Pomme de terre : entre défanage et début des récoltes
Avec l’étalement des dates de plantation, les premières récoltes de pomme de terre de conservation ont débuté. De leur côté, le défanage est d’actualité pour la plupart des parcelles de Normandie, Hauts-de-France, Champagne.
Les parcelles de pomme de terre plantées tardivement sont encore bien vertes. Certaines commencent à montrer quelques symptômes d’alternaria (comme sur la variété Fontane) et d’autres encore bien poussantes présentent des symptômes de mildiou sporulant.
Symptômes sporulants de mildiou sur la variété Challenger cultivée dans l’Oise
Sur les plantations plus précoces et cycle court (chair ferme, industrie hâtive, plants), les défanages sont en cours et les récoltes ont démarré. Quelques producteurs sont obligés d’arroser pour pouvoir arracher sans provoquer de chocs. Sur ces premiers arrachages, les rendements semblent corrects, avec une tubérisation plutôt importante au détriment parfois du calibre (selon les débouchés).
La qualité des lots récoltés varie, des pourritures sont régulièrement observées. Les zones tassées avec une mauvaise infiltration ou les zones de bas fond où l’eau stagne ont engendré une asphyxie favorable aux bactérioses ou encore au pythium.
Il est préférable de ne pas récolter les tubercules pourris, ou de les écarter lors du triage, et d’assurer un bon séchage en cas de stockage.
Erwinia sur tubercule récolté
Quand défaner ?
Dès que les tubercules ont atteint le calibre souhaité par l’acheteur, il est important de défaner pour optimiser le décrochage des tubercules lors de la récolte, stopper les calibres et limiter l’augmentation de la teneur en matière sèche. A ce jour, les matières sèches sont parfois élevées. Il est important de contrôler la teneur pour stopper la végétation et respecter les cahiers des charges.
Techniquement, la peau doit être suffisamment mature pour éviter les « pelages » lors des chantiers de récolte. Pour garantir une bonne lavabilité des pommes de terre sur les débouchés du frais, il est conseillé de réduire les délais défanage-récolte (trois semaines max) tout en respectant la formation de la peau.
En cas d’humidité importante : attention aux lenticelles. Celles-ci doivent être fermées lors des défanages pour éviter le marquage. De même, ne pas défaner par fortes chaleur pour éviter également le marquage du stolon.
Comment défaner ?
Aujourd’hui, deux dessiccants ont une AMM pour défaner, avec des délais avant récolte de 14 jours. Des produits de biocontrôle à base d’acide pélargonique (Beloukha) peuvent s’utiliser mais leur efficacité est limitée.
Le broyage associé à un dessiccant (24-48 h post-broyage), permet un bon décrochage de stolon et une bonne efficacité. Des roules-butte pour refermer la butte après le broyage peuvent s’avérer intéressants pour limiter l’apparition de vertes.
Les solutions homologuées à base de carfentrazone-éthyle, tels que Spotlight Plus (dose 0,8 à 1 l max) ou de pyraflufen Sorcier (0,8 l) + huile végétale (exemple Brasero 1,6 l), offrent une efficacité correcte. L’adjuvantation est indispensable avec le Sorcier (= Gozai) pour permettre une meilleure pénétration et une bonne dessication.
En cas d’applications successives de dessiccants, il est important de laisser 5-8 jours entre deux traitements. De même, la luminosité et le volume de bouillie (200 l minimum) optimisent leur efficacité.
A noter, les dessiccants ne sont pas aussi performants que nos historiques défoliants, il n’est pas rare de voir, cette année, de relevés de ray-grass dans des parcelles défanées en attente d’être arrachées.
Attention protéger jusqu’à dessication complète du feuillage avec un bon sporicide (Ranman Top 0,5 l ou Shirlan 0,4 l ou Leimay 0,5 l).
Figure 1 : Destruction des feuilles (en %) par différentes techniques de défanage - essai d’Audeville (45)
T1 le 11/08/2023 – T2 le 18/08/2023
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