Céréales : différencier taches physiologiques et maladies

Des taches physiologiques favorisées par les amplitudes thermiques et le rayonnement

Courant de printemps, il n’est pas rare en Bretagne d’avoir de fortes amplitudes thermiques sur quelques jours avec des températures froides le matin, voire quelques gelées, suivis d’après-midi chaudes et ensoleillées. Le processus de photosynthèse des céréales s’emballe et les céréales n’arrivent plus à gérer les « déchets » oxydatifs issus de cette photosynthèse. Résultat, les composés oxydatifs marquent les feuilles des céréales. Cette année, cette séquence météorologique s’est manifestée autour du 5-11 avril.

Ces réactions physiologiques sont sans conséquence sur la productivité des céréales et nul besoin d’intervenir sur ces marquages qui ne sont pas de la maladie. On peut souvent confondre ces taches avec de la septoriose ou de l’helminthosporiose du blé (extrêmement rare en Bretagne).

L’application de traitement à cette même période peut aggraver ces symptômes, voire provoquer de la phytotoxicité (ex. : régulateur lors de période avec de fortes amplitudes thermiques).

Des symptômes diversifiés, mais avec des points communs

On peut observer ces marquages physiologiques, notamment sur les f2 du moment qui ont subi les amplitudes thermiques du 5 avril. Les marquages peuvent prendre des formes et couleurs différentes allant des petites ponctuations jaunes jusqu’à des taches nécrotiques (photos). Les variétés de céréales sont plus ou moins sensibles à ces marquages.

Néanmoins, des points communs existent :

• Les marquages ne concernent généralement qu’un étage foliaire : l’étage foliaire le plus exposé à la lumière au moment des amplitudes thermiques. Cela peut-être par exemple la deuxième feuille déployée à mi-avril présentant ces taches qui était la première feuille déployée une semaine auparavant, alors bien exposée au soleil.

• Les feuilles inférieures et supérieures présentent peu de symptômes : pour ne pas confondre avec des maladies qui progressent du bas vers le haut de la plante, les taches physiologiques sont visibles uniquement sur un étage foliaire supérieur. Les maladies foliaires expriment une intensité des symptômes décroissante en montant dans les étages foliaires, les feuilles du bas étant plus atteintes.

• Pas de structure fongique dans les taches : enfin, en cas de doute, ces feuilles peuvent être observées à la loupe binoculaire ou mises quelques jours dans une bouteille en plastique dans un bureau avec un fond d’eau. Après observations des taches, si aucune structure fongique ne se forme, pas de pycnides, conidies… cela confirme la présence de taches physiologiques.