Pommes de terre - Ravageurs : la prévention comme arme principale
En culture de pomme de terre, deux ravageurs du sol posent des problèmes majeurs à la qualité de la récolte : les taupins et les nématodes.
Un manque de moyens efficaces contre les taupins
Les taupins sont en recrudescence sur de nombreuses cultures. Or, les producteurs de pomme de terre sont en impasse technique avec l’absence totale de moyens de protection chimique efficace. La prévention par la bonne compréhension du ravageur reste donc incontournable.
Ce sont les larves de ces coléoptères qui provoquent des dégâts en creusant des galeries dans la chair des tubercules. Les espèces les plus nuisibles appartiennent au genre Agriotes dont trois espèces à cycle long (5 ans dont 4 de vie larvaire) et une espèce à cycle court (A. sordidus, dominante dans le sud de la France, en extension dans le nord). Les risques sont importants en particulier après des précédents favorables à la ponte (prairies, jachères, maïs irrigué…) les dégâts sont accentués dans les sols humides (pluie, irrigation) qui permettent aux larves de remonter à la surface.
Il n’est guère possible de protéger, même partiellement, la culture de pomme de terre par un traitement de sol en plein ou en localisé dans la raie de plantation faute d’insecticide de sol autorisé véritablement efficace.
Dans le cas de retournement de prairies ou de jachères, avec forte infestation, il faut au préalable assainir le sol pendant 3 ans, par l’introduction de cultures traitées avec un insecticide (maïs, tournesol, betterave, etc.) et des façons culturales appropriées. Les travaux du sol, pour être efficaces, doivent être effectués au moment de la ponte de mai à juillet ; ils détruisent en partie les oeufs et les jeunes larves qui sont très sensibles à la sécheresse mais n’affectent pas les larves âgées. Cette technique s’applique moins facilement pour A. sordidus qui a une période de développement larvaire variable (déterminisme génétique à partir d’une même ponte).
Prophylaxie aussi pour les nématodes
Les nématodes à kyste, Globodera rostochiensis et G. pallida, sont quant à eux des vers de très petite taille (moins de 1 mm), visibles à l’œil nu pendant la végétation sous forme de petites boules (kystes) attachées aux racines des plantes et aux tubercules. Pendant la période de végétation, la présence de nématodes à kyste sur la parcelle se traduit par l’observation de foyers, ou zones plus ou moins circulaires, à végétation faible. Les diminutions de rendement commercial sont proportionnelles au niveau d’infestation du sol avant plantation. Des pertes de rendement de l’ordre de 50 % sont fréquemment constatées, surtout en sol sableux. Le kyste résulte de la transformation de la femelle après la fécondation. Il peut renfermer de nombreuses larves et il est donc l’élément essentiel qui assure la conservation et la dispersion du nématode. Entouré d’une paroi très épaisse, il est très résistant à l’action des températures basses et peut se conserver dans le sol pendant de nombreuses années (de 10 à 20 ans selon le climat). Les nématodes à kyste sont favorisés par les rotations courtes de cultures sensibles comme les Solanacées et le transport de terre contaminée par les engins agricoles ou les plants (de pomme de terre ou de légumes) en provenance de zones contaminées. L’absence de destruction des repousses entretient les populations de nématodes.
Aucune méthode de lutte curative n’étant fiable à 100 %, ce sont des méthodes prophylactiques préventives qui doivent être respectées : planter en parcelle réputée indemne d’après analyse de sol, si possible ; utiliser du plant sain et certifié ; respecter des rotations longues (4 ans minimum) ; éliminer les repousses des parcelles, etc. De nombreuses variétés sont résistantes à G. rostochiensis (possibilité de dommages mais sans formation de nouveaux kystes). Quelques variétés portent la double résistance totale contre G. rostochiensis et partielle contre G. pallida. Les traitements de sol à l’aide de fumigants ou d’organophosphorés permettent de réduire l’impact des nématodes sur le rendement de la pomme de terre protégée. Mais, après récolte, le sol se retrouve classiquement plus infesté qu’avant plantation. En zones primeuristes, les récoltes hâtives de variétés précoces permettent d’interrompre le cycle des nématodes, en limitant voire interdisant leur multiplication, ce qui peut réduire de façon conséquente la formation de nouveaux kystes.
Ces deux nématodes à kystes sont des parasites de quarantaine au niveau européen et sont soumis, dans le nouvel arrêté ministériel du 28 juin 2010, à un plan de surveillance et à une lutte réglementée. Des travaux sont engagés pour proposer des méthodes de lutte efficaces.
Cet article est issu l’édition de juin 2014 d’ARVALIS Infos – Innovations et performances pour la pomme de terre.
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