Stockage des céréales - Troisième palier de ventilation : abaisser la température des grains à 5°C
Profitez des températures nocturnes hivernales pour conduire le troisième palier de ventilation et bénéficier de son effet insecticide.
La ventilation de refroidissement à l’air ambiant permet de préserver le grain stocké d’une dégradation de ses qualités sanitaire et technologique. Elle consiste à insuffler de l’air ayant une température inférieure de 7 à 10°C à celle du grain stocké, ce qui permet entre autres d’inhiber le développement des insectes et donc de limiter le recours aux insecticides. Cette différence de températures est souvent présente la nuit. Afin de contrôler la température du grain, l’utilisation d’une silothermométrie fixe ou mobile est indispensable.
Profiter de l’hiver pour atteindre le troisième palier
Du fait de cet écart limité (7 à 10°C), permettant d'éviter l'apparition de condensation, et des températures saisonnières décroissantes entre la récolte et l’hiver, il est nécessaire de conduire progressivement la ventilation en trois paliers successifs avec un objectif de température de plus en plus bas (20°C, 12°C et 5°C).
Le premier palier est conduit dès la récolte avec un objectif de 20°C. A cette température, les pertes de matière sèche par respirations sont limitées et le grain est protégé des moisissures.
Au cours de l'automne, les températures nocturnes plus fraîches permettent de réaliser le deuxième palier de ventilation avec comme objectif 12°C ou moins. Ces températures dissuadent les insectes de coloniser le stock et stoppent leur reproduction. Ce palier doit impérativement être réalisé entre septembre et novembre pour ne pas avoir, par la suite, une trop grande différence de température entre le grain et l’air ventilé, au risque de voir apparaître un phénomène de condensation à l’origine du développement de moisissures.
En hiver, lorsque les températures le permettent, le troisième palier de ventilation s’attache à descendre la température des grains à 5°C ou moins. Une exposition prolongée à moins de 5°C peut présenter un effet insecticide sur les adultes et les larves (figure 1). Seuls le charançon des grains et le petit silvain plat, que ce soit leurs formes juvéniles ou adultes, peuvent survivre à une exposition durant 3 mois à une température de 5°C. Pour un effet insecticide plus complet, il faut viser une température de 0°C. Mais même à cette température, les adultes de petit silvain plat peuvent survivre.
Figure 1 : Durées d’exposition (jours) nécessaire pour obtenir une mortalité supérieure à 95 %, avec un risque d’erreur de 5 %
La rapidité de réalisation de chacun de ces trois paliers sera déterminée par le climat, qui conditionne la fenêtre climatique exploitable. Pour une même installation, la durée du 3e palier sera plus importante que pour le 2e palier, lui-même plus long que le 1er palier.
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Une ventilation possible par temps humide
Pour rappel, il est tout à fait possible de ventiler par temps humide avec un système de ventilation par soufflage (différent d’un système de ventilation par aspiration), si cela reste ponctuel. En effet, les échanges thermiques entre l’air et le grain sont 30 fois plus rapides que les échanges d’humidité. De plus, l’air pulsé par le ventilateur est mis en pression ce qui entraîne une augmentation de température (généralement 3 à 5°C, voire jusqu’à 10°C pour des silos de grande hauteur) abaissant par la même occasion son hygrométrie à un niveau sans conséquence pour la masse de grain traversée. Pour un réchauffement de 5°C, il est donc recommandé de lancer la ventilation lorsque l’écart de température entre le grain et l’air extérieur avoisine 12-15°C. Déduction faite du réchauffement, l’écart final effectif sera donc bien de 7-10°C.
Le pilotage de la ventilation par thermostat permet d’automatiser le fonctionnement du ventilateur et de profiter pleinement de toutes les heures propices à la ventilation. En évitant de ventiler inefficacement, ce pilotage peut permettre de diviser par deux la facture énergétique.
Pour le troisième palier de ventilation, un essai mené par ARVALIS a démontré que l’automatisation de la ventilation permet d’atteindre l’objectif de température un mois plus tôt, grâce à un refroidissement cinq fois plus rapide qu’avec une conduite manuelle.
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