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Ouest Occitanie

Céréales : raisonner la date et la densité de semis

L’année dernière aura marqué les esprits tant la pluviométrie aura perturbé les travaux d’automne en particulier. Semis réalisés avec plusieurs mois de décalage, changements d’implantions de variétés, voire d’espèces, impossibilités de désherber à l’automne… les problématiques étaient multiples. Les semis très précoces qui ont pu être réalisés ont parfois quant à eux été fortement impactés par des dégâts de limaces, suivis parfois d’attaques de cicadelles ou pucerons. Quelle stratégie de semis mettre en œuvre pour cette nouvelle campagne 2024-2025 ?

Semis direct de céréales, après maïs, en Occitanie

Eviter les semis trop précoces

Malgré les inquiétudes de ne pas pouvoir rentrer dans les parcelles en raison des pluies pouvant survenir de manière soutenue, les semis trop précoces restent à proscrire pour plusieurs raisons :

  • L’exposition sur une plus longue durée de la culture aux infestations des ravageurs aériens (pucerons et cicadelles), vecteurs de virus. Nos essais régionaux ont montré que la date de semis est l’un des leviers majeurs pour limiter l’impact des pucerons et cicadelles au champ.

Si les conditions favorables aux multiplications de ces ravageurs se poursuivent en novembre et décembre, l’automne 2023 a montré que la vigilance doit rester de mise.

Une enquête a été réalisée en juillet 2024 suite aux dégâts importants de ces deux ravageurs, plutôt orientée vers la Haute-Garonne, le Tarn et l’Aude, pour identifier les secteurs touchés et caractériser les situations.  Sur les 223 réponses, on observe que toute les dates de semis ont été impactées, avec une intensité différente néanmoins.

Pour les semis précoces (10-20 octobre), plus de 50 % des parcelles enquêtées ont été touchées avec des dégâts estimés à plus de 60 % en moyenne. A l’inverse, seulement 25 % des parcelles semées après le 10 novembre ont été touchées, avec des symptômes bien moins importants (figure 1).

Figure 1 : Impact  des dégâts de pucerons et cicadelles selon la date de semis

D’autres facteurs sont en jeu (effet climatique, environnement, itinéraires techniques...).
Les semis trop précoces sont également davantage soumis aux conséquences des maladies, comme le piétin échaudage, et une arrivée précoce de la septoriose.

  • Un risque de salissement accru des parcelles par les graminées

Nos essais ont montré qu’un décalage de la date de semis d’une dizaine de jours par rapport à la date classique (20 octobre) permet de gérer une partie des levées de graminées, en particulier de ray-grass.

Figure 2 : Préconisations des dates semis pour les espèces de blé tendre d’hiver, de blé dur et d’orge d’hiver selon les différentes variétés

Quelle densité de semis ?

Trois facteurs principaux doivent être pris en compte pour calculer la densité de semis : la date de semis, le type de sol et la qualité de préparation de la parcelle.

Plus les semis sont tardifs, plus le blé a une durée de tallage réduite. De ce fait, les doses doivent être augmentées plus on avance vers l’hiver.

Tableau 1 : Dose recommandée de semences de blé tendre selon la date de semis et le type de sol
Tableau 1 : Dose recommandée de semences de blé tendre selon la date de semis et le type de sol
Tableau 2 : Dose recommandée de semences de blé dur selon la date de semis et la situation de la parcelle
Tableau 2 : Dose recommandée de semences de blé dur selon la date de semis et la situation de la parcelle

Les blés hybrides doivent avoir une densité réduite de 30 % par rapport au tableau ci-dessus.

En orge d’hiver, le tallage est souvent excédentaire avec des semis précoces (en conditions non stressantes) ; ce qui augmente la concurrence à la lumière lors de la montaison et rend la culture plus sensible à la verse et aux maladies.

En conséquence, il est préférable de semer avec une densité modérée.

Tableau 3 : Préconisations de densité suivant les dates de semis d’orge d’hiver
Tableau 3 : Préconisations de densité suivant les dates de semis d’orge d’hiver

Attention également à bien prendre en compte le poids de mille grain (PMG) dans le calcul de la dose de semis.

Dans l’exemple suivant, pour l’orge : pour un PMG de 50 g et une densité de 250 grains/m², semer à 125 kg/ha.

Tableau 4 : Dose de semis en fonction du PMG et de la densité de semis
Tableau 4 : Dose de semis en fonction du PMG et de la densité de semis

Evaluer la qualité germinative avant tout semis

Pour les semences de ferme, compte tenu de la pression maladies et des aléas climatiques de la récolte 2024, il faut faire preuve de vigilance et vérifier la faculté germinative (FG). Elle peut être altérée par plusieurs paramètres comme la présence de fusarioses responsables de la fonte des semis. Même si la maladie ne s’est pas distinguée visuellement sur les parcelles de blé, il est possible que les lots des futures semences contiennent des grains fusariés. Par ailleurs, compte tenu des conditions de l’année dernière, les reports de semences certifiées sont fréquents et il est important de vérifier également la qualité germinative de ces lots avant de semer notamment si le stockage n’a pas pu être optimal.

Le test de germination est réalisé en conditions optimales pour évaluer le potentiel maximum de faculté germinative. Il mesure le nombre de plantules normales pour 100 grains. C’est un paramètre indicatif. Il ne donne pas directement le taux de levée à la parcelle car la levée pourra être fortement impactée par des conditions difficiles (temps sec ou froid, excès d’eau…). Si la FG est inférieure à 80 %, prendre des précautions (ajuster densité de semis en tenant et/ou passer sur semences certifiées). En cas de conditions de levée difficiles, les pertes peuvent être accentuées.

Protocole du test
- Mettre au froid (4-5°C) pendant 72 h, pour lever toute dormance résiduelle puis mettre à température ambiante (20°C) pendant une semaine.
- Veiller à ce que les semences soient humidifiées tout au long de la période de test. Mais à l’inverse, attention à ce que les grains ne nagent pas.
- Compter les plantules normales (et non la totalité des grains germés).

=> Le pourcentage de plantes germées normales au bout d’une semaine correspond au taux de faculté germinative.

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