Fusarioses sur blé : un risque climatique élevé, à relativiser en évaluant le risque agronomique
Le stade floraison est atteint pour les semis les plus précoces, ce sera pour la semaine prochaine dans les parcelles plus tardives (semées fin novembre/début décembre). Avec les pluies orageuses actuelles, le risque climatique s’avère important pour les fusarioses de l’épi. Toutefois, il faut également évaluer le risque agronomique pour chaque parcelle, afin d’établir un diagnostic plus précis. Cette estimation permet alors de décider si un traitement est nécessaire ou non.
Des conditions climatiques favorables vis-à-vis de la fusariose des épis
La campagne 2023-2024 se caractérise par un climat doux et humide ; en cette période de floraison des blés, les pluies sont à nouveau bien présentes. Le risque climatique vis-à-vis de fusarioses prend en compte, les quantités de pluies reçues autour de la floraison des blés, sur la période des sept jours avant et sept jours après.
Tableau 1 : Somme de pluie +/- 7 jours autour de la floraison
En bleu : pluie > 40 mm ; vert : pluie 10 et 40 mm autour floraison ; gris : date de floraison plus tardive qui ne permet pas de calculer une somme de pluie avec les données météo actuelles.
(Source Météo France / ARVALIS)
→ Quel que soit le secteur géographique et les périodes de dates de semis, le risque climatique est important cette année.
Evaluer le risque agronomique à la parcelle
Le risque agronomique dépend du précédent cultural, de la technique d’implantation de la culture et de la sensibilité de la variété vis-à-vis des fusarioses des épis (figure 2). Ces différents critères permettent d’évaluer le risque agronomique de la parcelle, qui est à coupler avec le risque climatique pour évaluer le risque global et de décider ou non d’une intervention.
Tableau 2 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation de DON (déoxynyvalénol) dans le grain de blé tendre et d’aide au traitement contre les fusarioses sur épi (Fusarium graminearum)
Légende : recommandations associées à chaque niveau de risque
1 et 2 : le risque fusarioses est minimum et présage d’une bonne qualité sanitaire du grain vis-à-vis de la teneur en DON. Pas de traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses, quelles que soient les conditions climatiques.
3 : le risque peut être encore minimisé en choisissant une variété moins sensible. Traiter spécifiquement vis-à-vis des fusarioses en cas de climat humide (cumul de pluie > 40 mm pendant la période entourant la floraison).
4 et 5 : il est préférable d’implanter une variété moins sensible ou de réaliser un labour pour revenir à un niveau de risque inférieur. A défaut, effectuer un broyage le plus fin possible et une incorporation des résidus rapidement après la récolte. Pour ces deux niveaux de risque, envisager un traitement spécifique vis-à-vis des fusarioses, sauf si le climat est très sec pendant la période de floraison (cumul de pluie < 10 mm pendant les +/- 7 jours entourant la floraison).
6 et 7 : modifier le système de culture pour revenir à un niveau de risque inférieur. Labourer ou réaliser un broyage le plus fin possible des résidus de culture avec une incorporation rapidement après la récolte sont les solutions techniques les plus efficaces et qui doivent être considérées avant toute autre solution. Choisir une variété peu sensible aux fusarioses. Traiter systématiquement avec un traitement * anti-fusarium efficace.
* Traitements efficaces contre F. graminearum et F. culmorum : principalement produits à base de prothioconazole, tébuconazole ou metconazole, utilisés début floraison à une dose suffisante (60 à 80 % de la dose homologuée minimum, selon le produit utilisé). Noter que parmi les solutions efficaces contre les Fusarium spp., il existe des différences marquées d’efficacité sur Microdochium spp. Une nuance qui peut s’avérer importante certaines années.
Figure 1 : Sensibilité des variétés au DON (Fusarium graminearum) – échelle 2023-2024
Intervenir au stade début floraison pour maximiser l’efficacité
Le premier facteur d’efficacité du traitement est son positionnement : il faut être le plus proche possible du début de la floraison de la céréale (stade correspondant à la sortie des toutes premières étamines).
Par ailleurs, nos essais ont mis en évidence que le volume de pulvérisation est plus important que le choix des buses ou le recours à d’éventuels adjuvants. Aussi, il est recommandé d’intervenir avec un volume d’eau minimal de 150 l/ha.
Parmi les substances actives les plus efficaces, le prothioconazole est la seule à disposer d’une polyvalence sur les principales espèces du complexe des fusarioses. D’autres spécialités à base de tébuconazole ou de metconazole permettent également de lutter efficacement contre F. graminearum, mais présentent un intérêt limité sur les espèces du genre Microdochium.
Il faut néanmoins rappeler que les meilleures protections fongicides ne dépassent pas, en moyenne, les 50 % d’efficacité. Il est donc primordial d’agir en amont, sur l’ensemble des leviers à disposition (choix variétal et travail du sol notamment), ne serait-ce que pour contrecarrer l’effet du climat, non maîtrisable et difficilement prévisible.
- Les conditions climatiques actuelles sont favorables au développement des fusarioses sur épis.
- Le risque climatique est à coupler avec le risque agronomique de la parcelle : précédent, technique d’implantation et sensibilité variétale.
- En cas de risque, intervenir au début de la floraison des blés (début de chute des premières étamines) pour maximiser l’efficacité.
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