Azote sur blé : l’apport au tallage loin d’être systématique
La météo est favorable aux interventions dans les parcelles et quelques pluies sont annoncées en fin de semaine. Est-ce l’occasion de positionner le premier apport d’azote au tallage du blé ? Une question qui mérite un raisonnement affiné, pour cet apport souvent mal valorisé et dont l’impasse est possible sous condition.
L’apport d’azote au stade tallage contribue à assurer un nombre optimal d’épis/m² en augmentant la capacité des talles à monter à épi. Par contre, il ne permet pas de compenser un défaut de plantes ou un déficit du nombre de talles.
Dans l’idéal, la décision de réaliser une impasse ou pas de l’apport au tallage se fera sur la base d’un reliquat réel mesuré dans la parcelle, et/ou par l’utilisation d’un outil d’aide à la décision certifié.
Dans le contexte de l’année, les cumuls de pluies automnale et hivernale sont proches de la moyenne ou légèrement déficitaires (cartes 1 et 2). Dans ces conditions, il est possible de s’attendre à des valeurs de reliquats proches de la moyenne, voir un peu plus élevées dans les secteurs les moins arrosés. Cependant, cette valeur dépend également du bilan de la culture précédente, du type de sol, de la minéralisation et de l’azote déjà absorbé par la culture.
Carte 1 : Ecart de précipitations (en mm) à la moyenne sur 20 ans (2001-2020) sur la période du 1er septembre 2021 au 31 janvier 2022
Carte 2 : Cumuls de précipitations (en mm) sur la période du 1er septembre 2021 au 31 janvier 2022
À noter que le raisonnement concernant le soufre (également très mobile dans le sol) est proche de celui de l’azote.
Trois cas possibles
Cas des premiers apports réalisés avec des engrais binaires ou ternaires, et où l’impasse azotée serait possible :
Le premier apport est difficile à supprimer. Il est possible d’envisager un apport minime permettant de limiter la dose d’azote tout en apportant les quantités suffisantes concernant les autres éléments. Une dose limitée à 40 kg N/ha d’azote semble être un bon compromis dans cette situation.
Cas de premiers apports réalisés avec des engrais uniquement à base d’azote :
L’impasse est techniquement possible et peut être envisagée si la culture est bien implantée et dans l’une des situations suivantes :
- Reliquat dans les deux premiers horizons (0-60 cm) supérieurs à 60 unités ;
- Précédent riche en azote (légumineuse) ou fertilisation importante du précédent ;
- Apport récent de matière organique ;
- Sols profonds à bonne minéralisation.
Dans les autres cas :
Les impasses de l’apport à tallage sont rarement justifiées dans les situations suivantes : mauvaise qualité d’implantation de la culture, sols (très) superficiels, précédents peu riches en azote (tournesol ou colza à bons rendements), développement faible des cultures… Dans ces cas, l’apport devra être limité à 40 à 60 kg N/ha (quantité cohérente avec les besoins actuels de la plante).
Quel risque à trop en mettre ?
Un apport trop conséquent ou non justifié est souvent préjudiciable : augmentation du risque de verse, de maladies, mauvaise valorisation par la plante. Bien qu’une carence puisse limiter le rendement, à l’inverse, l’azote n’accélère ni l’émission des feuilles ni celle des talles ! Il ne compensera en aucun cas un défaut de plantes ou un déficit du nombre de talles liés à de mauvaises conditions de semis.
À quelle date positionner l’apport ?
En ce qui concerne la date d’apport, privilégier des conditions favorables à la valorisation (au moins 15 mm de pluie annoncés dans les 15 jours). Si l’apport à tallage est techniquement justifié, le positionner le plus tôt possible est préférable, tout en respectant la réglementation en vigueur en Zone Vulnérable.
Pour les parcelles ayant une problématique d’adventices, il est indispensable de désherber avant d’intervenir (si l’état de résistance des ray-grass et vulpins le permet).
La décision de réaliser ou non un apport peut s’appuyer sur la méthode des bandes à « double densité » : la non décoloration d’une bande de 20 ou 30 m semée à double densité signifie qu’il n’y a pas de carence et que l’impasse est possible avec un report de la dose correspondante sur le deuxième et le troisième apport. Il s’agit d’un outil facile à mettre en place à condition d’y penser dès le semis.
Concernant les pratiques de fertilisation azotée dans leur ensemble, penser à consulter la réglementation en vigueur sur la zone concernée.
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