Gestion des résistances aux fongicides sur céréales à paille : téléchargez la note commune INRAE / ANSES / ARVALIS 2024
Retrouvez dans cette note l’état des résistances aux fongicides utilisés pour lutter contre les maladies des céréales à paille et les recommandations pour limiter leur développement en 2024.
Septoriose du blé : les résistances progressent
Pour les blés, la fréquence de souches de septoriose dites MDR (pour Multi Drug Resistance), qui présentent une résistance croisée à plusieurs modes d’action, est en légère progression depuis 2019 : elles représentent aujourd’hui plus d'une souche sur quatre (29 %). En parallèle, l'occurrence et la fréquence des phénotypes résistants aux SDHI augmente régulièrement en France, pour atteindre 42 % en 2023 (contre 28 % en 2022). La fréquence moyenne des souches très résistantes aux SDHI (CarHR) atteint 22 % en 2023 (contre 14 % en 2022). Cette progression explique très probablement la baisse d’efficacité observée dans plusieurs essais en 2023 des spécialités à base de SDHI. La gestion de la résistance à ce mode d’action doit demeurer une priorité dans cette situation où la résistance est en cours de généralisation.
Dans un contexte d’érosion de plus en plus prononcée de l’activité au champ des triazoles d’ancienne génération, leur efficacité relative s’avère dépendante de la structure des populations de septoriose présentes localement. Leur activité reste régulièrement (mais pas systématiquement) insuffisante, y compris lorsque plusieurs triazoles sont associés entre eux.
Figure 1 : Evolution des populations de septoriose en France selon leurs phénotypes de résistance observée dans les échantillons du Réseau Performance depuis 2009
TriLR : souches faiblement résistantes au mode d’action IDM dont les triazoles sont les principaux représentants
TriMR : souches moyennement résistantes aux IDM
TriHR : souches hautement résistantes aux IDM
CarR : souches résistantes aux carboxamides – fongicides ayant un mode d’action SDHI
MDR : souches ayant une résistance croisée entre les modes d’action IDM et SDHI
FR : facteur de résistance mesuré en laboratoire
Helminthosporiose de l’orge : la résistance aux strobilurines se stabilise
Du côté des orges, la proportion de souches d’helminthosporiose résistantes aux SDHI reste très élevée (90 %) et affecte sévèrement l'efficacité de cette famille de fongicides. Quant à la résistance aux strobilurines (QoI), elle reste forte mais stable depuis 2022, à une fréquence moyenne d'environ 60 %.
Pour éviter de sélectionner davantage de souches présentant une résistance multiple, le recours à un mélange trois voies QoI+SDHI+IDM* doit être rigoureusement limité aux situations où l’helminthosporiose est très difficile à contrôler. De même, il convient de toujours associer les SDHI à des fongicides efficaces présentant d’autres modes d’action.
Rouilles des céréales : des isolats résistants aux SDHI apparaissent
Des isolats de rouilles des céréales portant des mutations associées à la résistance aux SDHI ont été identifiés depuis quelques années en France. Ces résistances semblent progresser, mais leurs impacts en pratique restent à préciser.
Pour la première fois en 2019, des isolats de rouille naine (Puccinia hordei) résistants aux SDHI avaient été détectés dans le nord de la France et le sud de l’Angleterre. Ils présentaient des facteurs de résistance faibles à modérés selon les SDHI. Depuis, des populations sont régulièrement mais ponctuellement observées dans la moitié nord de la France (deux populations en 2023).
Quelques isolats de rouille brune (P. triticina) portant des mutations liées à de faibles niveaux de résistance aux SDHI sont régulièrement observées depuis 2022 en France.
Quant à la rouille jaune (P. striiformis), une douzaine d’isolats prélevés en 2022 dans neuf départements français portaient une substitution associée à la résistance aux SDHI. Des tests sur plante sont en cours pour évaluer la résistance en pratique de cette mutation.
Concrètement, sur rouilles, il convient d’éviter de recourir aux SDHI. Préférer les associations de triazoles et de QoI. Pour rappel, la lutte contre ces agents pathogènes doit être envisagée en priorité via l’utilisation de variétés résistantes.
Sur blé comme sur orge : un seul SDHI par saison
La recommandation de limiter à une seule application par campagne l'utilisation des SDHI (y compris les traitements de semences revendiquant une action sur les maladies foliaires) est maintenue, sur orge comme sur blé. Il convient également de les associer à des partenaires efficaces pour limiter la pression de sélection vis-à-vis de ce mode d’action.
Face à la progression des résistances multiples, n’intervenir que si strictement nécessaire et maintenir si possible un fongicide multisite dans le programme.
Pour connaître l’état des résistances et les recommandations associées, maladie par maladie,
Les recommandations formulées dans cette note visent en première intention à limiter la pression de maladie en encourageant le recours à la prophylaxie, aux variétés résistantes et aux outils d’aide à la décision, pour limiter le recours aux traitements et leurs effets non-intentionnels.
(*) IDM (Inhibiteur de DéMéthylation) : famille de fongicides dont les triazoles sont les principaux représentants.
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