Agriculture biologique - La maîtrise des adventices varie selon la stratégie mise en place
La gestion des adventices en agriculture biologique est parfois un obstacle à la bonne conduite des cultures. Une étude, menée entre 2014 et 2016, a évalué la performance de différentes stratégies. Il en ressort que les efficacités et les coûts de mise en œuvre sont très variables.
En agriculture biologique, la maîtrise des mauvaises herbes exige de mobiliser des moyens de lutte préventifs et curatifs dans une stratégie agronomique et technique cohérente, c’est-à-dire adaptée à la flore présente et au contexte de production. C’est ce qui ressort de l’analyse de 19 systèmes de culture du réseau expérimental RotAB, conduits en agriculture biologique depuis 2002 pour le plus ancien, 2013 pour les plus récents.
Un dispositif expérimental diversifié
Localisés dans des milieux contrastés (9 sites), ces systèmes mettent en œuvre des stratégies diversifiées de gestion des adventices : des leviers préventifs (rotation, travail du sol), des moyens curatifs (désherbage mécanique en culture) ou la combinaison des deux.
Quatre indicateurs permettent d’appréhender le niveau de maîtrise des adventices : leur densité, leur biomasse, le nombre d’espèces présentes et l’équilibre entre espèces.
L’analyse a mis en évidence, sur l’ensemble des parcelles, quatre groupes homogènes correspondant à trois niveaux de maîtrise de la flore : faible, intermédiaire et élevé. Chaque groupe correspond à une stratégie de gestion des adventices différente, pour des coûts de mise en œuvre variés (tableau 1).
Tableau 1 : Lien entre stratégie mise en œuvre, niveau de maîtrise des adventices et coûts en mécanisation et main-d’œuvre de la stratégie
(1) Cet indice (dont la valeur est comprise entre 0 et 1) traduit le degré de diversité de la flore et d’équilibre entre les espèces. Plus l’indice est proche de 1, plus on considère que la flore présente est « équilibrée » (pas d’espèces majoritaires).
(2) Il s’agit des charges de mécanisation et de main d’œuvre liées au travail du sol, labour compris, et au désherbage mécanique et éventuellement manuel mis en œuvre sur la parcelle. Ce coût ne prend pas en compte le manque à gagner lié à l’introduction éventuelle d’une culture peu rémunératrice mais nettoyante vis-à-vis des adventices.
(3) Le choix des cultures semble être fait surtout d’un point de vue économique, peu de cultures de services ou facilitatrices du désherbage sont présentes dans la rotation (ex : pas de luzerne, pas d’association de cultures, peu de couvert, etc.)
A la recherche permanente d’un équilibre
Les stratégies mises en œuvre pour maîtriser les adventices sont décidées en fonction du contexte pédoclimatique mais aussi du niveau d’infestation, qui lui-même dépend du contexte pédoclimatique et de la stratégie mise en œuvre.
Ces stratégies sont donc raisonnées à l’échelle du système de culture, en fonction de ses objectifs, du contexte pédoclimatique, mais adaptés aussi à l’état de la parcelle, et à son historique. Une souplesse est nécessaire afin de pouvoir s’adapter à l’évolution de la flore.
Des leviers plus efficaces que d'autres
L’étude a aussi cherché à classer différentes pratiques en fonction de leur effet sur la flore : en premier lieu sur dires d’experts puis sur la base des résultats collectés dans le réseau expérimental RotAB. Il en ressort que la rotation (choix des cultures, de leur succession et de l’insertion de cultures pluriannuelles) et le maintien d’un labour fréquent sont deux leviers déterminants pour expliquer la maîtrise des adventices. Le travail du sol en interculture et le désherbage mécanique ont également un fort effet.
Des résultats à confirmer sur un plus grand nombre d’années
Cette analyse suggère qu’une stratégie préventive, mise en œuvre dans un contexte pédoclimatique propice , est plus efficace qu’une stratégie mettant en œuvre des leviers curatifs seuls.
La consolidation de cette étude est envisagée en élargissant le nombre d’années suivies sur ces mêmes essais.
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.