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Réussir l’implantation d’une luzerne

Le choix de la parcelle, la date et le mode d’implantation sont trois paramètres fondamentaux à prendre en compte avant d’implanter une luzerne. Le bon démarrage de la culture est la priorité afin d’optimiser les rendements.

réussir le semis d’une luzerne

La luzerne est une légumineuse vivant en symbiose avec la bactérie Rhizobium meliloti qui a la capacité de fixer l’azote présent dans l’air et de le rendre disponible pour la plante. La culture présente un développement normal « si et seulement si » Rhizobium meliloti est présente sur ses racines, au sein des nodosités. Ces bactéries existent naturellement dans le sol mais doivent le plus souvent être inoculées à la semence avant le semis. C’est particulièrement le cas si la parcelle n’a pas accueilli une luzerne depuis cinq ans, si son pH eau est inférieur à 6, ou si le sol a une teneur en matière organique < 1 %. L’inoculation s’effectue le jour du semis, à hauteur de 400 g d’inoculant pour 50 kg de semences de luzerne. Sans cette opération, la plante est chétive et peu productrice. Cette symbiose entre les deux organismes peut cependant être limitée par toutes les situations qui perturbent le fonctionnement de la racine ou du Rhizobium : excès d’eau générant des conditions anaérobies, sols salins, sécheresse, tassement...

Comment faire la culture de la luzerne ?

Champs de luzerne : des sols plutôt drainants

C’est pourquoi l’un des premiers critères de choix de la parcelle concernera le type de sol, qui doit être drainant et aéré. Il faut donc éviter les sols hydromorphes ou compactés. Il est également essentiel de choisir une parcelle avec un pH eau supérieur à 6. Dans le cas contraire, un chaulage de redressement peut être réalisé avant l’implantation de la culture en prenant soin d'incorporer l'amendement dans les 10-15 premiers centimètres. Pour se faire, il est préférable d’utiliser un amendement basique rapide d’action, comme la chaux ou le carbonate pulvérisé.

Par ailleurs, la luzerne est moyennement exigeante en phosphore et très exigeante en potasse selon les tableaux du COMIFER(1).

Compte tenu de l’investissement que représente son implantation, une analyse de sol l’année précédant le semis peut donc s’avérer utile. Elle permet d’identifier les points de blocages éventuels et d’y remédier par une fertilisation raisonnée et adaptée au contexte, même si dans les faits, les cas où ce type d’opération est nécessaire sont peu fréquents.

Quelles périodes pour la culture de la luzerne ? Deux dates possibles pour semer

Le choix de la date de semis doit se faire en fonction des conditions d’humidité rencontrées. Les meilleurs créneaux se situent en été - début d’automne, ainsi qu’au printemps. Dans les zones bénéficiant de pluies entre mi-août et mi-septembre, il est recommandé d’implanter la luzerne en été le plus tôt possible si les conditions climatiques le permettent (figure 1). Un semis précoce assure en effet une production dès le printemps suivant, ainsi qu’une couverture du sol pendant l’hiver. Cependant, selon la rotation en place et le risque d’échec lié à des conditions sèches de fin d’été, il peut être préférable de semer la culture au printemps. Dans ce cas, en plus des risques de sécheresse précoce, il faudra étudier les possibilités de gel tardif, néfaste à la luzerne. Généralement, la période entre le 15 mars et le 20 avril est idéale à cette saison.

Figure 1 : Dates limites d'implantation de la luzerne selon les régions et les périodes de l'année

Dates limites d'implantation de la luzerne

Dates de semis : fin d’été et printemps sont les périodes les plus favorables.

Comment semer des graines de luzerne ?

Semis classique ou sous couvert

Pour le mode d’implantation, le semis classique est très courant. L’objectif est d’assurer une levée homogène et rapide. Pour cela, la préparation du lit de semences doit être relativement fine, avec des mottes inférieures à 0,5 cm. Il faut veiller à semer peu profond, à environ 1 cm. Au-delà de 2 cm, le taux de levée diminue fortement. Après le semis, il est important de rappuyer la terre avec un cultipacker. Il vaut mieux éviter les rouleaux lisses, notamment en sols limoneux. En pure, la densité de semis est de 25 kg/ha à l’automne contre 20 kg/ha au printemps.

Implanter sous couvert est aussi une technique qui présente de bons résultats. Elle se réalise au printemps uniquement. Les deux espèces les plus couramment associées sont l’orge et le tournesol. La pratique consiste à semer d'abord les grosses graines (orge à 180 grains/m² ou tournesol à 6,5 grains/m²) puis la luzerne à 25 kg/ha afin de gérer la profondeur de semis. 

Peut-on resemer une luzerne derrière une luzerne ?
Si la luzerne est un très bon précédent en termes de fournitures d'azote, elle nécessite de respecter un délai de retour de 5 à 7 ans pour limiter la persistance des pathogènes telluriques (nématodes, verticillium, sclérotinia, rhizoctone…). Une luzerne ne doit donc pas être semée aussitôt après une luzerne. Le sursemis d’une luzerne ne doit pas non plus être pratiqué. La luzerne produit des composés chimiques toxiques pour sa propre espèce. Cette autotoxicité lui permet de réduire la compétition vis-à-vis de l’eau, des éléments nutritifs et de la lumière. L’une de ses toxines est connue sous le nom de « médicarpin » et se trouve naturellement dans les tissus végétaux de la luzerne et à l’extrémité de ses racines. Soluble dans l’eau, sa diffusion est rapide dans le sol.


(1) Comité Français d’Étude et de Développement de la Fertilisation

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