Les Essentiels d'ARVALIS - Maladies des céréales à paille / Rouille jaune : quelle nuisibilité et moyens de lutte ?
Depuis 2010, les attaques de rouille jaune se sont intensifiées ces dernières années notamment dans les régions Nord-Ouest les plus exposées avec l’arrivée de nouvelles races qui présentent de nombreuses virulences et qui contournent certaines résistances variétales. Avec 20 q/ha de nuisibilité en moyenne, la rouille jaune est la maladie du feuillage la plus nuisible sur blé. Des pertes de rendement de plus de 60 quintaux ont pu être observées en essais. Le moyen de lutte le plus efficace reste tout de même la résistance variétale. En cas de forte attaque en végétation, il est indispensable d’intervenir dès l’apparition des foyers actifs au stade Epi 1cm et dès les premières pustules au stade 1 nœud. La lutte fongicide ne présente pas de difficulté particulière avec les triazoles et les strobilurines disponibles.
La rouille jaune est une maladie du feuillage des céréales à paille qui se développe dès l’automne et durant toute la montaison. Cette maladie est présente sur l’ensemble du territoire français mais plus particulièrement dans les zones Nord-Ouest en bordure maritime où le climat est propice à son développement. ARVALIS ainsi que l’INRA analysent les populations de rouille jaune afin d’analyser l’évolution des races. Des expérimentations sont également réalisées afin d’évaluer la tolérance des variétés à cette maladie, les seuils de traitement et l’efficacité des différentes spécialités fongicides.
• Les références expérimentales ARVALIS
• Les préconisations d'ARVALIS
• Pour en savoir plus
Comment ça marche ?
La rouille jaune (Puccinia striiformis) est un champignon qui se développe principalement sur blé tendre, mais également sur triticale. Elle a pu être observée sur d’autres espèces, comme le blé dur, l’orge d’hiver mais les attaques sont d’intensité faible et rare. Les symptômes sont caractéristiques et apparaissent sous forme de pustules jaunes alignées sur les nervures des feuilles. Avec l’arrivée de nouvelle race de rouille jaune, les symptômes sont moins marqués : peu sporulant, principalement sous forme de chloroses et de nécroses. A l’échelle de la parcelle, la maladie apparaît souvent sous forme de foyers. Les symptômes de rouille jaune sont décrits dans les fiches accidents.
Photo 1 et 2 : Développement des symptômes de la Rouille Jaune sous forme de foyers - Pustules jaunes alignées sur les nervures.
Pendant la période automne-hiver, le champignon se maintient sous forme d’inoculum sur des plantes hôtes. La présence de repousses permet de maintenir la maladie. Au printemps, son développement dépend des facteurs climatiques favorables : températures fraîches d’avril à juin, forte hygrométrie et temps couvert (les spores sont sensibles aux rayonnements UV). La dissémination de la maladie se fait par le vent via les spores.
Les références expérimentales ARVALIS
Une très forte nuisibilité
La nuisibilité moyenne à la rouille jaune est de 20 q/ha ce qui en fait la maladie la plus nuisible sur blé. Entre régions, on observe également une forte variabilité : la rouille jaune est particulièrement présente dans les zones Nord-Ouest en bordure maritime où le climat est propice à son développement.
La résistance variétale est un levier de choix… mais de nouvelles races de rouille jaune apparaissent
Le travail d’amélioration engagé de longue date par les sélectionneurs de céréales à paille a permis d’améliorer la résistance variétale à la rouille jaune. Actuellement la note moyenne à l’inscription est d’un niveau élevé. Ces bons résultats à l’inscription sont malheureusement souvent instables en raison de l’évolution des populations du pathogène. L’expérience a montré que des gènes de résistances peuvent être contournés par des populations pathogènes en constante évolution. C’est la raison pour laquelle les variétés comme les populations de pathogène sont hautement surveillées par l’Inra et par ARVALIS, pour actualiser les notes de résistances.
Une gestion efficace de la lutte génétique suppose un suivi des populations et l’évolution de leur profil de virulence. A l’échelle du territoire, ce suivi est réalisé sur le terrain, conjointement entre les sélectionneurs, ARVALIS et l’Inra Bioger qui analyse annuellement les populations de rouille jaune pour détecter précocement la présence de nouvelles virulences.
En 2007, la race « Robigus » est apparue contournant la tolérance des variétés Toisondor et Alixan. En 2010, des races associant des spectres plus complets de virulences sont apparues avec « Solstice/Oakley ». En 2011, une nouvelle race de rouille jaune nommée « Warrior/Ambition » est observée en Europe et en France. En 2012, cette race est dominante dans 95 % de la population française et en Europe de l’Ouest suite à une probable invasion due à des transports éoliens sur de longues distances. La particularité de cette race est sa forte virulence, elle cumule 2 nouvelles virulences et contourne les gènes de résistance sur certaines variétés de blé tendre. Cela lui permet aussi son développement sur les autres espèces comme le triticale, l’orge ou le blé dur. Malgré ces contournements de résistances, la majorité des variétés de blé conservent un bon niveau de tolérance (graphique présentation jointe). Le tableau de sensibilité des variétés à la rouille jaune est diffusée annuellement.
La résistance variétale reste un moyen de lutte efficace pour lutter contre la rouille jaune du blé tendre.
Des facteurs agronomiques et climatiques favorables
Des hivers doux et humides favorables à la rouille jaune : les travaux américains de Coakley et Line ont établi une corrélation entre l’intensité des attaques de rouille jaune et les températures à certaines périodes. La conjugaison de ces variables de température appliquées à une analyse fréquentielle des conditions de température donne la carte de risque rouille jaune. Les régions littorales Ouest et Nord présentent sans surprise les risques les plus élevés.
Des seuils d’intervention définis
Les seuils d’intervention ont été établis sur la base de séries d’essais réalisés dans les années 1980.
Le seuil d'intervention est fonction du stade de la culture :
- au stade épi 1 cm, uniquement en présence de foyer actif de rouille jaune (pustules pulvérulentes),
- au stade 1 nœud, traiter dès la présence des premières pustules dans la parcelle.
Mieux vaut traiter dès les premiers foyers sans attendre le stade d’intervention idéal contre la septoriose.
Intérêt du positionnement précoce
Des essais ont été conduits en Bretagne en 2012 pour actualiser les références expérimentales sur l’impact du positionnement fongicide précoce contre la rouille jaune. Les résultats montrent un gain de rendement entre 11 et 14 q/ha lorsqu’une intervention spécifique contre la rouille jaune a été appliquée dès l’apparition des premières pustules (= meilleure protection T0 à épi 1 cm) contre une protection septoriose à dernière feuille.
Les essais matières actives
La lutte chimique ne représente pas de difficulté particulière. Un essai en 2012 et en 2013 en condition de contamination artificielle (plantules inoculées et déposées dans les micro-parcelles) à Rots (14) et à Bignan (56) permettent d’évaluer les nouvelles spécialités fongicides du marché (SDHI) et de compléter les références acquises. Les résultats montrent que la lutte fongicide avec des produits à base de triazoles solo, de chlorothalonil seul ou en association, de SDHI montrent de très bonnes efficacités.
Les préconisations d'ARVALIS
- La tolérance variétale est le meilleur moyen de lutte. Dans les zones Nord-Ouest où la maladie est fréquente et très nuisible sur le rendement, privilégier des variétés tolérantes (note GEVES 7 et plus).
- En végétation, la lutte chimique est efficace et ne présente pas de difficulté majeure dès lors que les seuils d’intervention sont respectés. Les produits à base de triazoles ont une efficacité très satisfaisante. Les produits à base de SDHI sont à réserver pour les traitements plus tardifs au T2 afin de bénéficier d’une meilleure lutte vis-à-vis de la septoriose.
• Brochure Diagnostic des accidents du blé tendre (Février 2012).
• Article « Rouille jaune, une nouvelle race fait trembler les résistances variétales », Perspectives Agricoles n°387 (mars 2012).
• Dépliants « Protection des céréales à paille - lutte contre les maladies ».
• Editions régionales annuelles « Choisir et décider 1 – Variétés et traitements d’automne des céréales ».
• Editions régionales annuelles « Choisir et décider 2 – Traitements et Interventions de Printemps ».
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