Comment conduire la cameline : les enseignements des projets 4CE-MED et CARINA
Quand semer la cameline ? Dans quelle succession de cultures ? À quelle densité, avec quel travail du sol et quelle fertilisation, pour quel potentiel ? Autant d’éléments techniques acquis dans les projets européens 4CE-MED (2020-2024) et CARINA (2022-2026).
Connues pour des usages mineurs - couverts, huile alimentaire riche en oméga3 -, la cameline et la moutarde d’Abyssinie (Brassica Carinata) ont des cycles courts qui leur permettraient d’intégrer des systèmes de double culture, notamment pour approvisionner des filières de carburant d’aviation durable dont les besoins vont fortement augmenter dès 2026. Seules les productions en interculture intègreraient ces filière pour remplir les critères de durabilité. Encore faut-il savoir comment les conduire !
En dérobée d’été : semer dès la récolte du pois ou de l’orge
La cameline a été étudiée dans un vaste réseau de parcelles agriculteurs en interculture d’été (ou dérobée estivale). Les deux précédents principaux qui permettent un semis avant le 10/07 sont le pois et l’orge d’hiver. Les contraintes techniques sont moindres après pois. La gestion du mode d’implantation après céréale doit être bien travaillée, préférentiellement en semis direct à dents. Une fertilisation de 10 à 40 unités d’azote à l’hectare selon le précédent permet d’améliorer l’implantation de la culture. Le semis doit être réalisé dès la récolte. L’organisation du travail pour assurer récolte et semis dans la foulée est un enjeu majeur.
En dépit de la tolérance à la sécheresse de la cameline, les potentiels de production dépendent de la pluviométrie estivale, notamment à la levée : de 0,5 à 1,5 t/ha. La récolte se déroulera fin septembre début octobre.
Une récolte en mai pour une conduite en interculture d’hiver
Cette même cameline peut être semée à l’automne juste avant la campagne de semis de céréales, du 1er au 20 octobre selon un gradient Nord/Sud, pour être récoltée en mai avant l’implantation d’une culture principale d’été (sorgho, tournesol, soja, sarrasin, maïs) un peu tardive.
La date de récolte est une condition de réussite essentielle de cette succession ; le choix de culture alimentaire et des variétés associées seront aussi déterminants. Le pré-fauchage est une technique étudiée et serait une option d’intérêt.
Les besoins en fertilisation azotée de la cameline sont réduits pour ce cycle (40 à 60 kg N/ha), par rapport à d’autres cultures. La gestion des adventices est encore à l’étude, tout comme un potentiel effet allélopathique. Ce service est bien documenté en laboratoire, observé par les producteurs notamment sur la pression graminée et demande à être quantifié et validé en plein champ.
Des densités à déterminer en culture principale associée
D’autres voies de production en culture principale sont aussi travaillées, en association avec pois ou lentille. Les densités relatives de chacune des espèces sont à l’étude.
L’aptitude de la cameline pour des semis très étalés est aussi une opportunité pour semer après des CIVE récoltées tardivement ou en conditions superficielles. Les conditions de durabilité des usages ne seront pas les mêmes qu’en interculture. Ces modes de production seront destinés à d’autres voies de valorisation à faibles émissions des GES, mais pas en carburant d’aviation durable.
La moutarde d’Abyssinie, une jumelle de la cameline
La Brassica carinata pourrait être produite dans les mêmes types de systèmes de culture que la cameline. Moins connue que cette dernière, elle est en plein développement de nouvelles génétiques. Les meilleurs créneaux de semis sont étudiés pour limiter les impacts des ravageurs, et principalement de la grosse altise.
Ces espèces présentent un intérêt pour différents systèmes de culture, notamment ceux déjà orientés vers la couverture des sols ou en zones intermédiaires. Les recherches se poursuivent, ainsi que les discussions sur les critères de durabilité de ces différentes voies de production.
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