient plutôt favorables : variété facile à battre, humidité du grain de 12,5 %.
Différentes vitesses du batteur ont été testées : 480 tours/minute, soit 15 mètres par seconde, 640 tr/mn (soit 20 m/s) et 800 tr/mn (soit 25 m/s). Cette dernière vitesse correspond aux recommandations générales données par la FNAMS. Mais, dans les conditions de l'essai, le réglage à 480 tr/mn conduit à des résultats très bons, surtout en qualité germinative et en taux de grains cassés.
Revoir ses réglages chaque année
Chaque année, il est donc nécessaire d’ajuster les réglages selon les conditions de récolte, la maturité du grain et l’état des pailles pour adapter les réglages en conséquence. Plus le grain est sec, plus il sera fragile : il faudra donc appliquer des réglages plus doux pour éviter d‘endommager la récolte.
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