Blé dur : quel risque verse cette année ?
Déjà le stade épi 1
Des risques variables selon le stade du blé dur
Dans notre région, les semis de blé dur ont été retardé du fait des pluies de cet automne et se sont étalés jusqu’à début mars. Cet automne et cet hiver, encore très doux, ont cumulé des températures nettement supérieures à la moyenne pluriannuelle. Conséquences : un avancement rapide des stades, conduisant actuellement à des parcelles de blé dur à épi 1 cm pour les plus précoces et au stade levée pour les tous derniers semis.
A noter que pour les parcelles les plus précoces ayant déjà dépassé le stade épi 1 cm, les conditions météorologiques actuelles (faible rayonnement, pluies continues et pas de carence induite en azote) sont très favorables à l’augmentation du risque de verse, en lien avec une élongation des entre-nœuds accentuée.
Sans oublier que le blé dur présente une prédisposition génétique à la verse : c’est donc un sujet d’autant plus fondamental pour cette espèce en raison des impacts sur le rendement mais aussi la qualité du grain particulièrement importante (augmentation de la moucheture et du mitadinage, dégradation de la qualité sanitaire, etc.). Il est donc indispensable d'estimer le risque de verse des parcelles afin d’établir une stratégie de régulation adaptée et d’éviter les traitements inutiles.
Evaluer le risque verse avant toute intervention
Des outils d’aide à la décision, comme Farmstar®, permettent d’évaluer ce risque en cours de campagne. A défaut d’accès à un OAD, utiliser la grille de risque régionale proposée par ARVALIS, qui hiérarchise les facteurs de prédispositions principaux, à savoir :
- La résistance variétale caractérisée par la note de sensibilité à la verse propre à chaque variété.
RGT Voilur se comporte très bien vis-à-vis de la verse, avec un haut niveau de tolérance. Parmi les variétés récentes, RGT Belalur, suivie de près par Canaillou, ont des comportements corrects face à la verse. Quant à Rocaillou et RGT Kapsur, elles sont assez sensibles à la verse avec une note identique à celle d’Anvergur (5).
Figure 1 : Classement des variétés de blé dur par rapport à la tolérance à la verse
- L’état de la biomasse et ses facteurs de maintien (type de sol, nutrition azotée).
Figure 2 : Grille régionale d’évaluation du risque verse blé dur en Centre-Val de Loire et Ile-de-France
Le résultat de cette évaluation initiale est à combiner avec les conditions climatiques de début montaison :
- Si les conditions de fin-mars / début avril sont chaudes, sèches avec de forts rayonnements, diminuer d’une classe le risque évalué fin tallage avec la grille.
- Inversement, en cas de printemps favorable à la verse (faible rayonnement, fort cumul de pluies), augmenter d’une classe le risque.
Adapter la stratégie au niveau de risque !
Les régulateurs de croissance n’ont d’intérêt que si le risque verse est réel. Ils agissent sur l’élongation des cellules de la tige, pour aboutir à des entre-nœuds plus courts ou à des parois plus épaisses, et donc, à des tiges plus solides. L’application d’un régulateur se décide donc en fonction de la note de risque obtenue à l’aide de la grille de risque.
Selon le cahier des charges de l’exploitation, certains régulateurs peuvent être interdits. Se renseigner auprès du collecteur.
Figure 3 : Proposition de programmes de régulation Centre-Val de Loire et Île-de-France
Intervenir dans des bonnes conditions pour une efficacité optimale
Pour accroître l’efficacité et limiter la phytotoxicité, les applications sont à réaliser sur des cultures en bon état (indemnes de viroses, alimentées correctement en eau et azote) et dans des conditions climatiques favorables : temps poussant, lumineux et sans forte amplitude thermique (écarts inférieurs à 15 à 20°C). En effet, les régulateurs agissent sur l’élongation des cellules de la tige, pour aboutir à des entre-nœuds plus courts ou à des parois plus épaisses. Si le temps n’est pas poussant, le régulateur agit sur une élongation qui n’aurait, de toute façon, pas lieu et n’aura donc que peu d’efficacité. Il est nécessaire de tenir compte des conditions climatiques le jour de l’application mais aussi durant les trois à cinq jours suivants celle-ci.
Tableau 1 : Conditions optimales de températures habituellement admises pour les principaux régulateurs
Exemple de lecture : Pour une application à base de chlorméquat de chlorure, il faut que la température minimale enregistrée le jour du traitement soit supérieure à –1°C et qu’elle atteigne au moins +10°C. Dans les trois jours suivants, une température moyenne supérieure à 10°C est favorable, sans dépasser une température maximale de 20°C.
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