Le grand retour du piétin-verse ? Observez vos parcelles et évaluez le risque
Peu présent depuis dix ans, le piétin-verse était de retour à la fin de la dernière campagne de blé. Il a à nouveau profité des conditions douces et pluvieuses de cet automne/hiver pour se développer. Avec de l’avance, les premières parcelles ont atteint le stade épi 1 cm, marquant le début de la surveillance des maladies. D’après les modèles de prévisions, le risque climatique est faible à élevé selon la date de semis. Pour affiner le diagnosctic, il faut tenir compte d’autres paramètres - résistance de la variété, historique de la parcelle, inoculum du champignon…-. Et surtout, observer l’évolution des symptômes au champ, pour déclencher ou non un traitement.
Comment reconnaître le piétin-verse ?
Les symptômes sont généralement observés du début de la montaison à la maturité et évoluent avec le stade et les organes du blé :
- En fin de cycle, le piétin-verse est facilement identifiable avec, en bas de tige, sur la gaine, une tache ovale bordée par un liseré brun diffus. Après avoir soulevé successivement les gaines, on observe un ou plusieurs points noirs sur la tige (stromas) qui ne s’enlèvent pas lorsque l’on frotte dessus (photo 1). Le piétin-verse n’est pas forcément présent sur toutes les tiges d’une même plante, il provoque une rupture d’alimentation et donc l’échaudage d’épis isolés (épis blancs). Les racines sont saines à la différence du piétin-échaudage.
- Au moment où la lutte peut se faire (entre épi 1 cm et 1 nœud), les premiers symptômes de piétin-verse ne sont pas aussi clairs que sur les belles photos des livres. La tache n’a pas encore traversé les différentes gaines lorsqu’on les épluche. Le stroma est bien souvent absent ou peu visible. Les symptômes sont localisés sur la première gaine, avec toujours la tache ovale en bas de tige comme moyen de reconnaissance (photo 2).
Photo 1 : Symptômes de piétin-verse en fin de cycle
Photo 2 : Symptômes précoces du piétin-verse (épi 1 cm)
Le piétin-verse est inféodé à la parcelle, l’inoculum est localisé sur les pailles ou les repousses. Il est principalement favorisé par un retour fréquent du blé et le labour, lorsqu’il ramène des résidus infectieux en surface. Le type de sol joue également avec un risque de développement accru en sols limoneux. Les semis précoces, associés aux conditions climatiques favorables au développement de la maladie, augmentent également le niveau de risque.
Climat chaud et pluvieux : favorable au développement du piétin-verse
Les conditions de ces derniers mois, tout comme en 2001 (année à forte pression), en font une année favorable au piétin-verse. Le début de la campagne 2023-24 étant même l’un des plus chauds et pluvieux de ces dernières années (figure 1) !
Figure 1 : Conditions climatiques du 1er octobre 2023 au 13 mars 2024, par rapport aux 20 dernières années (station météo de Radinghem, 62)
Modélisation du potentiel de risque climatique
Le risque climatique de développement du piétin-verse est estimé à partir du modèle TOP, au stade épi 1 cm du blé tendre. Pour des semis à dates classiques en octobre, le risque climatique actuel est élevé (figure 2). Attention, ce risque climatique maximal a été calculé pour une situation à risque avec une variété sensible (note de résistance < 5) et un inoculum non limitant. Les facteurs agronomiques cités précédemment ne sont pas pris en compte dans ce modèle climatique.
Figure 2 : Potentiel climatique de développement du piétin-verse prévu par le modèle TOP au stade épi 1 cm du blé tendre pour un semis à dates classiques
A noter : pour les semis après le 20 novembre (dus aux intempéries de l’automne), le potentiel de risque climatique estimé vis-à-vis du piétin-verse est quant à lui faible à moyen. Ce qui concerne un nombre significatif de parcelles ; vu les décalages de semis cette année.
Les moyens de lutte contre le piétin-verse
La résistance variétale est un premier levier permettant de lutter contre le piétin-verse.
Figure 3 : Notes de résistance des variétés de blé tendre les plus cultivées vis-à-vis du piétin-verse
Pour les variétés résistantes (résistance conférée par le gène pch1 principalement) qui présentent une note variétale ≥ 5, aucune intervention n’est nécessaire. Quelques symptômes en fin de cycle peuvent être visibles sans perte de rendement.
Les variétés sensibles, présentant une note entre 1 et 4, doivent être observées en priorité pour décider, ou non, d’une intervention spécifique :
- Evaluation du risque à la parcelle (précédent, travail du sol, modélisation climatique par le modèle TOP, etc.) en se référant à la grille de risque (figure 4).
- Score de la grille compris entre 6 et 8 : le risque est moyen.
Observer les symptômes sur environ 50 tiges et intervenir si le pourcentage de plantes atteintes est supérieur à 35 % (seuil de rentabilité du traitement) ou si des dégâts ont été observés sur la parcelle les années précédentes. - Pour un score ≥ 9 : le risque est fort.
→ Intervention à prévoir autour du stade épi 1 cm, même en l’absence de symptômes visibles. Au-delà de 1 nœud, l’intervention perd son efficacité. Les traitements possibles sont :
- Flexity 0,5 l/ha (à base de métrafénone)
- Unix Max 1,2 l/ha + Flexity 0,3 l/ha (Unix Max : à base de cyprodinil)
(Les fongicides actuellement utilisables pour lutter contre la maladie offrent des efficacités variables entre épi 1 cm et 1 nœud, et quasi nulles après 2 nœuds).
Figure 4 : Grille de risque de développement du piétin-verse
Voici des cas-types testés dans la région, sur variétés sensibles (note de résistance < 5), permettant d’obtenir la modélisation du potentiel de risque climatique et de déterminer un « score climat » d’équivalence, pour l’incrémenter à la grille de risque.
Tableau 1 : Indice TOP de risque climatique au stade épi 1 cm du blé tendre (au 19 mars 2024)
La nuisibilité directe du piétin-verse sur blé tendre est de l’ordre de 3 à 4 q/ha – en absence de verse – et de 15-20 q/ha avec de la verse. Le choix variétal reste donc le premier levier.
Utilisez le Baromètre Maladies blé tendre pour vous aider à interpréter le risque piétin-verse à la parcelle.
Pour plus d’informations, consultez la fiche accidents piétin-verse d’ARVALIS.
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