Blé dur : prévoir un apport d’azote à tallage en sols très superficiels

Malgré des pluies plus importantes que d’habitude, la lixiviation importante de l’azote n’est observable que pour des pluies cumulées supérieures à 350 mm du 1^er octobre au 1^er mars, ce qui est uniquement le cas dans l’ouest du Gers cette année. Néanmoins, l’azote migre progressivement dans les horizons profonds à mesure que le cumul de pluies augmente.

Ainsi, les sols superficiels et très superficiels sont désavantagés et des phénomènes de lixiviation peuvent s’observer plus rapidement : ces types de sols sont donc plus en difficulté car le disponible en azote en sortie d’hiver est réduit dans les zones où le cumul de pluies a été important (> à 200 mm).

La douceur générale, avant l’arrivée de la vague de froid actuelle, a permis de maintenir une minéralisation active sur le premier horizon, ce qui limite les effets de manque d’azote, même en sols superficiels. Ces sols sont donc plus à risque mais pas en danger pour le moment. Il nécessiteront très probablement 30 unités d’azote avant le stade épi 1 cm, soit par un apport spécifique, soit par une anticipation de l’apport à épi 1 cm de 15 à 20 jours (ce qui est préférable d’un point de vue de la valorisation de l’engrais).

Des situations variables selon la date de semis

Les stades sont très étalés en fonction des dates de semis.

Aujourd’hui, seuls les semis de fin octobre sont très développés et en plein tallage. Les semis de début et mi-novembre commencent juste leur tallage, pour lesquels il n’y a pas d’urgence en terme d’alimentation azotée.

Les semis de décembre et janvier sont, quant à eux, encore très loin du stade tallage : la question de la fertilisation azotée se posera plus tard, autour de mi-février.

Tableau 1 : Prévisions de stades du blé dur à En Crambade (84)

En résumé

Pour les semis de fin octobre à mi-novembre, voici les conseils d’azote au tallage :

• Impasse dans de nombreuses situations (sols moyens et sols profonds),
• Anticipation de 15 à 20 jours de l’apport au stade épi 1 cm dans les sols superficiels (profondeur < 50 cm) ou apport de 30 kg N/ha si la situation semble plus critique (dans l’ouest du Gers, dans l’ouest et le nord du Tarn, dans les parcelles où une zone de double densité de semis jaunit, sol très superficiel, précédent avec un très bon rendement sans azote : exemple d’un tournesol à 35 q/ha sans azote).

Tableau 2 : Préconisation d’apport d’azote au stade tallage pour les semis de fin octobre et mi-novembre

Pour les semis plus tardifs, de fin novembre à récemment, attendre le mois de février avant de raisonner ses apports.

Pour rappel : l’impasse de l’azote au tallage peut vous permettre d’économiser de l’azote sans impact sur le rendement et la qualité, ou au contraire, d’améliorer le potentiel et la qualité en reportant la dose prévue sur les autres apports.

Climat : des cumuls de pluie importants à l’ouest de la région

L’automne a été très pluvieux avec un gradient Est-Ouest. Le département de l’Aude fait exception, avec un cumul de pluies du 1^er octobre 2023 au 7 janvier 2024 déficitaire par rapport à la normale (0 à -80 %). La Haute-Garonne est proche de la normale, l’ouest de la Haute-Garonne et le Gers sont excédentaires (+20 à +60 %) et tous les départements à l’ouest, notamment en Aquitaine, sont exceptionnellement pluvieux (+60 à +200 %).

Cartes 1 et 2 : Cumul des pluies en mm (à gauche) et écart à la pluie médiane en % (à droite) du 1^er octobre 2023 au 7 janvier 2024

Tableau 1 : Cumuls de pluie du 1^er octobre 2023 au 7 janvier 2024 par station météo