Désherbage de la pomme de terre : les programmes de prélevée 2023
Le désherbage en prélevée reste la meilleure façon de lutter contre les adventices sur pomme de terre, d’autant plus en cas de printemps humide comme 2023. Afin de garantir son efficacité, il faut choisir des associations adaptées à la flore rencontrée, au niveau d’infestation de la parcelle, aux conditions climatiques de l’année, à la qualité de buttage et au choix variétal.
En pomme de terre, la période de sensibilité à la concurrence des adventices s’étend de la levée à la fermeture des rangs. L’enjeu du désherbage est multiple : limiter la concurrence des adventices sur la culture en place (réduire leur nuisibilité directe sur le rendement et la qualité), éviter le re-salissement de la parcelle et donc l’augmentation du stock semencier pour les cultures suivantes, et éviter de créer un milieu favorable à l’installation et au développement des maladies ou autres virus…
Bien connaître la flore adventices de ses parcelles
Avant de choisir sa stratégie de désherbage, il est essentiel de connaître le sol et la flore à venir de sa parcelle. Morelle, chénopode, matricaire, renouées liseron, renouées des oiseaux et gaillet sont généralement les adventices les plus fréquentes. Du fait de leur important développement, ces adventices se révèlent souvent problématiques notamment pour les chantiers de récolte. Mercuriale, séneçon, fumeterre, sanves, ravenelles ainsi que le datura sont des adventices de plus en plus présentes en culture de pomme de terre. A ce cortège de dicotylédones annuelles, on peut ajouter des graminées (ray-grass, pâturin, sétaires, panic…) et des plantes vivaces comme le chardon des champs, le chiendent, le laiteron des champs…
Intervenir sur butte définitive
La maîtrise des dicotylédones se joue principalement en prélevée. La sélectivité des herbicides est dite de position, c’est-à-dire que l’herbicide doit être réparti dans la couche superficielle du sol pour être absorbé par les racines des adventices alors que la pomme de terre doit se développer dans une zone sans produit. Il faut donc réaliser les traitements sur butte définitive, suffisamment émiettée, légèrement humide, et au moins une semaine avant la levée. La persistance des herbicides étant loin de couvrir toute la durée de la culture, l’utilisation d’un plant sain et bien préparé ainsi qu’un sol réchauffé permettront d’avoir une couverture rapide du sol, et donc de résoudre le problème de manque de persistance des herbicides.
Quelles associations prévoir ?
Voici quelques exemples d’associations de produits selon le niveau d’infestations de la parcelle.
Sur les parcelles « propres », l’association Défi + Sencoral SC (3 à 4 l/ha + 0.5 l/ha) ou Arcade (4 l/ha) reste toujours une base intéressante. Il est également possible d’utiliser des produits tels que le Toutatis Damtec (2.4 kg/ha), Metric (1.25 l/ha), Bastille (2.5 kg/ha) et Tavas (1.2 l/ha).
En cas d’infestation faible à moyenne (renouée liseron, mercuriale, gaillet, morelle), on favorisera plutôt des associations à base de Challenge 600 + Arcade (2 l/ha + 3 l/ha), Toutatis D. + Sencoral SC (2.4 kg/ha + 0.3 l/ha), Toutatis D. + Défi/Roxy (2.4 kg/ha + 2.5 l/ha).
A noter que le Challenge 600 ne peut pas être utilisé sur Monalisa en terre crayeuse.
Sur les parcelles très « sales » ou méconnues, le mélange de trois produits peut s’avérer intéressant avec par exemple Défi/Roxy + Proman/Soleto/Inigo + Metric (3 l/ha + 2 l/ha + 1.25 l/ha) ou encore Défi/Roxy + Proman/Soleto/Inigo + Sencoral SC (3 l/ha + 2 l/ha + 0.3 l/ha).
Si la prélevée n’est pas complétement efficace, un rattrapage en postlevée n’est pas à écarter.
La métribuzine (présente dans les spécialités commerciales Almeria 70 WG, Bretteur, Sencoral SC, par exemple) n’est pas tolérée par toutes les variétés. Il faut vérifier la sensibilité variétale avant son application. De même, avant d'utiliser cette molécule, il faut suivre un arbre de décision qui aide à définir le type de parcelle où la mise en place d’un dispositif de cloisonnement des inter-rangs est nécessaire pour éviter le ruissellement et protéger les organismes aquatiques.
Quant au prosulfocarbe présent dans les spécialités Defi/Spow/Minarix, Roxy 800 EC, Arcade, il doit obligatoirement être appliqué avec un matériel homologué pour réduire la dérive. D’autre part, en cas d’application sur une parcelle adjacentes à des cultures maraîchères, légumières, aromatiques ou médicinales, dites « cultures non-cibles », il est important de respecter les règles suivantes :
Si des cultures non-cibles sont situées à moins de 500 mètres de la parcelle traitée : ne pas appliquer le produit avant la récolte de ces cultures.
Si les cultures non-cibles sont situées à plus de 500 mètres et à moins d’un kilomètre de la parcelle traitée : il ne faut pas appliquer le produit avant la récolte de la culture, ou, en cas d’impossibilité, appliquer le produit uniquement le matin avant 9 heures ou le soir après 18 heures, en conditions de température faible et d’hygrométrie élevée.
L’outil Quali’Cible, proposé en accès libre par Syngenta, facilite le respect des conditions strictes d'emploi des herbicides à base de prosulfocarbe vis-à-vis de ces cultures non-cibles.
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