Choix des variétés de blé tendre - Des facteurs de risque à hiérarchiser
Le choix des variétés de blé tendre est l’une des étapes importante de l’itinéraire technique. Productivité, qualité et résistance aux maladies en sont les facteurs clés. Cette dernière prend de plus en plus d’importance du fait des évolutions réglementaires. Les variétés sensibles sont à éviter, en particulier dans les régions les plus exposées.
Les critères de qualité sont incontournables pour assurer les débouchés et valoriser au mieux la récolte. Pour la boulangerie et la meunerie, la classe de qualité technologique est importante. Plus globalement, quelles que soient les valorisations du blé, dont l’exportation (50 à 55 % des débouchés français), des teneurs en protéines et des poids spécifiques élevés sont recherchés. Une attention particulière sur l’aptitude des variétés à concentrer les protéines est recommandée.
Dans les régions d’élevage, la prise en compte des débouchés s’élargit à la production de paille. Les éleveurs privilégient alors les variétés à bonne hauteur de tige et à bonne capacité de tallage.
Après avoir défini le type de qualité visé, un compromis est à trouver entre précocité, rendement, aptitude à concentrer des protéines et résistances aux facteurs limitants, tels que les maladies ou la verse. La régularité des rendements, qui s’analyse à l’aide de réseaux d’essais multi-locaux et pluriannuels, est également un élément important dans la prise de décision. Il est recommandé de cultiver trois à quatre variétés à l’échelle de l’exploitation en introduisant régulièrement des variétés récentes qui apportent du progrès génétique.
Diversifier les précocités et les variétés
Le choix de la précocité des variétés se raisonne en fonction des contraintes du milieu : climat, type de sol (notamment par sa réserve utile) et précédent cultural qui conditionne les dates de semis. La bonne combinaison « précocité-dates de semis » vise à limiter les risques de gel, d’échaudage ou de stress hydrique.
En semis précoce, une variété tardive à montaison, photosensible, diminue fortement les risques de gel d’épi en cas d’automne et d’hiver doux. Une variété tardive à l’épiaison, donc à cycle long, donne accès (par l’allongement du cycle) à des potentiels de rendement plus élevés. Ce choix est judicieux en sols profonds et sous des climats plus tempérés. En milieux difficiles, la précocité à épiaison participe à l’évitement des conditions échaudantes de fin de cycle. Elle est incontournable dans les régions à sols superficiels ou sous les climats du sud de l’Hexagone. Dans les cas particuliers de semis très tardifs, derrière des précédents betteraves par exemple, ou dans les cas de semis de rattrapage, l’alternativité de la variété, c’est-à-dire son besoin en froid pour acquérir sa capacité à épier, devient un élément restrictif du choix.
Dans la mesure où ces éléments sont intégrés dans la prise de décision, diversifier les précocités de la sole est un moyen de limiter les effets des aléas climatiques. Si le classement en rendement fait généralement partie des critères de choix des variétés, la régularité entre zones de production et années est au moins aussi importante. Une précocité appropriée à la région et à la date de semis, de bonnes résistances au froid, à la verse et aux différentes maladies contribuent à l’obtention de cette régularité. Comme la variabilité des classements n’est pas facile à expliquer aujourd’hui par des effets de comportements face aux « à-coups » climatiques, la diversification des variétés sur l’exploitation reste une précaution.
Valoriser les résistances
Un autre axe du choix des variétés est celui de leur comportement face aux bioagresseurs. Il dépend du contexte pédoclimatique, de la parcelle mais également du système de culture. En parcelles touchées par la mosaïque la résistance s’impose. En cas de risque élevé de fusariose des épis, derrière un maïs ou un sorgho grain sans labour par exemple, seules les variétés les plus résistantes (notes de sensibilité à l’accumulation de mycotoxines supérieure ou égale 5,5) sont préconisées. En cas de retour fréquent du blé dans la rotation et en non labour, la résistance au piétin-verse est à valoriser.
Dans les parcelles fortement infestées en ray-grass du fait d’un fréquent retour des céréales dans la rotation, le choix d’un blé résistant au chlortoluron est une solution. Sur des parcelles à rotation courte, régulièrement infestées de cécidomyies orange, mieux vaut des variétés résistantes qui évitent un traitement insecticide difficile à positionner.
Régulièrement présente depuis 2011, une attention particulière mérite d’être portée à la rouille jaune. Il est généralement conseillé d’éviter les variétés sensibles (note < 5), en particulier dans le quart nord-ouest de la France où le niveau d’exigence sur ce critère peut être encore plus élevé.
Les variétés qui cumulent toutes les résistances étant rares, une hiérarchie des risques potentiels est nécessaire pour limiter le recours à la protection, retarder les dates d’intervention, diminuer les doses de produits phytosanitaires et limiter les pertes de rendement en situations d’interventions trop tardives.
Par ailleurs, l’intérêt de la résistance à la verse, souvent plus utile dans les zones à fort potentiel, dépend aussi du choix d’appliquer ou non un régulateur. Si les tiges en sortie d’hiver sont nombreuses et dans le cas d’une importante réserve utile associée à des reliquats d’azote élevés, la résistance à la verse est un facteur à ne pas négliger.
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