Blé tendre : observer et surveiller la rouille jaune
Des parcelles de blé tendre d’hiver présentent actuellement des symptômes de rouille jaune, surtout en Ile-de-France et au nord du Centre-Val de Loire, plus ponctuellement en Auvergne. Surveiller de près les variétés très sensibles et assez sensibles.
Rouille jaune : comment l’identifier ?
Cette maladie se caractérise par des pustules jaunes, parfois orangées, de petite taille et alignées entre les nervures sous forme de stries (signe caractéristique la différenciant de la rouille brune). Parfois, et en particulier après de fortes pluies, seules des taches chlorotiques, allongées toujours dans le sens des nervures des feuilles, sont observables. Les pustules réapparaîtront après incubation.
A l'échelle de la parcelle, la rouille jaune est visible en premier lieu sur quelques plantes, puis sous forme de foyers nettement délimités qui progressent en taille au fil des jours et selon les conditions climatiques. En cas de climat très favorable, comme en 2014, l’ensemble de la parcelle peut se retrouver infestée.
Tous les organes, des feuilles aux épis, en passant par les gaines et les tiges, peuvent être touchés par la rouille jaune en cas de fortes attaques.
A un stade avancé, les stries jaunes cèdent la place à des pustules noires, les téleutosores (initiation de la phase de reproduction sexuée – phase non trouvée en France).
Pustules jaunes alignées entre les nervures jusqu’à dessiner des stries (à gauche) et foyer actif de rouille jaune (à droite).
Quel risque en 2022 ?
La rouille jaune se conserve essentiellement sur les repousses de céréales. Les conditions pluvieuses de l’été 2021 ont permis à l’inoculum primaire de se maintenir. Puis la douceur hivernale a été favorable à la maladie. Malgré l’épisode brutal de froid de début avril, qui a mis un coup d’arrêt à son développement, les conditions climatiques actuelles lui sont de nouveau favorables.
Le modèle Crustyello (ou CRUSTY), mis au point par ARVALIS, permet d’estimer la probabilité d’apparition de la rouille jaune. Il prend en compte la date de semis, la sensibilité variétale et de nombreuses variables climatiques. D’après ce modèle, les secteurs nord des régions Ile-de-France et Centre-Val de Loire sont concernés par un risque élevé. Le reste de la région est en alerte.
Figure 1 : Comparaison du risque rouille jaune estimé par le modèle CRUSTY, entre les campagnes 2014, 2021 et 2022, pour la semaine 15 (du 11 au 17 avril), avec une variété sensible (note de 4) à la rouille jaune
La surveillance des parcelles est de mise, avec une priorité aux variétés sensibles
La résistance variétale est le principal levier de lutte contre la rouille jaune. Cependant, chaque année, les races présentes sur le territoire national évoluent, laissant ainsi l’occasion à la maladie de contourner, parfois très rapidement, ces résistances. Ces contournements étant difficilement prévisibles, il faut rester vigilant et surveiller les parcelles par des contrôles réguliers. Il faut ainsi prioriser les observations fréquentes sur les parcelles avec des variétés sensibles et moyennement sensibles ; tout en vérifiant que les plus résistantes ne présentent pas de rouille jaune. Les suspicions de contournement sont généralement évoquées dans les Bulletins de Santé du Végétal.
En cas de doute, il est préférable de visiter la parcelle pour s’assurer de l’absence ou de la présence de symptômes.
Figure 2 :Échelle de résistance des variétés de blé tendre à la rouille jaune
Figure 3 : Échelle de résistance des variétés de blé dur à la rouille jaune
Quand intervenir, si la rouille jaune est présente ?
Rappels des seuils d’intervention
Le seuil d’intervention dépend de la sensibilité variétale à la rouille jaune.
- Pour les variétés sensibles à moyennement sensibles (note ≤ 6), il est conseillé d’intervenir dès le stade épi 1 cm si des foyers actifs sont observés. A partir du stade 1 nœud, l’intervention doit se faire dès l’apparition des premières pustules dans la parcelle.
- Pour les variétés résistantes (note > 6), avant le stade 2 nœuds, il est conseillé de ne pas intervenir. Après le stade 2 nœuds, il faut traiter dès l’apparition des premières pustules dans la parcelle.
Remarque : les variétés notées 8 et 9 ne présentent généralement pas de symptômes, tout au plus quelques stries. Elles ne justifient aucun traitement contre la maladie, même en cas de forte épidémie.
Quels produits utiliser ?
La lutte chimique contre la rouille jaune est à raisonner selon le niveau de résistance variétale à la maladie et la pression septoriose.
Ainsi, en cas de rouille jaune et si une intervention septoriose était prévue, il est indispensable de s’assurer que le programme envisagé protège également les blés contre la rouille jaune. Dans le cas contraire, une adaptation du programme est nécessaire.
Si une intervention précoce est requise, les produits à base de triazole apportent une efficacité satisfaisante (tébuconazole, metconazole et cyproconazole). Il est préférable de positionner les strobilurines au stade dernière feuille étalée, en particulier cette année où le risque rouille brune s'annonce élevé.
Figure 4 : Adaptation du programme septoriose en cas de rouille jaune
Retrouvez toutes nos préconisations dans le guide régional Choisir & Décider – blé tendre – interventions de printemps 2022.
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