Céréales : bien préparer les semis de cet automne 

Que faire en cas de structure de sol dégradée ?

Les conditions climatiques de la dernière campagne, extrêmement pluvieuses particulièrement à l’automne 2023, ont pu dégrader la structure des sols dans bon nombre de situations. Avant d’envisager une action corrective pendant l’interculture, il s’agit de réaliser un diagnostic pour évaluer l’ampleur du tassement et sa profondeur (test bêche ou pénétromètre, voire profil cultural).

Il faudra ensuite raisonner en fonction de la culture suivante : une intervention sera nécessaire en cas de tassement modéré à sévère avant les cultures les plus sensibles à ce phénomène (lin, orge de printemps, pomme de terre…), mais facultative avant une culture peu sensible (blé …) sauf en sol hydromorphe.

Enfin, le choix de l’outil se fera en fonction de la profondeur de l’accident : jusqu’à 10 cm un travail superficiel, un labour ou pseudo-labour sera suffisant ; au-delà de 20-30 cm, un labour ou un décompactage sera nécessaire. En cas de tassement profond, la régénération mécanique est très coûteuse : il faudra attendre la régénération naturelle du sol et privilégier la mise en place d’une culture de service à enracinement profond (ex : luzerne…).

Attention, en mauvaises conditions, un décompactage peut avoir un effet négatif ! Attendre de bonnes conditions de réhumectation du sol en privilégiant une consistance du sol friable.

Evaluer la qualité germinative des semences

Les semences certifiées répondent à un cahier des charges précis afin d’assurer un peuplement optimal : le seuil minimal de faculté germinative (FG) des semences certifiées est fixé à 85 % pour les céréales à paille. En pratique, la faculté germinative des semences certifiées est très souvent supérieure à 90, voire 95 %.

Pour les semences de ferme, compte tenu de la pression maladies et des aléas climatiques de la récolte 2024, il faut faire preuve de vigilance et vérifier la faculté germinative. Celle-ci peut être altérée par plusieurs paramètres, comme la présence de fusarioses (responsables de la fonte des semis). Même si la maladie ne s’est pas distinguée visuellement sur les parcelles de blé, il est possible que les lots des futures semences contiennent des grains fusariés.

La conservation des semences trop humides (> 15 % d’humidité) ou encore une casse de grains trop importante lors de la récolte peuvent également nuire à la faculté germinative. Connaître cette donnée pour un lot de semences permet de déterminer si celui-ci est utilisable ; et le cas échéant, de calculer avec précision la densité de grains à semer par m². Si la FG est inférieure à 80 %, le lot n’est pas utilisable pour faire des semences : il faut prévoir obligatoirement des semences certifiées.

Déterminer la faculté germinative d’un lot :

• Nettoyer un échantillon de semences en se rapprochant le plus possible du triage qui sera fait par le trieur à façon ;
• Prélever 200 à 400 graines (échantillonnage en fonction de la taille du lot à tester) ;
• Déposer les graines dans du sable, ou sur du papier buvard, humides ;
  Mettre au froid (4-5°C) pendant 72 h, pour lever toute dormance résiduelle ;
• Mettre à température ambiante (20°C) pendant une semaine ;
• Compter les plantules normales (et non la totalité des grains germés).

Le pourcentage de plantes germées normales au bout d’une semaine correspond au taux de faculté germinative.. Attention, ce taux de FG, obtenu avec des graines placées dans de bonnes conditions, est un paramètre indicatif (comparaison de lots, etc…) : il ne donne pas directement le taux de levées à la parcelle car la levée pourra être fortement impactée par des conditions difficiles (temps sec ou froid, excès d’eau, …).

Si après les opérations de tri et de traitement, les semences présentent une faculté germinative correcte mais inférieure à 95 %, il sera nécessaire d’ajuster la densité de semis de la façon suivante :

Il est possible que les parcelles récoltées pour faire de la semence de ferme aient été pris d’assaut par des graminées (vulpins / ray-grass). Il est préférable de ne pas utiliser ces semences pour les semis de cet automne, au risque de re-semer des adventices et d’enrichir le stock semencier.

Sur céréales à paille, les traitements de semences restent incontournables contre les maladies charbonneuses (carie du blé, charbon nu de l'orge) et sont très précieux face aux bioagresseurs contre lesquels d’autres méthodes de lutte sont inexistantes, à efficacité partielle.

Tableau 1 : Traitements de semences disponibles en céréales et niveaux d’efficacité aux différentes maladies

Semer les variétés choisies dans leur bon créneau de semis

Comme observé cette année, le choix variétal est un levier essentiel dans la lutte contre les maladies et l’évitement des stress liés aux aléas climatiques. Pour optimiser l'efficacité de ce choix, il est crucial de semer chaque variété dans son créneau de semis préconisé.

Tableau 2 : Précocité à épiaison et à montaison des différentes variétés de blé tendre

Quid du désherbage ?

La gestion des adventices doit aujourd’hui reposer sur l’association des leviers agronomiques et de la lutte directe chimique et mécanique afin d’obtenir une efficacité satisfaisante. Sur des parcelles connues à risque, il est essentiel de limiter les infestations dès maintenant en :

• réalisant un ou plusieurs faux-semis rappuyés, dès la période de germination des graminées,
• décalant la date de semis pour les parcelles les plus « sales »,
• semant sur un sol propre,
• miser sur une application d’herbicides en prélevée possible sitôt le semis. Celle-ci pourra être complétée par un deuxième passage en postlevée précoce ,en fonction du salissement et des conditions climatiques de l’automne.

Retrouvez les préconisations désherbage dans le guide Choisir et Décider