Céréales à paille et risque graminées : mieux vaut attendre pour semer

A l’exception des sols argileux et hydromorphes, la plage de semis dans notre région est potentiellement très large en blé. Décaler la date de semis, à la condition de choisir une variété adaptée, est tout à fait envisageable pour diminuer la pression des adventices sur les parcelles les plus problématiques. Même si la marge de manœuvre est plus limitée en escourgeons, il est important de ne pas semer trop tôt dans des parcelles chargées de ray-grass et/ou de vulpins. Cela évite aussi de s’exposer à un risque ravageurs accru.

Décaler sa date de semis sur les parcelles à risque graminées si le sol le permet = un levier gagnant !

En céréales à paille, un décalage de la date de semis permet de limiter les levées des graminées automnales dans la culture.

L’efficacité de cette technique est d’autant plus importante qu’elle est couplée à un ou plusieurs faux-semis. Au-delà d’un décalage de 15 jours, il faut bien évaluer le bénéfice par rapport au risque (conditions d’implantations plus difficiles…). Dans nos essais, dans des situations problématiques, le décalage de la date de semis s’avère très souvent positif économiquement (nuisibilité adventices moindre + meilleure efficacité des herbicides).

Figure 1 : Réduction des populations de ray-grass et de vulpins lors d’un décalage entre deux dates de semis (19 essais Blé tendre + Orge d’hiver (OH) 2016 à 2022). 200°C correspond à une vingtaine de jours ici.

Dans nos essais, le décalage de la date de semis, même réduit, a toujours un effet positif sur le niveau de graminées adventices levées en culture.

Identifier le bon compromis date de semis / variété en blé tendre

Chaque variété a une période de semis optimale qui lui permet d’éviter ou de limiter les risques de gel pendant la montaison et les risques d’échaudage et de stress hydrique pendant le remplissage. Cette période dépend du rythme de développement de la variété (précocité à montaison et précocité à maturité) ainsi que du climat de la région.

Une période de semis optimale est donc définie en fonction de la précocité de chaque variété. A partir des données climatiques régionales, il est possible de définir des périodes de semis optimales pour chaque variété. L’époque idéale dans nos régions, pour semer une variété de blé tendre de type demi-précoce, se situe entre le 15 et le 30 octobre. Les types hiver tardif à très tardif, réservés au nord de la zone, peuvent être semés entre le 1er et le 15 octobre. A partir du 25 octobre, tous les types de blé d’hiver peuvent être semés. Les semis peuvent se prolonger si nécessaire jusqu’en novembre ou décembre sans difficulté. Toutefois, on évitera les variétés tardives à épiaison dans ces conditions pour éviter au maximum un échaudage de fin de cycle.

Lors de la récolte 2023, il a été constaté (comme en 2022) qu’en situation de stress hydrique, dans les sols superficiels (argilo-calcaire moyens à superficiels), les variétés précoces à épiaison étaient moins exposées à l’échaudage de fin de cycle. A contrario, les variétés à cycle plus long expriment mieux leur potentiel en sols profonds et/ou irrigués, et peuvent profiter d’un retour tardif des précipitations en cas de printemps sec.

Au-dessus de 900 m d’altitude, il est recommandé d’anticiper les dates ci-dessus de 10 à 15 jours.

Pour conclure, il faut profiter du retour des pluies pour faire des faux-semis. Et diversifier les variétés et les dates de semis en tenant compte de l’état d’enherbement des parcelles.