Blés en floraison : vigilance sur les risques septoriose et fusarioses
La pluie est un élément marquant de cette campagne céréales 2023/2024. Les prévisions météo indiquent du sec pour ce week-end, mais restent, comme ces dernières semaines, teintées d’incertitude. Dans ces conditions, comment peuvent évoluer la septoriose
Des conditions propices aux maladies de fin de cycle
Pluies et températures actuelles sont propices au développement des maladies de fin de cycle :
- Pour la septoriose : la dynamique des pluies des dernières semaines est intervenue dans la dissémination des spores par effet « splashing ». La période la plus importante pour intervenir coïncide avec la sortie de la dernière feuille, essentielle à l’élaboration du rendement.
- Pour les fusarioses des épis : le climat est le facteur primordial dans les processus de contamination, avec un rôle déterminant dans la maturation de l’inoculum (pluies et températures supérieures à 10°C) et dans les conditions d’infection (pluies et vent). La phase floraison à +/- 7 jours est la période la plus sensible des blés.
Certains d’entre vous craignent un nouveau 2016. Pour mémoire, il faut noter que le mois de mai a connu des abats d’eau importants, avec plus de 150 mm et des cumuls proches de 100 mm au moment de la floraison, ainsi que des rues inondées. Nous n’en sommes pas à ce niveau.
Les enseignements des années précédentes
Ces dernières années, les climats secs s’installant en mai ne justifiaient pas d’intervenir autour de la floraison. En 2024, la dynamique des pluies et les incertitudes de prévisions météo nous font penser qu’un traitement à floraison permettrait de lever une nuisibilité septoriose supplémentaire, même sur variétés tolérantes, et d’assurer le respect des normes DON en cas d’attaques de fusarioses (pour rappel, les normes de DON ont été abaissées de 1250 µg/kg à 1000 µg/kg pour les lots destinés à l’alimentation humaine et animale). Tout cela dépend bien entendu de la météo : une absence de pluie doit faire relativiser le risque fusarioses notamment.
On peut imaginer que la nuisibilité 2024 soit dans une frange intermédiaire entre 2013 et 2020 (figure 1 et tableau 1).
Figure 1 : Dynamique des pluies cumulées sur avril-mai-juin et nuisibilité des maladies [écart T-NT et poids T3]
Tableau 1 : Comparatif des cumuls de pluies entre plusieurs années
Evaluer le risque à la parcelle
Les blés ont tous reçu une protection autour du stade dernière feuille étalée, c’est le traitement pivot pour lutter contre la septoriose. En fonction de la dose utilisée, la durée de protection oscille autour de deux-trois semaines. Les essais montrent un gain moyen du T3 septoriose proche de 5 q/ha. Ce gain est souvent lissé, ces dernières années, en raison des températures échaudantes de fin de cycle. En revanche, en situations météo inverses, un relais à floraison permet de prolonger le fonctionnement photosynthétique des feuilles et de capter les derniers quintaux.
En plus du climat, le risque fusarioses est fortement influencé par le précédent et la gestion des résidus de culture, le travail du sol et la sensibilité variétale.
- En précédent colza, la protection contre la fusariose est recommandée sur variétés sensibles lorsqu’un cumul de pluies de 40 mm est atteint autour de la floraison (+/- 7 jours). Ce seuil est le même en précédent betteraves et pomme de terre pour des implantations de blés en labour.
- Les précédents maïs sont les plus susceptibles : ainsi, même en utilisant une variété peu sensible aux fusarioses, un traitement est recommandé dès lors que le cumul de pluie autour de la floraison dépasse 10 mm.
A noter : les fusarioses de l’épi est un complexe de nombreuses espèces. Il existe deux grands genres de fusarioses qui peuvent coexister sur une même plante : Fusarium, dont l’espèce F. graminearum responsable de la production de mycotoxines de type DON, et Microdochium spp. L’équilibre entre les deux genres est très complexe : il est communément admis que Microdochium prend le dessus en cas de températures fraîches alors que F. graminearum est favorisé par des températures plus proches de 20°C.
Tableau 2 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation du déoxynivalénol (DON) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre la fusariose sur épi (T = traitement recommandé)
Comment intervenir ?
Les traitements fongicides vont avoir une efficacité louable sur septoriose, mais sont loin d’être totalement efficaces sur fusarioses : les meilleures protections fongicides arrivent à 50-60 % d’efficacité. Il est important d'agir sur tous les leviers (variété, travail du sol, rotation).
Quel que soit le produit, le positionnement du fongicide, juste avant la contamination des épis par les fusarioses, au début de la sortie des étamines, est essentiel mais parfois compliqué selon les conditions climatiques.
Prosaro/Kestrel (prothioconazole + tébuconazole) sont les références sur épis, efficaces sur Fusarium graminearum, Microdochium spp., septoriose et rouille brune. Attention, éviter l’azoxystrobine en T3 pour toutes les situations agronomiques où le risque fusarioses est avéré. Préférer dans ce cas la fluoxastrobine présente dans Fandango S.
En cas de risque élevé de fusarioses, augmenter la dose du T3 (Prosaro 0,8 l/ha par exemple).
/!\ Veillez à assurer l’alternance des matières actives pour éviter l’apparition de résistances.
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