Faune auxiliaire - Les carabes participent à la régulation naturelle des limaces
Les limaces peuvent être la source d'importants dégâts en grandes cultures. Le contrôle biologique de ces ravageurs par des auxiliaires, tels que les carabes, espace les pics de pullulation. Connaître et observer ces invertébrés peut permettre de favoriser la régulation naturelle.
Deux espèces de limaces s’attaquent aux grandes cultures
En grandes cultures, deux espèces peuvent représenter un danger pour la production. La limace grise (Deroceras reticulatum) responsable de 80 % des dégâts en France, et la limace noire (Arion hortensis). Elles attaquent volontiers les jeunes plantules dès la levée, voire dès le semis pour des graines en surface, pouvant conduire jusqu’à leur disparition.
Limaces grises (Deroceras reticulatum – à gauche) et limace noire (Arion hortensis – à droite).
Une météo douce et humide favorise leur activité. En effet, un sol humide, des débris végétaux, de la matière organique et des mottes en surface sont autant de facteurs de risques pour la prolifération des limaces.
Les auxiliaires contre-attaquent
Comme pour la majorité des ravageurs, il existe des prédateurs permettant de réguler naturellement les populations de limaces. Parmi eux, certaines espèces de carabes (surtout les larves, mais aussi les adultes), de staphylins ou encore d’araignées consomment des œufs de limaces, voire des individus adultes entiers.
Ces auxiliaires sont des prédateurs généralistes, ce qui signifie qu’ils sont efficaces dès l’installation du ravageur et qu’ils vont contribuer à espacer les pics de pullulation. Ils ne sont cependant pas de gros consommateurs : ils ne peuvent donc pas réduire l’intensité des pullulations. Certaines études ont démontré, en analysant leur contenu stomacal, qu’ils se nourrissent d’une grande diversité d’insectes et de mollusques (ainsi que de graines d’adventices pour certains carabes, d’où l’importance de chercher à les préserver). Ce sont donc de bons candidats pour une régulation naturelle des populations de limaces, que ce soit au stade larvaire ou au stade adulte.
Une étude menée dans le cadre du projet ARENA (2018-2019) a montré que 10 % des carabes en parcelles de blé ont consommé au moins une limace. La prédation est plus importante au printemps qu’à l’automne, ce qui est potentiellement lié à la plus grande diversité d’auxiliaires à cette période. Ainsi, il est clair que la lutte biologique par conservation doit être utilisée en complément d’autres leviers pour réguler les populations de limaces.
Comment favoriser le contrôle biologique des limaces ?
Cependant, de nombreux facteurs impactent la survie de ces auxiliaires et donc les services écosystémiques qu’ils rendent. Certaines pratiques agricoles locales permettent de favoriser leur présence dans les parcelles afin d’accroître leur activité.
C’est par exemple le cas de la réduction du travail du sol. En effet, certaines pratiques, telles que le labour, sont délétères pour les carabes qui vivent à la surface du sol et dont le cycle de développement larvaire s’effectue sous le sol. Moins de travail du sol permet donc de maintenir leur présence dans les parcelles.
Réduire l’utilisation d’insecticide contre certains ravageurs est un autre moyen de favoriser les auxiliaires puisque ces produits agissent également sur le reste des insectes et plus généralement sur toute la faune du sol. Un traitement sera d’autant plus dommageable que le couvert est peu développé, une plus grande part du produit atteignant la surface du sol.
Enfin l’implantation de zones refuges (bandes herbacées, haies…) en bordures de parcelles ou l’intégration de couverts végétaux dans la rotation préservent la diversité des auxiliaires et prédateurs en leur offrant des abris, des ressources ainsi qu’un climat propice à leur multiplication.
Au contraire de la lutte chimique, le but de ces actions n’est pas d’éradiquer totalement les populations de limaces mais bien de retrouver un équilibre entre les espèces se régulant entre elles.
Les limaces et leurs ennemis naturels : évaluer les populations de sa parcelle
Le caractère nocturne des limaces les rend plus difficiles à observer. Il est cependant possible de suivre leurs populations en installant des pièges à limaces, simples d’utilisation, afin de prévenir d’éventuelles attaques.
Dans une étude réalisée au cours du projet ARENA, 66 % des limaces ont été observées sous ces pièges à limaces, contre 34 % dans des pots Barber. Ces derniers sont cependant très adaptés pour observer les ennemis naturels des limaces, que ce soient les carabes, les staphylins ou les araignées.
Piège à limace (à gauche) et pot Barber (à droite).
D’autres méthodes d’observation des limaces et de leurs ennemis naturels, basées sur l’utilisation de capteurs, caméras et algorithmes de reconnaissance automatisés, sont en cours de développement.
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