Identifier des variétés de blé qui résistent mieux aux aléas climatiques de fin de cycle
Le projet Phèdre, qui s’intéresse aux effets variétaux sur la dynamique de remplissage du grain de blé tendre et aux interactions du climat sur le PMG final, livre ses premiers résultats. Ces données pourraient permettre d’améliorer les préconisations variétales et les modèles de culture, notamment dans des conditions climatiques extrêmes. Explications avec Jean-Charles Deswarte, spécialiste écophysiologie du blé chez ARVALIS.
La maturité physiologique d’un blé tendre, c’est-à-dire le moment où les grains cessent de se remplir, est généralement atteinte 780 degrés-jours (°j) après l’épiaison. Mais cette valeur théorique et moyenne ne tient compte ni de l’effet de l’environnement (stress hydrique ou azoté), ni de l’effet de la génétique, ni des interactions entre ces deux facteurs.
Au travers du projet FSOV Phèdre(*), ARVALIS a tenté d’objectiver l’effet de l’environnement en modélisant, à variété constante, les dynamiques du poids des grains pendant la phase de remplissages. Dans certaines situations, le remplissage s’arrête un peu avant 700°j post-épiaison ; dans d’autres, il faut atteindre 850°j. Ce différentiel causé par des effets environnementaux (sécheresse, chaleur, rayonnement) correspond quasiment à une semaine de durée de croissance.
Pas de corrélation forte entre sénescence des feuilles et remplissage des grains
De même, en étudiant le facteur variétal, à environnement constant, on constate des différences sur la durée du remplissage des grains. Mais ce type de mesures est très fastidieux à réaliser, donc on tente de l’approcher à travers une observation fine du feuillage. Sur les 30 variétés modernes étudiées, on peut distinguer des dynamiques de sénescence très différentes. Les unes ont des sénescences précoces et rapides, les autres, précoces et lentes. Ce classement tend à se maintenir à travers des environnements contrastés. Cependant, aucune corrélation génétique forte entre sénescence et remplissage n’a été mise en évidence jusqu’à maintenant. Il semble donc encore prématuré de caractériser la dynamique des grains via celle du feuillage.
Plusieurs sites d’essais pour discriminer les variétés
En 2022, nous avons suivi le remplissage des grains et la sénescence de 6 variétés sur trois sites d’essais, à Pusignan (69), Villers-Saint-Christophe (02) et Thizay (36). Les résultats sont en cours d’analyse, mais vu les conditions extrêmes de l’année, ils devraient apporter des éléments intéressants. A Pusignan, les rendements finaux varient du simple au double entre une situation pluviale et irriguée et les dynamiques de remplissage n’ont rien à voir.
En 2023, ces essais sont reconduits sur quatre sites en France (les trois sites de 2022 auxquels s’ajoute Villiers-le-Bâcle [91]) pour mieux cerner ces différences.
* : le projet PHEDRE (PHEnotypage de la Durée de REmplissage des grains) est financé par le Fonds de Soutien à l’Obtention Végétale pour la période 2020-2025 ; il regroupe ARVALIS, l’Inrae, Asur Plant Breeding, BASF, DSV, KWS-Momont, Lemaire-Deffontaines, Lidea, Limagrain, Secobra Recherches, Unisigma.