Lin fibre de printemps : attention au risque altises, même s’il fait froid et humide
Dès la germination et jusqu’au stade 3
Les altises du lin désignent deux espèces de coléoptères : la grande altise (Aphtona euphorbiae) et la petite altise (Longitarsus parvulus).
Anticiper
La préparation du sol et la date de semis influence le risque altises.
Il est alors recommandé :
- D’assurer une levée rapide des lins pour réduire la période de sensibilité de la culture vis-à-vis des altises. Les premiers lins semés ne bénéficiant pas de conditions réchauffées, la vigilance est de mise.
- De limiter la présence de résidus et de mottes dans la parcelle.
Evaluer le risque
Estimer l’abondance d’altises dans les parcelles est nécessaire pour envisager des solutions de lutte directe. Plusieurs méthodes complémentaires existent pour suivre les populations.
Retrouvez, sur la chaîne YouTube ARVALIS TV, des démonstrations de ces méthodes (mots clés : altise – lin fibre).
Suivre la somme des températures
Cette méthode permet d’effectuer un suivi prévisionnel des populations. Les recherches effectuées dans le cadre du projet Alticontrôle (2014-2016) ont mis en évidence une corrélation entre l’activité des altises et le cumul des températures maximales supérieures à 13°C depuis le semis. En effet, cette activité est observée dès lors que les températures maximales dépassent 13°C, qui plus est, lors de journées ensoleillées. Ainsi, une date prévisionnelle du début du pic d’activité peut être théoriquement calculée.
Dans les premières linières semées, les altises peuvent être déjà présentes (tableau 1). Il sera ainsi nécessaire de surveiller attentivement ces parcelles par l’intermédiaire de la feuille A4 et de la cuvette jaune.
Tableau 1 : Dates prévisionnelles du début du pic d’activité des altises en fonction de la date de semis et du climat
(Source des données : METEO FRANCE)
Mettre en place une cuvette jaune
Cette méthode permet de détecter les premiers vols d’altises. Une cuvette jaune, identique à celles utilisées pour le colza, est enterrée au moment du semis dans la parcelle et relevée tous les deux jours. Lorsque les captures évoluent rapidement (entre 50 et 100 d’individus capturés quotidiennement), on estime que les altises sont en activité.
Le dénombrement sur la feuille A4
Cette méthode permet d’évaluer l’activité et les populations d’altises sur la parcelle à un instant « t ». Elle consiste à déposer une feuille A4 de couleur verte au sol, d’en faire le tour à 30 cm des bords et compter les altises sautant sur la feuille. Il est préférable de réaliser cette mesure en début d’après-midi et de la répéter quatre fois à différents endroits de la parcelle (du bord au centre). La moyenne des altises comptabilisées représente un des indicateurs clés permettant d’ajuster sa stratégie de lutte.
Adapter sa stratégie de lutte en fonction du risque
La période de sensibilité du lin aux altises s’étend de la germination au stade 3 cm. Durant cette période, le niveau de risque doit être régulièrement évalué. Après la détection des premiers vols, il est conseillé de suivre sa parcelle tous les 24 à 48 h. Au-delà du stade 3 cm, ce suivi n’est plus nécessaire.
Pour évaluer le niveau de risque, quatre paramètres doivent être pris en compte : l’abondance des altises à l’aide la méthode de la feuille A4, les conditions météorologiques, le stade du lin et le niveau de dégâts.
ARVALIS propose une grille d’évaluation du risque altises pour accompagner la prise de décision quant à l’ajustement de la stratégie de lutte directe.
Figure 1 : Grille d'évaluation du risque lié aux altises
Protéger
Ajuster la stratégie de lutte chimique
Si le risque est faible, il n’est pas nécessaire d’intervenir mais une réévaluation est nécessaire 24 h ou 48 h après l’observation. Si le risque est moyen, il est préférable d’opter pour une solution à base de lambda-cyhalothrine (type Karate Zeon à 0,075 l/ha). Deux interventions peuvent être nécessaires si le risque est élevé. A partir de la deuxième feuille sortie, une application de Trebon30 EC à la dose de 0,2 l/ha permet une efficacité satisfaisante.
D’autres solutions sont disponibles (tableau 2).
Tableau 2 : Efficacité des différentes spécialités utilisables pour lutter contre les altises du lin
Optimiser l’efficacité des traitements insecticides
La réussite de la stratégie de lutte chimique dépend des conditions d’application des produits. Les solutions homologuées étant principalement des produits de contact, leur efficacité dépendra du nombre d’altises touchées lors de la pulvérisation. Trois règles sont à retenir :
- Traiter quand les altises sont présentes dans les linières : les insectes étant principalement actifs lorsque les températures sont douces, la période optimale pour réaliser un traitement se situe en fin d’après-midi d’une journée ensoleillée.
- Traiter avec un volume de bouillie conséquent : les traitements doivent être réalisés avec un volume minimal de bouillie de 150 l/hectare afin d’augmenter la probabilité de toucher les altises.
- Adapter le type de buse : les buses choisies doivent permettre la formation de gouttes de taille petite à moyenne afin d’augmenter la probabilité qu’une altise soit atteinte par celles-ci. Ce matériel expose toutefois à un risque de dérive plus important.
La période idéale pour traiter est la fin d’après-midi. Ce créneau assure la présence des altises tout en limitant le risque de dérive.
Consultez la vidéo « Altise du lin : comment lutter contre ce ravageur ? »
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