« Il faut simplifier les indicateurs de biodiversité fonctionnelle »
« Biodiversité fonctionnelle : mythe ou réalité ? », tel était le sujet de la table ronde organisée aux Culturales sur l’intérêt des auxiliaires de cultures. Sans le contester, les experts soulignent le besoin de disposer d’indicateurs simples pour stimuler la mise en place de pratiques qui leur sont favorables.
Auxiliaires de cultures, biodiversité fonctionnelle, organismes facilitateurs… La sémantique est riche pour désigner les organismes vivants qui peuplent les paysages agricoles et rendent un service écosystémique. « Ces services sont classés en trois grandes catégories : régulation des ravageurs, pollinisation et activité biologique du sol », indique Xavier Mesmin, ingénieur d’étude biodiversité chez ARVALIS. La fin de l’ère du tout chimique, soutenue par des politiques environnementales favorables, signe le retour en force de la biodiversité fonctionnelle comme stratégie de lutte contre les bioagresseurs des grandes cultures. À juste titre ? s’interrogent les experts invités à la table ronde sur le sujet lors des Culturales, le 15 juin 2023 à Congerville-Thionville (91).
Une efficacité légitime à combiner à d’autres leviers
« C’est un mythe de penser qu'on peut passer d’une lutte chimique à une lutte biologique avec les mêmes résultats en termes d’efficacité contre les ravageurs. Parfois ça marche, parfois non. Parfois ça marche sur les rangs en bord de parcelle, mais si on fait 20 m dans la parcelle, ça ne marche plus. C’est un sujet extrêmement complexe », illustre Xavier Mesmin. Pour autant, tous s’accordent pour affirmer que, combinée à d’autres leviers, c’est une piste sérieuse.
« Un projet de recherche en Bourgogne avec 10 agriculteurs vise à mobiliser la biodiversité fonctionnelle pour gérer les ravageurs d’automne sur colza. Et les résultats sont vraiment encourageants », appuie Nicolas Cerrutti, chargé d'études pollinisation et régulation naturelle chez Terres Inovia.
Chez Soufflet, des cahiers des charges pour favoriser la biodiversité
Le groupe Soufflet a même déjà mis en place des moyens incitatifs. « Certains de nos cahiers des charges imposent un nombre de cultures minimales, des bandes fleuries, des couverts végétaux élaborés, c’est-à-dire composés de 3 à 5 espèces. Mais ce qui nous manque, ce sont des indicateurs d’impact des pratiques favorables à la biodiversité qui soient simples et déployables à grande échelle, pour toucher un maximum d’agriculteurs », témoigne Philippe Vincent, directeur des filières chez Soufflet Agriculture.
Des indicateurs nécessaires pour rémunérer les bonnes pratiques
Un verrou dont les instituts techniques ont bien conscience. « Sans indicateur, c’est compliqué de valoriser économiquement les pratiques », approuve Xavier Mesmin. Un projet sur le développement de ces indicateurs devrait justement voir le jour, dans l’optique de diffuser les connaissances acquises depuis plusieurs dizaines d’années dans le milieu scientifique sur les liens entre pratiques agricoles, paysage et biodiversité fonctionnelle. À l’issue du projet, ARVALIS ambitionne de développer, avec ses partenaires d’Agrosolutions, de l’ACTA, de SMAG et de la SCARA, un modèle mathématique de calcul des indicateurs de biodiversité les plus pertinents, intégrable dans divers outils d’évaluation multicritères comme Systerre®, Smag Trace®, Agrosyst ou encore MesParcelles.
Consultez la table ronde en replay :
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