Plantes de services et protection des cultures : une alliance à faire grandir
En grandes cultures, les connaissances sur l’intérêt des plantes de services pour protéger des bioagresseurs sont moins développées qu’en horticulture ou même en maraîchage. C’est un levier prometteur, sur lequel l’INRAE et ARVALIS se mobilisent pour avancer plus vite sur les solutions opérationnelles.
Plantes compagnes, plantes pièges, couverts… les termes ne manquent pas pour désigner ces plantes qui rendent de nombreux services écosystémiques.
L’un des services recherchés est de réduire les dommages causés par les bioagresseurs sur les cultures. Plusieurs modes d’action pourraient être valorisés contre les ravageurs, les maladies et les adventices.
Une protection assurée par plusieurs modes d’action
Contre les maladies, les couverts peuvent agir par biofumigation, c’est-à-dire que leurs résidus en décomposition dans le sol dégagent des composés qui agissent sur les agents pathogènes. Ils peuvent également dégager des composés dans l’environnement via des mécanismes de stimulation de défense des plantes ou avoir un effet barrière ou sentinelle (figure 1). Par exemple, l’enfouissement d’une moutarde deux semaines avant le semis d’un blé permet de libérer dans le sol des isothiocyanates, actifs dans la lutte contre le piétin échaudage. Cet effet reste toutefois modéré, estimé à 20 %.
Figure 1 : Les différentes fonctions des plantes de services dans la protection contre les maladies
Contre les ravageurs, les mêmes modes d’action sont relevés, auxquels il faut ajouter l’attraction des insectes auxiliaires (figure 2). Par exemple, des couverts de légumineuses (vesce de Bengale) semés avant une orge limitent les infestations de pucerons vecteurs de la JNO, mais avec un gain de rendement limité. Des travaux récents ont également montré l’intérêt de plantes-appâts qui permettent de diluer les attaques de taupins en cultures de maïs.
Figure 2 : Les différentes fonctions des plantes de services dans la protection contre les ravageurs
Contre les adventices, un couvert semé en interculture puis détruit entre en compétition avec la flore classique sur les ressources, en particulier pour la lumière par effet d’ombrage. Mais certaines espèces de cultures intermédiaires auraient des propriétés allélopathiques, c’est-à-dire qu’elles libèrent dans leur environnement des composés biochimiques (allélochimiques) qui ont des effets directs ou indirects, positifs ou négatifs, sur les plantes voisines. Les résultats de travaux suisses suggèrent par exemple que la composition des exsudats racinaires du sarrasin change en présence d’amarantes et limite son développement.
Figure 3 : Les différentes fonctions des plantes de services dans la protection contre les adventices
Contre des plantes parasites, les couverts peuvent réduire le stock semencier ou attirer des auxiliaires qui se nourrissent des graines d’adventices.
Mais, attention aux effets non intentionnels avec un impact négatif sur la culture. C’est par exemple le cas avec le retour trop fréquent de couverts de légumineuses qui favorise l’aphanomyces.
La recherche se mobilise en grandes cultures
Si les premiers résultats concrets sont disponibles dans la lutte contre les taupins en culture de maïs et pour gérer les repousses et adventices à l’interculture, l’utilisation de plantes de service pour la protection des grandes cultures reste encore largement à explorer.
Pour accélérer l’identification des pistes les plus intéressantes, l’INRAE a lancé le projet CREA* en 2020 auquel participe ARVALIS. Outre le fait de rassembler les forces autour de ce sujet, ce projet vise, d’une part, à rassembler les connaissances à travers la rédaction d’une synthèse scientifique et la construction d’une base de données des références scientifiques et techniques. D’autre part, ce projet permettra également de lancer de travaux de recherche en ciblant les bioagresseurs les plus difficiles à maîtriser actuellement ou dans les prochaines années.
Mais, au préalable, les partenaires du projet lancent une enquête auprès des agriculteurs et des techniciens à laquelle nous vous proposons de prendre part.
* Projet CREA pour Collectif interdisciplinaire de réflexion sur l’utilisation des plantes de services pour la REgulation des bioAgresseurs en agriculture
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