Qualité de la récolte 2023 : des maïs secs et riches en grains
En maïs fourrage, les rendements 2023 sont bons sur une large partie de la France. Les teneurs en amidon sont exceptionnellement élevées mais les maïs sont secs et la digestibilité des tiges-feuilles est faible. Au global, la valeur énergétique est satisfaisante.
Après un début de printemps frais et humide, les températures élevées de juin ont permis aux maïs de compenser en partie le retard pris lors des semis. S’en suit un été marqué par le retour des pluies à la floraison et l’absence de stress thermique. Les rendements sont bons à très bons dans les principales régions de production du maïs fourrage, avec une moyenne nationale estimée à 12,6 t MS/ha (source Agreste).
Des maïs récoltés secs
La teneur en matière sèche (MS) moyenne à la récolte est particulièrement élevée cette année (36 %). Plus de la moitié des chantiers ont été réalisés à plus de 35 % MS et un tiers à plus de 38 % MS. Toutes les régions sont concernées par ces récoltes tardives (carte 1).
Les conditions clémentes de l’été ont permis de conserver des appareils végétatifs verts jusqu’à la récolte, ce qui a généralement permis de tasser convenablement les silos. Néanmoins, la porosité des silos de maïs récoltés secs (> 35 % MS) reste élevée et supérieure à l’objectif de 40 %. La vigilance sera de mise à l’ouverture du silo pour limiter Les risques d’échauffement du fourrage. La vitesse d’avancement dans le silo constitue le meilleur remède. L’ajout ponctuel d’acide propionique au front d’attaque ou d’additif anti-échauffement dans la ration peuvent également s’avérer utiles dans les situations les plus critiques.
Carte 1 : Part des maïs récoltés à plus de 35 % MS en 2023
Des maïs exceptionnellement riches en amidon
La teneur moyenne en amidon, à 33,8 % (± 5,4 %) au niveau national, est supérieure de 6 points par rapport à 2022 (tableau 1). C’est probablement la plus élevée de ces dix dernières années. Ces teneurs sont assez homogènes sur l’ensemble du territoire : les trois-quarts des maïs présentent une teneur en amidon supérieure à 30 %, et quatre maïs sur dix ont une teneur supérieure à 35 %. Les conditions hydriques de l’été 2023, très favorables de la floraison au remplissage, ont favorisé la production de grains. Le maintien de plantes vertes et fonctionnelles jusqu’à la récolte, associé à un stade de maturité plutôt avancé, ont également permis l’accumulation d’amidon en fin de cycle.
Les ensilages de maïs sont particulièrement riches en amidon sur la Normandie, les Hauts-de-France, le Grand Est et le Sud-Ouest. À l’inverse, les teneurs en amidon plus modérées sont observées dans le centre et le sud-est de la France (carte 2).
En lien avec l’avancement en maturité, la digestibilité de l’amidon pourrait être limitée pour les silos ouverts rapidement après la récolte.
Carte 2 : Teneur en amidon moyenne des maïs récoltés en 2023
Une digestibilité des fibres décevante
La quantité de fibres (NDF) est faible et bien inférieure à celle de 2022 du fait d’une proportion de grains/tiges-feuilles plus élevée à la récolte. Quant à la digestibilité des fibres (dNDF), elle est assez faible cette année, avec une moyenne à 49,8 % (± 4,8 %), soit près de 2 points de moins qu’en 2022 (tableau 1).
Comme les années précédentes, les zones géographiques en retrait sur la digestibilité des tiges-feuilles sont la bordure Manche (à cause d’une durée de cycle plus longue que celle des autres régions) et le Sud-Ouest (profil variétal).
Malgré une faible digestibilité des tiges-feuilles, la quantité de fibres indigestibles (NDFnd) des maïs 2023 reste limitée et largement inférieure à celle des maïs 2022, laissant présager une valeur énergétique supérieure.
Une bonne valeur énergétique sur le papier…
À l’échelle nationale, la teneur en énergie du maïs fourrage, exprimée en UFL (INRAE 2018), est en moyenne de 0,95 UFL/kg MS. Un chiffre supérieur à la récolte 2022, avec un profil énergétique très distinct. Cette valeur énergétique est fortement liée à la part élevée de grains modulée par la qualité des tiges-feuilles.
Les maïs les plus énergétiques se retrouvent dans le Grand Est et sur la côte Atlantique, du Finistère à la Charente-Maritime. Les teneurs en énergie sont globalement bonnes sur la moitié nord de la France et plus en retrait sur la moitié sud (Auvergne-Rhône-Alpes, Limousin, Aquitaine).
… quid de sa valorisation par les vaches ?
La teneur en UFL est correcte à bonne sur le papier, et bien supérieure à 2022, mais la valorisation réelle pourrait être inférieure à l’attendu, notamment sur l’automne. Les récoltes de 2022 n’ont pas toujours permis un report de stock jusqu’à la fin d’automne. En parallèle, dans le cas de récoltes tardives avec des grains bien avancés, la valorisation de l’amidon sur les 60 à 90 jours après la récolte sera partielle. De plus, l’efficacité alimentaire en production laitière des maïs riches en amidon récoltés secs peut être inférieure à la valeur théorique, surtout lorsque la part de fourrages prairiaux est limitée dans la ration.
La teneur en matières azotées totales (MAT) des ensilages de maïs est correcte au vu des bons rendements de l’année, avec en moyenne 7,3 % (± 0,8 %). Malgré une teneur en MAT inférieure de 0,4 point par rapport à 2022, la quantité d’azote exportée est supérieure. Ces teneurs plus faibles s’expliquent essentiellement par un effet de dilution dû aux rendements élevés.
La teneur en protéines digestibles dans l’intestin (PDI) est de 61 g/kg MS et la balance protéique du rumen est de -38 g/kg MS.
Tableau 1 : Caractéristiques qualitatives des maïs fourrage 2023 par zone géographique, sur la base de 12 658 échantillons provenant de 25 laboratoires et organismes d’élevage (*)
Six grandes zones ont été définies pour analyser la qualité du maïs fourrage 2023 :
- « Centre-Ouest » : Pays de la Loire (sauf Mayenne), Centre-Val de Loire, Deux-Sèvres, Vienne, Haute-Vienne et Creuse
- « Est » : Seine-et-Marne, Champagne-Ardenne, Lorraine (sauf Vosges), Bourgogne (sauf Saône-et-Loire) et Bas-Rhin
- « Nord » : Hauts-de-France et Haute-Normandie
- « Ouest » : Bretagne, Basse-Normandie et Mayenne
- « Piémonts-Montagne » : Franche-Comté, Vosges, Haut-Rhin, Saône-et-Loire, Auvergne, Aveyron, Rhône-Alpes, Pyrénées-Atlantiques et Hautes-Pyrénées
- « Sud-Ouest » : Charente et Charente-Maritime, Aquitaine (hors Pyrénées-Atlantiques), Midi-Pyrénées (hors Aveyron et Hautes-Pyrénées).
(*) ADM, Evialis, Germ-Services, MiXscience, Sanders, Neolait, Seenovia, Provimi, Nutrea, Laboratoire CESAR, Terrena, Innoval, Nealia, Lorial, LG, DFP Nutraliance, Cooperl, Ocealia, Alicoop, Feedia, IDENA, KWS, Terres de l’Ouest, Seenorest, Union laitière de la Meuse.
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