Ravageurs de début de cycle du maïs : ce qu’il faut retenir de l’enquête 2021

Les corvidés, une problématique qui monte dans toute la région

Les ravageurs n°1 sur la zone d’étude en 2021 sont les corvidés : trois-quarts des répondants étaient concernés par des dégâts, parmi lesquels 75 % ont mis en place un moyen de protection (effaroucheurs majoritairement, avec produits de protection de semences quelquefois). Les dégâts d’attaques d’oiseaux sont le plus souvent conséquents, pénalisant la densité de peuplement, composante de rendement essentielle du maïs de par sa faible capacité de compensation. Pour un agriculteur sur deux ayant constaté des attaques, les dégâts étaient très importants : plus de 20 % de pertes de pieds sur certaines zones. Seulement 10 % des agriculteurs ayant recensé des dégâts de corvidés ont estimé que ces dégâts étaient faibles, et environ 40 % constatent des dégâts modérés (moins de 20 % de perte de pieds).

Les oiseaux ont attaqué les maïs essentiellement entre la levée et le stade 2 feuilles, et quelquefois plus tardivement (4-6 feuilles). Ces résultats témoignent à la fois d’une forte intensité et fréquence des attaques d’oiseaux en 2021, dans un contexte de début de cycle frais qui a exposé le maïs sur une longue période.

Figure 1 : Dégâts de corvidés recensés en 2021 sur les régions Auvergne, Centre et Ile-de-France

(Résultats de l’enquête ravageurs du maïs 2021)

Quelle protection au semis contre les corvidés ?

En situation à risque, il est possible d’utiliser des semences protégées avec du Korit 420FS (coût d’environ 10 € par dose). Son efficacité répulsive est démontrée en essai microparcelles et bandes agriculteurs, mais reste insuffisante en situations de fortes attaques. Ce traitement de semences reste à ce jour le seul disponible sur maïs. D’autres produits non homologués dans le cadre de la lutte contre les corvidés existent (disposant d’AMM matière fertilisante et support de culture), revendiquant des propriétés répulsives. Leur efficacité se révèle faible voire nulle dans nos essais.

Il est également nécessaire d’adapter l’itinéraire technique pour tenter de limiter les attaques sur les parcelles à risque :

• Empêcher au maximum l’accès aux semences / plantules

• Éviter tant que possible les semis de maïs décalés dans l’espace et dans le temps.
• Éviter les sols soufflés (attention aux préparations de sol en conditions sèches), rendant les graines facilement accessibles aux oiseaux.
• Si les conditions et le type de sol le permettent (hors sols battants ou lourds), privilégier un semis suffisamment profond (4-5 cm ou plus).
• Rappuyer correctement la ligne de semis : différences importantes selon le type de préparation de sol et les éléments semeurs.

• Favoriser un développement rapide du maïs pour diminuer la période d’exposition :

• Choisir des variétés à forte vigueur, permettant un démarrage rapide du maïs.
• L’engrais starter au semis permet également de diminuer la période d’exposition.

Des expérimentations en grandes parcelles chez des agriculteurs seront menées par ARVALIS et ses partenaires. Si vous êtes intéressés pour y contribuer, n’hésitez pas à contacter votre bureau régional d’ARVALIS : Saint-Beauzire (63), Le Chaumoy (18), Beauce-la-Romaine (41).

Les attaques de taupins s’étendent

A l’échelle nationale, le taupin est considéré comme le ravageur principal du maïs. Dans notre enquête régionale, 40 % des répondants ont subi des dégâts en 2021 sur au moins une parcelle de maïs. Les remontées de dégâts sont plus importantes et fréquentes que par le passé, et les secteurs concernés sont de plus en plus larges. On peut distinguer plusieurs zones :

• Auvergne (Val d’Allier, Plaine de Limagne) et Limousin,
• Sud région Centre (Indre, Touraine),
• Beauce (principalement sud 28, Loiret peu concerné).

Parmi les agriculteurs enquêtés ayant constaté des attaques en 2021, 30 % ont subi des dégâts importants (> 20 % sur certaines zones de leurs parcelles). Les zones les plus concernées l’an dernier était la plaine de Limagne et le Val d’Allier.

Figure 2 : Répartition des dégâts de taupins dans les parcelles de maïs en 2021

(Résultats de l’enquête ravageurs du maïs 2021)

Quelle protection contre les ravageurs du sol ?

Dans la lutte contre les ravageurs du sol, pour les secteurs concernés, une solution efficace reste l’utilisation de microgranulés dans la raie de semis :

• Belem 0,8 MG / Daxol (à base de cyperméthrine) : à appliquer avec un diffuseur DXP.
• Karaté 0.4 GR (à base de Lambda-cyhalothrine) : à appliquer avec diffuseur Syngenta.
• Trika Expert + / Trika Lambda 1 (à base de lambda-cyhalothrine) : microgranulé sur support organo-minéral à utiliser avec un diffuseur.

Il est important de rappeler que l’application de ces microgranulés, quels qu’ils soient, doit être réalisée avec un diffuseur : en optimisant la répartition des granulés dans la raie de semis, leur efficacité est satisfaisante. Dans les essais 2021, l’efficacité des pyréthrinoïdes sans diffuseur avoisinait 30 % par rapport au témoin non traité, contre 70 % en moyenne avec un diffuseur adapté. L’efficacité est moins bonne en sol motteux et avec des semoirs sans soc car la répartition du produit est plus aléatoire.

Attention ! L’utilisation d’un diffuseur est nécessaire mais pas suffisante, l’efficacité des microgranulés est aussi influencée par les conditions climatiques. Attention également au respect des doses d’utilisation.

De manière générale, concernant la protection contre les taupins, tous les facteurs agronomiques doivent être utilisés en accompagnement d’une protection insecticide. Mais aucun ne permet de pallier un défaut d’efficacité du produit.

Tableau 1 : Efficacité des solutions de lutte contre les ravageurs du maïs