Cultures dérobées - Profiter de la valeur alimentaire de certaines intercultures
Les travaux d'ARVALIS - Institut du Végétal montrent que les cultures intermédiaires peuvent constituer une ressource intéressante pour les élevages qui ont du mal à couvrir les besoins alimentaires de leurs animaux. Radis, avoine et colza fourrager, notamment, fournissent une bonne valeur énergétique.
L'exploitation des cultures intermédiaires en tant que fourrage pour l'alimentation de ses animaux peut s'avérer très intéressant, en particulier après un printemps ou un été sec. C'est une stratégie efficace pour faire face aux aléas climatiques via la diversfication ses ressources fourragères. Pour les élevages bovins des régions de polyculture élevage, la valorisation des cultures intermédiaires au pâturage ou en affouragement en vert peut s’avérer une solution intéressante. Pour mieux connaître la valeur énergétique de ces ressources et leur risque acidogène, ARVALIS - Institut du végétal a mené en 2011 une première série d’analyses sur quelques cultures intermédiaires : la moutarde blanche, le radis, l’avoine strigosa (1), le colza fourrager et le ray-grass d’Italie (RGI). À l’exception du dernier récolté en sortie d’hiver, tous ont été coupés en début d’hiver. La moutarde blanche et le radis ont été fauchés en début de floraison, le colza fourrager et le RGI au stade feuillu, l’avoine entre les stades 2 noeuds et dernière feuille.
Des couverts très digestibles
À l’exception de la moutarde, les couverts étudiés se sont avérés très digestibles : après 72 heures d’incubation dans le rumen, plus de 90 % de la MS de l’avoine strigosa, du radis, du RGI et du colza fourrager était dégradée contre seulement 64 % pour la moutarde blanche. Pour les quatre premiers couverts, les valeurs énergétiques sont apparues très bonnes, respectivement de 0,84, 0,82, 0,99 et 0,92 UFL (Unités fourragères « lait ») (figure 1). Cependant, le RGI, le colza fourrager et le radis libèrent très rapidement leur énergie, ce qui augmente les risques d’acidose du rumen. Avec plus de 60 % de dégradation en 4 h, ces couverts présentent un risque acidogène assez élevé. À titre de comparaison, l’orge fourragère, qui pose également ce problème, est dégradée à 80 % en 4 h. Au regard des trois critères étudiés, c’est donc l’avoine strigosa qui semble le mieux sortir son épingle du jeu. Ce couvert est dégradé à 90 % après 72 h d’incubation. Avec 0,85 UFL, il offre une bonne valeur énergétique. Et il présente un risque acidogène relativement faible, seulement 50 % de sa MS étant dégradé en quatre heures d’incubation.
Équilibrer énergie et azote
Pour constituer un « bon » fourrage, le couvert doit être non seulement facilement digestible, mais aussi équilibré en énergie ainsi qu’en azote. Pour compléter cette première étude, la valeur azotée des couverts a également été mesurée (figure 2). Comme attendu, l’essentiel de la valeur alimentaire de la moutarde blanche réside dans l’azote qu’elle apporte à l’animal. Ce couvert présente une teneur en matières azotées totales (MAT) très élevée, proche de 300 g/kg de matière sèche (MS). Le radis, l’avoine strigosa et le colza fourrager sont plus équilibrés avec une teneur en MAT située entre 150 et 180 g/kg MS, et une valeur énergétique comprise entre 0,8 et 1 UFL.
Un « plus » pour l’avoine strigosa
Bilan, l’avoine strigosa offre une bonne valeur énergétique, une MAT moyenne et un faible risque acidogène. Si le colza fourrager et le radis apparaissent excellents en ce qui concerne l’énergie et la MAT, il est préférable de les associer à un fourrage riche en fibre dans la ration pour éviter les risques d’acidose. La moutarde blanche se révèle pour sa part très déséquilibrée, avec une MAT très élevée et une valeur énergétique très faible.
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