Articles et actus techniques
Bretagne

Céréales : évaluer les risques piétin-verse et rouille jaune avant d’intervenir

Les parcelles de céréales semées en octobre sont maintenant à épi 1 cm et celles de novembre vont y arriver dans les cinq à vingt jours. C’est le moment de surveiller les maladies, d’autant plus que la météo de l’automne-hiver 2023-2024 chaude et pluvieuse a été propice à leur développement. Ainsi, le risque climatique est estimé élevé pour le piétin-verse sur les semis précoces et l'ouest de la région. Pour la rouille jaune, il est nécessaire de surveiller à partir de mi-mars sur les variétés sensibles semées en octobre (note 4) selon les prévisions. Focus sur la pression des maladies de début de cycle.

Rouille jaune sur feuille de blé tendre tenue entre deux doigts

Les parcelles bretonnes commencent ou sont déjà arrivées à épi 1 cm, marquant la reprise de campagne sur la surveillance sanitaire des parcelles A noter que pour la septoriose, l’inoculum est non limitant en début de montaison, mais ce sont les pluies à partir de 2 nœuds qui détermineront la pression de l’année.

Piétin-verse : risque climatique élevé sur semis d’octobre et dans l’ouest

Le piétin-verse est une maladie attaquant le bas de la tige qui engendre des nuisibilités directes relativement faibles de l’ordre de 1 à 5 q/ha (photo de droite). Néanmoins, en cas d’attaques importantes, en fin cycle, une verse parasitaire peut avoir lieu, augmentant considérablement la nuisibilité (> 10-15 q/ha selon le moment de la verse) (photo de gauche). La pression du piétin-verse 2023 a été plus forte que la moyenne des dernières années.

photos
Pour plus d’informations sur les symptômes et la maladie, consulter la fiche accidents d’ARVALIS sur le piétin-verse.

Toutefois, le piétin-verse à un périmètre de dispersion très fiable (quelques mètres), contrairement à d’autres maladies (ex. rouilles, sur plusieurs centaines de kilomètres). Ainsi, le risque piétin-verse peut-être très différent d’une parcelle à une autre selon les pratiques culturales, le type de sol et le choix variétal.

La génétique : principal levier de gestion du piétin-verse

La génétique est le meilleur moyen de lutte contre la maladie : les variétés notées 5 ou plus ne nécessitent pas de traitement de protection. Les informations concernant la note piétin-verse est disponible sur le site des fiches variétés.

Voici quelques exemples de notes de variétés présentes en région :

  • Variétés nécessitant une vigilance (note CTPS < 5) : Chevignon, KWS Extase, Celebrity, Balzac…
  • Variétés peu sensibles au piétin-verse (note >= 5) : Junior, Intensity, KWS Sphere, LG Absalon…

Quels risques climatiques en 2024 ?

Le modèle TOP permet de déterminer le risque climatique de l’année en lien avec les conditions de températures et de précipitations depuis le semis.

Les semis du 25 novembre ne sont pas encore à épi 1 cm. Mais vigilance dans l’ouest de la région (29 et centre-ouest Bretagne), l’indice TOP est très élevé par rapport à l’historique climatique.

Tableau 1 : Indice TOP par station météo

Tableau 1 : Indice TOP par station météo
Valeur de l’indice TOP : -1 : risque climatique faible ; 1 : risque climatique moyen ; 2 : risque climatique fort

Figure 1 : Evolution du risque piétin-verse pour un semis le 25 novembre, à Pleyber-Christ (29) - Année haute : 2001 ; année basse : 1996
Figure 1 : Evolution du risque piétin-verse pour un semis le 25 novembre, à Pleyber-Christ (29) Année haute : 2001 ; Année basse : 1996

Une grille de risque pour identifier la pression parcellaire

La grille permet de combiner les différents facteurs (rotation, variété, type de sol, travail du sol, climat) influençant le risque piétin-verse.

Figure 2 : Grille d’évaluation du risque de piétin-verse

Sur variétés présentant une note GEVES ≥ 5 → Pas d’intervention spécifique piétin-verse.

Sur les autres variétés, se référer à la grille :

  • Pour un score de risque ≤ 5 → Pas d’intervention spécifique piétin-verse.
  • Pour un score compris entre 6 et 8 : le risque est moyen.
    Observer les symptômes et intervenir si le taux de plantes atteintes est supérieur à 35 % (seuil de rentabilité du traitement) ou si des dégâts ont été observés sur la parcelle les années précédentes.
  • Pour un score ≥ 9 : le risque est fort.
    Intervention à prévoir (solutions autorisées : Unix Max (cyprodinil) associé à Flexity (métrafénone)). Intervenir autour du stade épi 1 cm, même en l’absence de symptômes visibles. Au-delà de 1 nœud, l’intervention perd son efficacité.

Rouille jaune : quels risques climatiques pour le début de campagne ?

Pour les variétés avec des notes de résistance à la rouille jaune supérieures ou égale à 7, le seuil de risque est à prendre en compte à partir du stade 2 nœuds (2N). Avant 2N, même en cas de présence de pustules, il n’est pas nécessaire d’intervenir.

Pour les variétés avec des notes <= 6, il est important d’observer ces parcelles dès le stade épi 1 cm pour détecter la présence de pustules de rouille jaune ou non. En cas de présence, une intervention est nécessaire.

  • Variétés avec une note >= 7 : Chevignon, KWS Extase, Intensity, Junior, KWS Sphere…
  • Variétés avec une note <= 6 : Campesino, Celebrity ou LG Absalon.

Pour évaluer le risque rouille jaune 2024, voici quelques cartes avec les estimations basées sur le modèle Crusty_V3 pour la semaine du 18 au 24 mars 2024.

Les données météo ont été actualisées au 26 février. Les cartes prennent en compte des précocités et dates de semis départementales classiques. Néanmoins, le décalage de semis, notamment dans l’ouest de la région, réduit le risque rouille jaune par rapport aux résultats affichés.

Vigilance pour les variétés sensibles (Campesino, RGT Sacramento) semées en octobre.

Cartes 1 et 2 : Estimations du risque rouille jaune en Bretagne - modèle Crusty_V3 - pour la semaine du 18 au 24 mars 2024, selon la note de sensibilité de la variété

Cartes 1 et 2 : Estimations du risque rouille jaune en Bretagne -  modèle Crusty_V3 - pour la semaine du 18 au 24 mars 2024, selon la note de sensibilité de la variété

Pour résumer

Piétin-verse 

Vigilance, notamment pour les semis d’octobre ainsi que les secteurs de l’ouest de la région (même en semis de fin novembre) : le risque climatique pour ces secteurs est élevé.

Vérifier la note variétale et le risque agronomique pour définir la nécessité d’intervenir ou non.

Rouille jaune

Pour le moment, le risque d’apparition de la maladie courant mi-mars concerne les variétés sensibles semées en octobre - début novembre et les variétés moyennement sensibles dans le Finistère.

A noter que les dates de semis décalées de cette année limitent le risque pour le moment.

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.