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Hauts-de-France

Cultures de printemps : après le 1er avril, mieux vaut s’orienter vers une autre espèce que l’orge

Suite à la forte pluviométrie enregistrée depuis l’automne 2023, les assolements ont dû être remaniés, avec des prévisions d’orges de printemps en remplacement du blé d’hiver. Cependant, les bonnes conditions n’étant toujours pas au rendez-vous en début 2024, certaines surfaces ne sont toujours pas emblavées. Quelques fenêtres climatiques semblent s’ouvrir en cette fin mars, rendant possibles les semis d’orges de printemps. Il peut être toutefois être judicieux d’opter pour d’autres espèces comme le maïs.

Jeunes semis d’orges de printemps en Hauts-de-France

La période idéale pour les semis d’orge de printemps, dans notre secteur, court du 15 février au 15 mars… mais la réalité cache plus de variabilité

La date de semis est conditionnée par la date de ressuyage des sols et la possibilité d’exécuter une bonne préparation superficielle. À la suite de l’hiver humide que nous avons eu, il était souvent bénéfique d’attendre un ressuyage correct du sol plutôt que de vouloir semer à tout prix : une orge mal implantée sera beaucoup plus sensible aux accidents climatiques à venir.

Les semis dits « tardifs » ont pour conséquence un retard du stade épiaison et un raccourcissement du cycle de la culture. Cela entraîne, comme pour toute culture de printemps au cycle court, une sensibilité accrue au manque d’eau entre le semis et l’épiaison et donc, une incertitude sur la capacité de ces orges de printemps à taller suffisamment (nombre d’épis/m² suffisant) pour assurer un rendement optimal. De même, ces semis tardifs seront plus affectés par des « à-coups » climatiques lors du remplissage.

Quand on analyse les rendement régionaux des orges de printemps en fonction de la date de semis (figure 1), on observe bien que, plus on décale la date de semis, plus le rendement diminue ; et passé le 15 mars, on prend le risque d’être en-dessous de la moyenne pluriannuelle et d’affecter la productivité.

Figure 1 : Rendement des orges de printemps en fonction de la date de semis – Nord France

Figure 1 : Rendement des orges de printemps en fonction de la date de semis – Nord France

Source : essais ARVALIS et partenaires 1995-2023 

Mais, dans nos sols profonds, il n’est pas rare de voir des semis plutôt tardifs avec de bons résultats à la moisson, principalement lorsque le climat lors de la montaison et du remplissage est favorable (2013 ou 2018) ou à l’inverse des semis à des dates « classiques » qui déçoivent en raison de printemps secs (2003, 2017, 2021) ou de conditions très mauvaises pendant le remplissage (comme en 2007). Les mauvaises performances, quelle que soit la date de semis, s’expliquent par un déficit de pluies entre le semis et l’épiaison, et une densité épis en retrait.

A l’heure actuelle, il est trop tôt pour se positionner sur les conditions climatiques à venir, et donc, sur le potentiel réel des orges de printemps cette année. En revanche, lorsqu’on analyse la figure 1, on observe que les essais semés après le 30 mars décrochent beaucoup plus fortement. Passé le 1er avril, les semis sont toujours possibles mais la prise de risque nous semble trop importante : on conseillera plutôt de basculer vers d’autres cultures de printemps type maïs.

Pour des semis entre le 15 et le 30 mars, le risque d’être déçu est accru par rapport à des semis de fin février mais les conditions climatiques de la montaison seront déterminantes.

Une conduite des semis tardifs à adapter ?

Il faudra évidemment adapter la densité de semis à ces implantations tardives : +1 % par jour pour des semis après le 15 mars (densité optimale de 270-330 gr/m2 en sols limoneux pour des semis classiques).

Concernant la fertilisation azotée, il serait tentant de ne réaliser qu’un seul apport, au lieu de deux. Nous préconisons toutefois de maintenir la stratégie en deux fois, avec une répartition de dose entre 30 % et maximum 50 % de la dose totale au semis, puis le solde à tallage :

  • Si le printemps est suffisamment humide, cela permettra d’aller capter le potentiel ;
  • A l’inverse, si la sécheresse s’installe entre le premier apport au semis et le second en végétation, et que le potentiel est impacté, il pourrait être judicieux de minorer le second apport pour ne pas risquer de dépasser les 11,5 % de teneur en protéines.

Pour piloter les apports d’azote sur orges de printemps au plus proche des besoins réels, la seule méthode disponible s’appuie sur un pilotage N-Tester® au stade 1 nœud.

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