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Irrigation de la pomme de terre: les 3 étapes du pilotage de l’irrigation

En amont de son déclenchement jusqu'à l'arrêt, l'irrigation se base sur différents critères.

L'irrigation de la pomme de terre en trois étapes

Le déclenchement des irrigations

Pour déterminer le déclenchement des irrigations il faut :

Évaluer l’état hydrique du sol

Le début des opérations d’irrigation s’appuie sur le suivi du dessèchement du sol. Il peut être réalisé par le calcul du bilan hydrique ou par la mesure dans les parcelles de l’humidité du sol ou de sa tension en eau.

Le bilan hydrique

Cette méthode fait le bilan d’eau entre les entrées et les sorties d’eau du sol (voir encadré 1). Les besoins en eau de la pomme de terre sont estimés à partir de la demande climatique, l’ETP (Evapotranspiration potentielle) et du coefficient cultural Kc dont les valeurs varient en fonction des stades. Il est aussi nécessaire de mesurer la pluie et les doses d’irrigation. L’irrigation est conseillée lorsque la réserve facilement utilisable est épuisée, en anticipant cependant les irrigations en tenant compte de la durée du tour d’eau temps nécessaire pour irriguer toutes les parcelles. ARVALIS - Institut du végétal a développé l’outil Irré-LIS®, un bilan hydrique pour les agriculteurs et les techniciens, disponible est en ligne sur le web.

Application de la méthode du bilan hydrique

1 – Estimation de la réserve utile du sol (ru), et de la réserve utilisable par la plante (RU) (voir tableau 1)

 

 2 – Pilotage de l’irrigation par la méthode du bilan hydrique
 Calcul, à la fréquence hebdomadaire, de l'état de la Réserve Utile (RU) c'est-à-dire la quantité d'eau dans le sol.
RUS = RUS-1 + PS + IS – (KcS x ETPS
Avec :  RUS : Etat de la réserve utile à la fin de la semaine s
               RUS-1 : Etat de la réserve utile à la fin de la semaine s – 1
               PS : Précipitation de la semaine s IS : Irrigation de la semaine s
               KcS : Valeur du coefficient cultural à la semaine s (voir le tableau 2 ci-dessous)
               ETPS : ETP de la semaine s



Déclenchement de l’irrigation lorsque la réserve facilement utilisable (RFU) est vide c’est-à-dire lorsque :
RFU = (1/3) x (ru x profondeur d’enracinement) = 1/3 RU

Mesure de la tension en eau du sol ou des humidités 

La mesure des tensions, notamment à partir des sondes tensiométriques Watermark®, permet de suivre le dessèchement du sol.

La  méthode IRRINOV® utilisant la tension comme indicateur de l’état hydrique du sol a été développée par ARVALIS - Institut du végétal en collaboration avec de nombreux partenaires (voir encadré 2). Cette méthode régionalisée rassemble les règles de conduite de l’irrigation pour les pommes de terre de consommation et de transformation. Elle a été paramétrée dans de nombreuses régions et propose des seuils qui varient en fonction des types de sols, du stade de la culture et de la durée du tour d’eau.

Encadré 2. IRRINOV®

La méthode IRRINOV® est diffusée depuis 2004 pour les sols de limon du Santerre et du Pas-de-Calais pour les variétés à chair ferme Charlotte, Amandine, Chérie, Franceline, Ratte et Exquisa et pour les variétés de type transformation comme la Bintje, Santana et Russet Burbank. En 2006, elle est élargie aux sols argileux avec des règles spécifiques dans cette région. Elle est également diffusée en Champagne-Ardenne (AFLHORCA) en sols de craie.

Il s’agit d’une méthode mise au point par ARVALIS - Institut du végétal avec la collaboration de McCain, le GITEP et la Chambre d’Agriculture du Pas-de-Calais. Elle a été paramétrée par l’AFLHORCA en Champagne-Ardenne.

IRRINOV® permet d’assurer une alimentation hydrique de la pomme de terre sans gaspillage, en optimisant l’utilisation de la réserve du sol et l’efficacité de l’irrigation. Elle comprend le guide utilisateur, le carnet terrain pour l’enregistrement au champ des tensions, des pluies, des irrigations et des stades, 6 sondes Watermark®, un pluviomètre, le boîtier de lecture ou enregistreur et une tarière pour l’implantation des sondes.

Pour plus de précision sur la méthode IRRINOV®, se reporter aux guides de l’utilisateur de la méthode, disponibles auprès des partenaires et sur le site IRRINOV® .

Depuis quelques années des sondes capacitives permettant de mesurer directement l’humidité du sol sont commercialisées pour aider au pilotage des irrigations.

Les avantages et inconvénients des différents capteurs sont indiqués dans le tableau ci-dessous (tableau 3) :

Observer le stade de la culture

Pour les pommes de terre destinées à la transformation, en particulier pour la production de frites, l’irrigation débutera dès le début de la période d’initiation des tubercules. La plante couvre la moitié du rang et les besoins en eau deviennent élevés. 

En revanche pour les variétés de consommation, en particulier quand l’objectif de production vise un nombre élevé de tubercules et un calibre moyen à petit, l’irrigation pourra débuter, en temps sec, dès le stade levée. En effet, ces irrigations sont bénéfiques pour le nombre de tubercules initiés surtout pour les variétés à faible tubérisation ou à tubérisation sensible au stress hydrique.

Les irrigations réalisées au stade début initiation de la tubérisation ou au stade levée (souvent de la 2ème quinzaine de mai à la 1ère quinzaine de juin) permettent également de lutter contre la gale commune pustuleuse (quand elle est présente).

Pour la première irrigation, préférer des apports limités de 15 à 20 mm de manière à ne pas endommager les buttes. La pression au canon doit être suffisante pour éviter les très grosses gouttes (exemple : 5 bars pour une buse de 20 mm).

Les 4 stades à connaître pour bien irriguer les pommes de terre

1- Stade « Levée »
Une plante est au stade « Levée » quand elle a au moins une tige à 3 feuilles. Une parcelle est dite au stade « Levée » quand 50 % des plantes ont au moins 3 feuilles. Ce stade détermine le début de la période d’irrigation par temps sec, pour les variétés à faible tubérisation et pour les variétés sensibles à la gale commune.



2- Stade « Initiation de la tubérisation »
Pour déterminer ce stade : observer les stolons sur 10 plantes représentatives de la parcelle. Une plante a atteint le stade « Initiation de la tubérisation » quand la moitié des stolons ont une ébauche de tubercule ayant deux fois le diamètre du stolon.  Une parcelle est dite au stade « Initiation tubérisation » quand 50 % des plantes ont atteint ce stade.
Ce stade constitue le début de la période d’irrigation pour les variétés qui tubérisent bien comme Bintje. Un statut hydrique convenable est nécessaire pour stabiliser le nombre de tubercules.

3- Stades « Fermeture des rangs » et « Début sénescence »
Le stade « Fermeture des rangs » est atteint quand le feuillage recouvre bien la terre et que, en vue de dessus, la terre n’est plus visible.

4- Le stade « Début sénescence » est atteint quand la couleur du feuillage commence à virer du vert au marron et quand les tiges commencent à s’affaisser.

La gestion des passages suivants

Le suivi du retour des irrigations d’après la méthode du bilan hydrique est présenté dans l’encadré 1. L’objectif de cette deuxième phase est de bien couvrir les besoins en eau de la plante jusqu’à quelques jours avant le défanage. Les doses d’irrigation sont généralement de 20 à 30 mm et le rythme doit être adapté au climat.

La méthode IRRINOV® propose par type de sol et de climat, un rythme d’apport (en mm/jour) permettant de couvrir les besoins en année sèche. Ce rythme est modulé en fonction des tensions mesurées à 30 cm et à 60 cm sous la butte.

Avant la reprise du tour d’eau suivant, et en respectant la périodicité standard, IRRINOV® permet de comparer les tensions à des seuils référencés dont les valeurs varient par rapport au stade de la culture. Si les seuils sont atteints, le nouveau tour d’eau commence. En revanche, si les seuils ne sont pas atteints, le tour d’eau est retardé.

Pour limiter le ruissellement, on adaptera l’intensité des apports à la vitesse d’infiltration de l’eau dans le sol.

L’arrêt des irrigations

L’arrêt des irrigations dépend de la date prévue de défanage et donc de la destination des pommes de terre. On limitera autant que possible l’irrigation en faisant participer au maximum les réserves en eau du sol et en prenant en compte la sensibilité variétale au stress hydrique.

  • Pommes de terre de consommation : la date d’arrêt dépend du rendement, des calibres et parfois de la teneur en matière sèche.
  • Pommes de terre à chair ferme : l’irrigation est arrêtée 4 à 8 jours avant la date prévue pour le défanage (ce délai dépend du climat). Les variétés à lenticelles apparentes ont un arrêt plus précoce (7 à 8 jours).
  • Pommes de terre destinées à la transformation industrielle, à la fabrication de frites, chips ou de purée : on recherche des teneurs en matière sèche des tubercules élevées (20 à 25 %). Afin de garantir les objectifs de production et la qualité de la récolte, le défanage doit être réalisé pour un taux de sénescence du couvert supérieur à 50 %. On respectera généralement un délai de 8 à 10 jours entre la date d’arrêt des irrigations et la date de défanage.

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