Blé tendre : un risque élevé de rouille jaune sur variétés sensibles
Des symptômes de rouille jaune sont observés sur céréales depuis le début de la montaison. Les conditions climatiques étant propices au développement de la maladie, la vigilance est de mise.
Cette maladie souvent explosive peut être très nuisible en cas d’attaques précoces sur des variétés sensibles. Sa gestion doit donc tenir compte de la sensibilité variétale. Sans maîtrise correcte, l’enjeu de la nuisibilité peut atteindre de 20 à 60 q/ha les années à forte pression.
La rouille jaune est souvent la première maladie des feuilles que l’on observe au début du printemps sur blé tendre d’hiver et triticale. Sa répartition d’abord en foyers, avec des feuilles présentant des pustules alignées sur les nervures, peut rapidement devenir incontrôlable et s’homogénéiser sur la parcelle. Son développement est conditionné par l’humidité (la présence de rosée favorise la germination, un temps sec, la conservation et la dissémination des spores), la température (germination optimale des spores autour de 10°C) et le vent (dissémination des spores sur de longues distances). Les températures négatives stoppent l’activité de la maladie mais ne détruisent pas l’inoculum. Les conditions climatiques de ces derniers jours sont donc favorables au développement de la rouille jaune, qu’il est nécessaire de surveiller dans les parcelles.
Consultez la fiche accidents rouille jaune.
Que disent les modèles ?
Les données d’essais et de réseaux d’observations permettent d’établir des modèles épidémiologiques qui s’améliorent chaque année pour mieux prédire l’arrivée de la maladie. La carte (figure 1) illustre la probabilité d’apparition de la maladie au 6 avril 2022 sur une variété sensible (note de 5) pour des dates de semis représentatives des territoires. Cette année, le modèle (Crustyello) met en avant un risque relativement élevé en Normandie pour ces variétés sensibles.
Figure 1 : Cartes du risque d’apparition de la rouille jaune sur variété sensible (5) pour la semaine du 11 au 17 avril (modèle Crustyello) sur trois campagnes (2014 : année forte pression, 2021 et 2022)
Quand intervenir ?
La génétique est le premier levier de gestion de la maladie, et donc la clé d’entrée pour gérer ses interventions.
► Pour les variétés résistantes (note > 6) :
- Avant le stade 2 nœuds : ne pas intervenir.
- Après le stade 2 nœuds : intervenir dès apparition de la maladie.
Notons que sur variétés tolérantes ou résistantes à la rouille jaune, la résistance totale n’est pas acquise avant le stade 2 nœuds : quelques pustules peuvent ainsi faire leur apparition sans qu’une intervention fongicide spécifique ne soit nécessaire !
► Variétés sensibles (note ≤ 6) :
- Au stade épi 1 cm : intervenir uniquement en présence de foyers actifs de rouille jaune (pustules pulvérulentes).
- Au stade 1 nœud : traiter dès l’apparition des premières pustules dans la parcelle.
Les sensibilités variétales évoluent chaque année selon les contournements observés (tableau 1). À noter qu’en Normandie, une part de la sole comprend des variétés assez résistantes à résistantes (note >= 7) : KWS Extase, Chevignon. D’autres sont peu sensibles (note de 6) : LG Absalon. Et certaines assez sensibles nécessitent une attention particulière (note de 5) : RGT Sacramento, Campesino.
Tableau 1 : Sensibilité variétale évaluée sur la campagne 2020/2021
Retrouvez la sensibilité variétale actualisée chaque année avec les fiches variétés.
S’il faut intervenir
Si une intervention est nécessaire, en T0 pour un traitement précoce, les solutions à base de triazoles (ou double triazole), à l’instar du tébuconazole, sont intéressantes et peuvent être complétées par une strobilurine (azoxystrobine, pyraclostrobine). Pour les traitements à dernière feuille étalée, les essais de 2021 mettent en avant les produits à base de benzovindiflupyr (ex. : Elatus à 0,75 l) ainsi que les associations de fenpicoxamide (ex. : Questar à 1,1 l) + metconazole (ex. : Turret 90 à 0,55 l) ou fenpicoxamide (ex. : Questar 1,1 l) + benzovindiflupyr (ex. : Elatus Plus à 0,55 l).
Pour retrouver l’efficacité d’un fongicide sur les maladies des céréales, consultez les fiches produits dédiées.
Rester vigilant aux contournements potentiels
La mise en place de la résistance est différente d’une variété à l’autre avec des contournements possibles de la rouille jaune. L’évolution des populations peut amener de nouvelles virulences et contournement de résistances, comme cela a pu être le cas en 2011 avec l’arrivée des races Warrior (Warrior 1 et Warrior (-)). Aujourd’hui, la race Warrior (-) domine le passage agricole français (figure 2) sans de grands changements sur les dernières années. À noter que la race Warrior (-) comprend des variants (quatre aujourd’hui identifiés) plus ou moins virulents. ARVALIS et INRAE analysent chaque année ces évolutions et la résistance variétale est mise à jour.
Si l’évolution des populations de rouille jaune peut faire changer les notes variétales, l’efficacité des produits, elle, n’est pas modifiée.
Figure 2 : Évolution de la fréquence des principales races de rouille jaune depuis 2011 sur blé tendre
(source INRAE Bioger)
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