Céréales à paille - Canicule : un impact dépendant de l’avancement des stades
L’épisode de canicule qui se déroule actuellement sur l’ensemble du territoire devrait avoir un impact limité sur les céréales à paille, excepté pour les parcelles ou les zones tardives.
Un impact moindre en fin de remplissage
L’impact de températures élevées sur la mise en place des composantes de rendement des céréales à paille diffère selon le stade des cultures :
- Très tôt, à la floraison, il peut y avoir des avortements de grain.
- Pendant la première phase de remplissage (avant grain laiteux), il y a une réduction du nombre de cellules dans les grains, et donc une baisse du puits potentiel (selon le nombre de grains/m² initiés).
- En fin de remplissage (après grain laiteux), il y a raccourcissement (en jours calendaires) de la durée de remplissage, avec éventuellement une légère accélération des transferts vers les grains.
- À partir de la maturité physiologique (à distinguer de la maturité récolte), il n’y a plus de transfert vers les grains : le rendement et la teneur en protéines sont finalisés et ne peuvent plus être affectés (hors verse et égrenage) ; seuls les caractères « technologiques » (PS, temps de chute de Hagberg, germination sur pied) peuvent être affectés.
Les métabolismes carbonés et azotés ne sont pas logés à la même enseigne : des températures élevées pendant le remplissage réduisent le PMG, mais pas la quantité d’azote transférée dans les grains : ceci conduit donc à une hausse de la concentration en protéines.
Des conséquences surtout pour les zones tardives
La carte ci-dessous indique l’état d’avancement des stades des blés tendres en France, exprimé en somme de température depuis l’épiaison. La maturité physiologique est atteinte vers 780°Cj après l’épiaison.
- Pour les zones en blanc et en vert clair, ce stade est dépassé et la dessiccation des grains est en cours.
- Pour les zones en vert foncé, la date de récolte approche ou est dépassée.
- Les zones en rose et rouge sont encore en phase de remplissage, avec un impact probable de la canicule sur le rendement final. Dans ces zones, il faut distinguer les situations en fonction de l’alimentation hydrique :
- Pour les sols les plus superficiels, le stress hydrique a vraisemblablement fortement altéré la fin du remplissage des grains et il aura été prépondérant sur le stress thermique.
- Dans les situations à forte réserve en eau, les cultures auront bénéficié de conditions de croissance favorables jusqu’à maintenant (apparition tardive du stress hydrique, pas ou peu de stress thermique précoce, forts rayonnements, montaison favorable conduisant à des biomasses élevées sans excès d’épis). Une partie des réserves présentes dans les tiges va sans doute être remobilisée vers les grains, limitant la perte de PMG. Dans ces zones, il est probable que la canicule de cette semaine gâche la belle récolte annoncée, et que les espérances de rendement régressent de « très bonnes » (voire exceptionnelles) à « bonnes », voire « normales ».
Carte 1 : Etat d’avancement des stades des blés tendres en France (en somme de température depuis l’épiaison au 30/06/2015 ; Apache semé à des dates représentatives localement)
Source des données : MétéoFrance - ARVALIS - Institut du végétal - INRA
Des impacts différents selon les cultures
Dans le cas de l’orge d’hiver, la précocité de l’espèce aura permis d’esquiver totalement le stress thermique (récoltes en cours ou imminentes).
Pour le blé dur, les cultures se situent (par le seul effet des zones de production) entre maturité physiologique (Beauce) et récolte (Sud).
Pour l’orge de printemps, les principales zones de production sont naturellement tardives, et dans ces secteurs la maturité physiologique devrait être atteinte seulement en fin de semaine ou tout début de semaine prochaine ; on peut donc craindre un impact sur le rendement, mais aussi sur la teneur en protéines (effet de concentration) et le calibrage (finalisation du PMG).
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