Fertilisation : bien diagnostiquer une carence
Le diagnostic d’une carence est une tâche complexe. En effet, si les symptômes de carence sont spécifiques pour chaque élément, ils peuvent être confondus ou masqués par d’autres facteurs. C’est pourquoi il est primordial d'observer précisément et méthodiquement la parcelle et les plantes afin de bien identifier la cause des symptômes observés.
Une multitude de facteurs est susceptible d’affecter le développement d’une plante : attaques de ravageurs, maladies, accident climatique, phytotoxicité, adventices… Parmi ceux-ci, la carence en éléments nutritifs peut dans certains cas provoquer d’importantes chutes de rendement. Le diagnostic d’une carence est un exercice difficile. Il convient d’adopter une démarche rigoureuse qui implique d’abord d’envisager toutes les hypothèses possibles sans tirer de conclusion hâtive.
Observer la forme des zones affectées dans la parcelle
Les carences se manifestent généralement par des symptômes en foyers ou taches irrégulières de plus ou moins grande taille, répartis au hasard dans la parcelle. Toutefois pour certaines carences comme le manganèse, les symptômes peuvent être en lien avec les pratiques culturales (passages de roues). Cependant, la répartition des symptômes en foyer n’est pas spécifique des carences. Elle peut également être due à des ravageurs par exemple. À l’inverse, si les symptômes affectent toute la parcelle, il s’agit plus probablement d’un accident climatique ou d’une phytotoxicité. Dans cette hypothèse, il convient d’analyser le climat des jours précédents et de répertorier les derniers produits phytosanitaires utilisés sur la parcelle pour déterminer la cause des symptômes.
Connaître les facteurs de risque liés au sol
L’examen d’une analyse de terre de la parcelle peut, dans un premier temps, aider à identifier l’élément en cause. Pour la plupart des éléments nutritifs, il existe des normes assez précises d’interprétation de la teneur de l’élément dans le sol, à condition que la méthode de dosage ait été référencée sur des essais au champ. La teneur est souvent interprétée en lien avec d’autres caractéristiques du sol (pH, teneur en matière organique…) qui influent sur la disponibilité des éléments. Le pH élevé dans le cas de sols calcaires ou des sols acides abondamment chaulés accroit le risque de carence en manganèse, cuivre, zinc, bore, et le risque de carence en molybdène lorsqu’il est trop faible. La teneur en matière organique élevée a aussi tendance à accroître le risque de carence notamment en cuivre.
Mais la prise en considération de l’analyse de terre n’est parfois pas suffisante. En effet, si les symptômes visuels observés correspondent à une carence, la cause n’est pas forcément liée à une quantité insuffisante de l’élément minéral dans le sol. En effet, un mauvais développement racinaire lié à une structure dégradée par compactage, peut induire ou renforcer une carence du fait d’une capacité d’absorption réduite de la plante en éléments nutritifs. Les conditions d’oxydo-réduction liées à l’état d’aération du sol influent également sur la disponibilité de certains oligo-éléments comme le manganèse. A titre d’exemple, une carence en manganèse peut être due à un sol trop aéré dans lequel il est sous sa forme oxydée. Or sous cette forme, le manganèse est très peu soluble et donc indisponible pour les plantes. Par conséquent, pour réaliser un diagnostic de carence complet, il est primordial de réaliser un profil cultural rapide sur les zones atteintes et les zones saines.
Le climat joue également un rôle important pour certaines carences. Par exemple, de fortes pluies en hiver favorisent le lessivage de l'azote et du soufre. En l'absence d'une fertilisation adéquate des carences en soufre et/ou en azote peuvent survenir.
Examiner l’état sanitaire de la plante
Avant de conclure à une carence, examinez l’état sanitaire de la plante. Les symptômes observés peuvent être liés à des attaques de ravageurs ou des maladies. Si l’hypothèse d’une carence est confirmée, il convient de déterminer l’élément nutritif en cause. Pour cela, une observation précise des organes touchés et de la nature des symptômes s’impose.
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