Blé tendre : risque maladies, où en est-on ?
L’arrivée du stade épi 1

Un stade épi 1 cm autour du 20 mars pour des semis au 20 octobre
Le début de la campagne 2024-2025 a été marqué par des semis retardés par les pluies de début à mi-octobre. Les semis ont donc principalement été réalisés à partir du 20 octobre 2024. Sur la période du 20 octobre au 16 mars, la température moyenne observée est légèrement supérieure à la « moyenne sur 20 ans » (+0,5°C à Dijon), mais loin derrière le record de chaleur de la campagne 2023/2024. On note par ailleurs des épisodes de froid fin décembre, mi-janvier et début février. La pluviométrie enregistrée sur cette période est quant à elle proche de la « moyenne sur 20 ans » mais avec des pics pluvieux enregistrés en octobre et en janvier.
Dans le contexte de cette campagne 2024-2025, on distingue trois grands types de situations vis-à-vis de l’arrivée du stade épi 1 cm.

Piétin-verse : un risque climatique faible à moyen
En cette fin d’hiver, le potentiel de risque climatique vis-à-vis du piétin-verse calculé par le modèle TOP au stade épi 1 cm est faible à moyen, bien plus bas que 2024 et 2001 (référence haute) (figure 1). Cela s’explique par des semis retardés et par le nombre important de jours de gels en janvier et février qui ont limité les contaminations.
Cependant, ce modèle n’indique qu’une potentialité climatique de développement du piétin-verse. Il est calibré en considérant que l’inoculum n’est pas limitant. La maladie s’est faite plutôt discrète ces dernières années, ne laissant que peu d’inoculum dans les parcelles et le risque piétin-verse est largement déterminé par les critères agronomiques de la parcelle. En 2024, on a pu observer un développement tardif de la maladie, peu fréquent et avec une nuisibilité faible à moyenne.
Le risque climatique TOP doit donc être complété sur le plan agronomique par la prise en compte du potentiel infectieux de la parcelle (culture précédente et travail du sol), du type de sol et du niveau de résistance variétal au piétin-verse.



Contre le piétin-verse, la résistance variétale est un levier agronomique incontournable ! En plus d’être le plus efficace, c’est le moyen de lutte le plus économique à potentiel de rendement équivalent. Si la note CTPS de la variété est supérieure ou égale à 5, aucune intervention sur cette maladie n’est nécessaire (ex. : Intensity, LG Absalon, KWS Ultim, RGT Montecarlo…).


Rouille jaune : un risque actuellement très limité
La sensibilité variétale est un élément prépondérant dans l’estimation du risque relatif à la rouille jaune. Or, une grande majorité de variétés cultivées sont peu sensibles (note de 7 et plus : Chevignon, KWS Extase, Intensity, KWS Ultim, Thermidor…), et ne présentent donc aucun risque avant le stade deux noeuds. Pour les variétés sensibles (note inférieure ou égale à 6), l’analyse de risque débute à partir du stade épi 1cm. A ce stade, un traitement est possible si présence uniquement de foyers actifs (pustules pulvérulentes). Surveiller en priorité Prestance, Complice et RGT Lookeo par exemple.

Le modèle ARVALIS Crusty prend en compte la date de semis, la sensibilité variétale et de nombreuses variables climatiques pour estimer la probabilité d’apparition de la rouille jaune. Au 23 mars 2025, le modèle indiquait un risque d’apparition de la rouille jaune faible pour les variétés peu sensibles, mais aussi pour les variétés sensibles.
En effet, la rouille jaune s'est faite plutôt discrète pendant la campagne 2024 et le niveau d'inoculum initial de la campagne 2025 était sans doute relativement faible. En outre, même si les conditions douces et humides d’octobre et novembre ont été favorables au développement de la maladie, les périodes de gel en janvier et février ont freiné le niveau de risque.
Cependant, la vigilance reste de mise, et les conditions climatiques dans le mois à venir seront déterminantes : il ne faut pas hésiter à aller observer les parcelles, avec la remontée des températures, sur les variétés les plus sensibles.

Septoriose : les conditions climatiques futures seront déterminantes
Le niveau d’inoculum de septoriose, estimé par le modèle Septo-LIS®, est à ce jour plus limité que les deux dernières campagnes. Cela s’explique par un plus faible nombre de contaminations hivernales en lien avec des températures moyennes particulièrement basses en janvier et février.
Pour autant, ce sont les conditions climatiques rencontrées à partir de maintenant pour les régions les plus avancées en stades qui aboutiront à un scénario d’attaque précoce ou non, l’inoculum septoriose étant rarement limitant. Les conditions climatiques entre le stade 2 nœuds (au moment où la F2 définitive pointe) et la floraison sont déterminantes sur la nuisibilité finale de cette maladie.
Comme pour les autres maladies, des différences de sensibilités variétales existent. On notera que suite à la campagne 2023/2024 (forte pression septoriose), les cotations variétales ont été mises à jour. Ainsi, les variétés Celebrity et Complice ont vu leur note baisser respectivement de 6,5 à 5 et de 6 à 5,5.
Les notes des variétés Chevignon et Intensity ont également été réduites de 7 à 6,5.

Pour rappel, sur septoriose, l’impasse du premier traitement à 2 nœuds devient la règle sur les variétés avec une note septoriose ≥ 6,5 (tableau 3) comme sur LG Absalon, Prestance, Junior, Thermidor ou KWS Sphere. En situation à risque de développement précoce de septoriose, on préfèrera recourir à ces variétés pour éviter un traitement.

Seules les situations où Septo-LIS® indique un développement précoce de septoriose sur des variétés sensibles avec une note < 6,5 comme Complice, Celebrity, Kws Ultim, Unik ou Sy Admiration nécessitent un premier traitement. Dans ces situations, on préconise d’utiliser des produits de biocontrôle à base de soufre ou soufre + phosphonate, soit seuls, soit en association avec une triazole.

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