Blé tendre : faut-il semer plus tôt pour éviter les risques de sécheresse ?
Le profil atypique de l’année 2011 ne doit pas servir de base pour établir de nouvelles préconisations de dates de semis. Seules des analyses fréquentielles permettent de décrire correctement le climat d’une région et d’estimer l’intensité et l’occurrence des différents risques climatiques. Pour les espèces sensibles au froid, il faut assurer un développement suffisant lors de l’arrivée du froid hivernal. On doit ensuite éviter une montaison trop précoce en sortie d’hiver qui exposerait la culture à un gel tardif. Enfin, pour les milieux à fin de cycle chaude, on recherchera une phase de remplissage suffisamment précoce.
Ne pas caler le raisonnement sur l’année 2011 atypique
Le couple Date de semis x Précocité variétale conditionne le positionnement phénologique du cycle des cultures, et notamment leur exposition plus ou moins forte aux accidents climatiques. Ces références historiques ont été bâties sur des résultats d’essais de réponse du rendement et des simulations agro-climatiques d’occurrence d’accidents.
Cette année, les effets précocités ont été complexes : les situations très précoces (orge d’hiver) ont vu leur élaboration du nombre d’épi se produire avant une phase de stress maximale, ce qui a pu quelque peu aider à maintenir un rendement convenable. A l’inverse, les situations tardives (blés tendres par opposition aux orges d’hiver, blés tardifs par opposition aux blés précoces) ont pu bénéficier in extremis de retour de conditions favorables au remplissage. Le profil atypique de l’année 2011 ne permet pas de dresser des recommandations sur des résultats aussi différents et ne peut donc pas servir de base pour constituer de nouvelles préconisations de dates de semis.
De même, les conditions d’apparition du froid fin novembre-début décembre pourraient plaider en faveur de semis précoces, mais rien ne permet d’affirmer qu’elles se reproduiront à l’avenir.
Les voies d’adaptation au changement climatique à l’étude
Les tendances fortes pluriannuelles qui doivent guider le choix de la date de semis (au regard du type variétal implanté) restent les suivantes :
- pour les espèces sensibles au froid (blé dur, orge de printemps semée en automne, voire orge d’hiver), il faut assurer un développement suffisant lors de l’arrivée du froid hivernal.
- éviter une montaison trop précoce en sortie d’hiver exposant ainsi la culture à un gel tardif
- pour les milieux à fin de cycle chaude, s’assurer de réaliser une phase de remplissage suffisamment précoce
- pour limiter l’exposition à des jours échaudants (Tmax >25 °C) ou à du stress hydrique.
Seules des analyses fréquentielles (20 ans minimum) permettent de décrire correctement le climat d’une région et d’estimer l’intensité et l’occurrence des différents risques climatiques. Compte-tenu de la récente dérive climatique observée au cours des 30 dernières années, il est nécessaire de mettre à jour et de revalider les références historiques de date de semis au regard du réchauffement subi. Ainsi, on peut d’ores et déjà avancer que les semis tardifs sont plus exposés aux fins de cycles chaudes et éventuellement sèches qu’il y a 20 ou 30 ans, et nécessiteraient d’être avancés pour revenir à un niveau de risques climatiques moindre.
Néanmoins, il existe des interactions complexes avec le rythme de développement des cultures qui doivent être analysées en détail pour permettre un conseil fiable, sur tout le territoire et toutes les gammes de précocité. Par ailleurs, pour des raisons sanitaires, les dates de semis ne peuvent pas être toujours avancées. La sélection de variétés à rythme de développement différent (tardif à montaison et précoce à maturité) pourrait permettre sans augmenter les risques d’accident climatique, d’avancer les dates de semis.
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