Techniques sans labour - Les économies de charges à la clé
Les charges de mécanisation et de main d’œuvre représentent environ 45 % des charges totales d’une exploitation. La récolte, le travail du sol et le semis en sont les composantes les plus importantes. Il est donc légitime de s’interroger sur les possibilités de réduction des coûts d’implantation des cultures.
Des études ont été réalisées en 2006 et 2007 dans 11 régions (Picardie, Gâtinais, Champagne crayeuse, Champagne berrichonne, Lorraine, Barrois, Pays-de-Loire, Poitou-Charentes et Lauragais). Chaque situation (une « ferme-type ») est caractérisée par un type de sol, une surface agricole utile (SAU), un climat, un assolement, une main-d’œuvre disponible. Différents scénarii sont testés avec pour chacun un parc matériel et des itinéraires techniques pour chaque culture. Les amortissements calculés sont « techniques », c’est-à-dire pour des matériels achetés neufs et amortis de manière linéaire sur leur durée de vie.
Le scénario de référence est basé sur le labour, sur 100 % de la surface ou une partie seulement en fonction des pratiques locales. Le « labour simplifié » est un scénario où la part de la surface labourée est réduite sans pour autant être supprimée totalement. Les « TSL classiques » correspondent à des situations conduites en techniques sans labour (TSL) sur 100 % de la surface tout en gardant le matériel traditionnel sur l’exploitation. Sur le semoir, souvent combiné à un outil de préparation, les éléments semeurs à socs peuvent être remplacés par des disques. Les « TSL spécial » sont toujours des situations en non labour mais avec un changement de type de semoir, par exemple un semoir spécial à disques type semis direct. Le semis est réalisé sur un sol préparé, mais de manière souvent moins « intensive » qu’en « TSL classique ». Les « TSL déchaumage-semis » ont des itinéraires proches des « TSL spécial » mais en faisant appel à des matériels qui peuvent à la fois semer et déchaumer. On parle de semoirs sur déchaumeurs, à disques ou à dents, qui permettent de réaliser toutes les opérations de déchaumage et semis avec un matériel relativement peu onéreux, peu gourmand en puissance et offrant un bon débit de chantier. Dans une étude, c’est du semis à la volée (DPS 12) recouvert par un déchaumage qui permettait d’implanter toutes les cultures d’automne. Enfin, le semis direct a été testé, sachant qu’aucune opération de travail du sol n’y est réalisée. Le semis est réalisé avec un semoir « semis direct » à disques, plus rarement sous la coupe dans le cas du colza.
Figure 1 : Coût d'implantation des cultures en fonction des techniques d'implantation utilisées
Une réelle économie
La figure 1 présente une synthèse de ces études. Ces chiffres sont des tendances, qui cachent de fortes disparités. Mais il est quand même possible d’en tirer certains enseignements.
Evalué en moyenne à 167 €/ha en labour, le coût d’implantation est de 156 €/ha en labour simplifié, 133 €/ha en TSL classique, 121 €/ha en TSL spécial, 86 €/ha en TSL déchaumage- semis et même 84 €/ha en TSL semis direct. Les TSL permettent donc une réelle économie sur les coûts d’implantation. L’augmentation du coût des herbicides non sélectifs (en remplacement de la destruction mécanique des repousses) est très largement compensée par la réduction du coût de la main-d’œuvre et surtout des charges de mécanisation. À noter que dans tous les scénarii, la traction (nombre de tracteurs et puissances) a été optimisée par rapport aux besoins des matériels tractés et des opérations à réaliser. Cette optimisation de la traction n’est pas toujours mise en œuvre dans les exploitations ayant opté pour le non labour total. Par exemple, en Champagne crayeuse, pour un scénario sans labour avec matériel traditionnel, on peut économiser 27 €/ha en passant de trois tracteurs (2,2 CV/ha) à deux tracteurs (1,4 CV/ha). Cela montre l’intérêt de faire des études sur les charges de mécanisation au cas par cas, en fonction des parcs matériels et itinéraires retenus. Par ailleurs, quelle que soit l’économie sur les charges de mécanisation suite à l’abandon du labour, il en ressort quasiment systématiquement un gain sur le temps de travail, même s’il faut le nuancer en fonction de la simplification du travail du sol.
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