Maïs : profiter des pluies pour désherber en prélevée !
Les semis de maïs ont déjà largement débuté dans la région depuis la dernière décade du mois de mars, à la faveur des hausses de températures. Les pluies annoncées à partir de dimanche vont être favorables à l’efficacité des herbicides racinaires de prélevée ou de postlevée précoce. Dans ces situations de semis précoces à flore majoritairement graminées, il est essentiel de les contrôler dès leur germination.

La situation
Les semis ont débuté dès le 20 mars dans la région dans les sols les plus filtrants. Les désherbages de prélevée ont pu être réalisés en suivant.
Les semis de fin mars sont actuellement entre le stade pointant et 2 feuilles en sachant qu’une intervention au stade pointant est à proscrire pour éviter tout risque de phytotoxicité. Les semis réalisés avant le 25 mars ont profité de pluies supérieures à 10 mm, ce qui a permis une bonne efficacité des éventuels désherbages. Ce n’est pas le cas pour les semis postérieurs au 25 mars.
Depuis le 1er avril, le rythme des semis s’est intensifié. Dans ces situations, les maïs devraient lever d’ici la fin de semaine, voire au début de la semaine prochaine, à la faveur des températures chaudes. Il est donc judicieux de réfléchir dès maintenant à la stratégie de désherbage à adopter et d’observer attentivement les parcelles (si stade pointant du maïs).
Dans ces situations, on peut généralement s’attendre à une flore majoritairement « graminées » : un traitement de prélevée ou de postlevée précoce (2-3 feuilles du maïs) est essentiel pour les contrôler dès leur germination. Outre l’efficacité sur les premières levées, la rémanence des produits de la famille des chloroacétamides restants confère au programme sa robustesse.
Sans S-métolachlore, adapter le programme de désherbage à la flore
Pour déterminer la stratégie de désherbage à mettre en œuvre, la première question à se poser est le type de flore attendue sur la parcelle.
Lorsque les densités de graminées sont faibles à modérées, inférieures à 20 plantes par m² (toutes espèces confondues), il n’est pas nécessaire de recourir à un chloroacétamide (péthoxamide et dmta-P). Ceux-ci seront réservés aux situations les plus difficiles avec une forte densité de graminées (panic, digitaire, sétaire, ray-grass…). Ils seront notamment indispensables en cas de populations de sétaires résistantes aux herbicides foliaires et de gestion du ray-grass.
Cette année, pour les semis les plus précoces, une prélevée (ou postlevée) sera à prioriser dans les cas suivants en profitant des pluies annoncées (au moins 10 mm de pluie dans les 10 jours après application est favorable, 20 mm pour une pleine efficacité) :
- Parcelle où la pression graminée est moyenne à forte (prélevée ou postlevée précoce en intégrant un herbicide de la famille des chloroacétamides).
- Parcelle en présence de graminée résistante ou en cours d’installation. La résistance la plus fréquente dans la région est celle de sétaires au nicosulfuron, sulfonylurée à pénétration majoritairement foliaire (groupe HRAC 2). Quand cette résistance est installée, le nicosulfuron n’aura plus d’action suffisante sur la population de graminées. Il faudra alors exclure tout recours aux sulfonylurées à large spectre et renforcer le 1er passage en s’appuyant sur des produits d’action racinaire de la famille des chloroacétamides.
- En présence de ray-grass, le spectre d’action des antigraminées utilisables sur maïs n’est globalement pas très performant sur cette cible. Là encore, les programmes de désherbage reposent sur l’utilisation de produits racinaires appliqués tôt, le DMTA-p sera indispensable dans cette situation. Après un premier passage de prélevée ou de postlevée très précoce, il faudra surveiller attentivement les relevées et se mettre en mesure de ré-intervenir dès l’émergence de très jeunes ray-grass. En effet, il existe peu de possibilités de rattrapage en postlevée foliaire et les produits disponibles reposent tous sur des modes d’action exposés à la sélection de ray-grass résistants (groupes HRAC 1 et 2). Le binage est globalement peu efficace sur cette graminée.
- Parcelle avec peu de graminée attendue : prélevée possible sans recours à la famille des chloroacétamides.
Prélevée ou postlevée précoce ?
Pour les semis les plus précoces, avec les températures actuelles, la levée a pu être rapide cette année et la prélevée n’a pas pu se faire (ou conditions un peu trop sèches). Par conséquent, la prélevée peut se décaler vers la postlevée précoce, mais ce positionnement est assez exigeant en matière de conditions d’efficacité et nécessite la combinaison d’herbicides à action racinaire et foliaire. Les adventices doivent être très jeunes (1-2 feuilles), le sol humide (cumul de pluie de 10 mm dans les 10 jours suivant le traitement) pour les matières actives à mode d’action racinaire et de bonnes conditions d’application (températures 10-20°C et hygrométrie > 70 %) pour les matières actives à mode d’action foliaire).

Quid en cas de fortes pluies après application ?
L’abat d’eau va entraîner l’herbicide plus en profondeur, quelle que soit la molécule utilisée. D’une part, celui-ci ne bloquera pas la germination des adventices situées dans les premiers centimètres (manque d’efficacité). D’autre part, s’il s’arrête à hauteur des semences de maïs, il va pouvoir être absorbé par celles qui entrent en germination et provoquer des phytotoxicités. Toutefois, si l’orage a été très fort, il se peut que le produit soit même descendu plus bas que les graines de maïs. Dans ce cas, pas de phytotoxicité mais pas d’efficacité non plus !
Pour en savoir plus, retrouvez l’ensemble de nos préconisations dans notre guide régional maïs 2025.
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